Last christmas – Paul Feig – 2019

22. Last christmas - Paul Feig - 2019Cœur infidèle.

   3.0   Hormis si on adore Noël, les (télé)films de Noël, les rom’com, George Michael (le film use de nombreux de ses morceaux et le récit revisite littéralement les paroles de de sa chanson éponyme), Emilia Clarke (en lutin) et les twists à la mords-moi-le-nœud, je vois pas trop ce qui peut amuser là-dedans. Moi je regardais ça uniquement parce qu’il y avait le créateur de Freaks & Geeks et réalisateur de Bridesmaids à la barre. Mais il ne reste malheureusement pas grand-chose de Paul Feig là-dedans, il y a surtout l’écriture d’Emma Thompson. Quelques vannes, un petit côté disons plus trashouille que la moyenne des films du genre, mais ça n’enlève pas ce discours moralisateur, ce rythme mollasson et cette bouillie de bons sentiments dégoulinants renforcés par une musique sirupeuse du plus bel effet.

Sans rires – Mathieu Amalric – 1991

24. Sans rires - Mathieu Amalric - 1991Vingt-quatre heures de la vie d’un ancien clown.

   4.0   Un vieil homme – jadis clown dont le cirque fut vendu en son absence pour subvenir aux soins de sa femme — revient dans son quartier pour les obsèques de son épouse, qu’il avait quittée des années auparavant. L’occasion de retrouvailles variées. Il s’agit pour Amalric de filmer Ménilmontant, celui d’une quincaillerie ou d’un café. Ça manque un peu de la vie dehors, même s’il capte un peu des sons de la rue, sur la fin. Anecdote : Le film est sélectionné au festival Premiers plans d’Angers, durant lequel Amalric fera la rencontre de Desplechin, venu y présenter La vie des morts. Il auditionnera pour La Sentinelle dans le rôle finalement échu à Salinger, avant l’aventure Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle)…

Paradise city – Chuck Russell – 2023

25. Paradise city - Chuck Russell - 2023Les friches d’un cauchemar.

   0.5   J’ai beaucoup de sympathie pour Chuck Russell. Parce que The Blob, Freddy 3 et The Mask. Mais ça là, ce machin improbable réunissant John Travolta, Bruce Willis et Stephen Dorff en 2023, franchement c’est l’un des trucs les plus nuls, laids, débiles et vulgaires qu’il m’ait été donné de voir.

Un homme en colère (Wrath of man) – Guy Ritchie – 2021

?????????????????Jason convoi tatane.

   4.0   Il y a une quinzaine d’années je m’étais juré de ne plus jamais voir de films de Guy Ritchie. Je venais d’en voir deux, très réputés (Arnaques, crimes et botanique & Snatch, pour ne pas les citer) et c’était pour moi deux des pires trucs vus dans ma vie. J’aurais tenu quinze ans. Un passage télé d’un remake américain du Convoyeur, de Nicolas Boukhrief (film que j’aime beaucoup) réalisé par Guy Ritchie, là soudainement, ça m’intriguait beaucoup. Je risquais pas grand-chose, au pire (et comme je l’imaginais) c’était irregardable et je zappais. Et ce fut tout à fait regardable. C’est évidemment nettement moins intéressant que l’original mais ça a la bonne idée d’en garder un semblant de trame pour en faire une relecture totale. Mais ça reste un film de gros bourrin hollywoodien, beaucoup trop long, beaucoup trop écrit, aussi imaginatif que le jeu de son acteur-endive principal.

NB : Mon blog me rappelle que j’ai vu Arnaques, crimes et botanique en 2016. Dix ans après m’être coltiné Snatch. Guy Ritchie aura au moins ce talent-là : j’oublie systématiquement quand je vois ces films. Suite au prochain épisode, en 2030 ?

Peter & Elliott le dragon (Pete’s dragon) – David Lowery – 2016

16. Peter & Elliott le dragon - Pete's dragon - David Lowery - 2016Friendship story.

   6.0   Les auto-remakes Disney moins j’en vois mieux je me porte. Si j’ai accepté de me poser devant icelui c’est d’abord car je ne suis pas du tout attaché au film original : je l’ai vu étant gamin, bien entendu, mais je n’en garde pas de bons souvenirs. C’est ensuite par simple curiosité de voir David Lowery à la barre. Il faut en effet savoir que Lowery fera A ghost story dans la foulée. Difficile de voir une relation entre ces deux films sinon qu’ils sont à mes yeux aussi casse-gueule que miraculeusement réussis, émouvants. J’ai donc aimé le film Peter & Eliott le dragon, oui. J’ai vibré pour cette amitié entre un petit orphelin et un dragon. J’apprécie ce que Lowery fait de la forêt. Bien sûr c’est hollywoodien dans la forme, enrobé par une musique sirupeuse omniprésente, mais l’alchimie fonctionne, peut-être pas de façon hyper opératique comme dans un Spielberg, mais l’idée est là : E.T. est partout dans ce film, dans la forêt, cette amitié, la cruauté du monde des adultes, la problématique familiale, jusqu’aux vélos des enfants à la toute fin, comme un dernier clin d’œil, sans utilité dans le récit. Absolument partout, sans que ce soit envahissant non plus. Car on pense aussi à L’histoire sans fin, à cause de ce dragon vert et poilu, aux traits canins, qui rappellent de loin Falkor. C’est un super film familial, en définitive.

Les Compagnons de la marguerite – Jean-Pierre Mocky – 1967

11. Les Compagnons de la marguerite - Jean-Pierre Mocky - 1967Chat perché.

   7.5   Matouzec est restaurateur de manuscrits anciens à la Bibliothèque nationale. Il se découvre bien vite un talent de faussaire et se plait à falsifier des documents d’état civil. Il fonde une société secrète permettant à des couples malheureux – le sien compris – de faire disparaitre les preuves de leurs mariages. Bref c’est totalement du Mocky dans le texte et à l’image c’est encore mieux. Le pitch c’est vraiment la partie visible de l’iceberg, le film est gorgé d’idées, de bifurcations en tout genre, de beaux running-gags à l’image de l’utilisation savoureuse des noms. Claude Rich est fabuleux, mais bon, comme d’habitude, c’est l’un de mes acteurs préférés de toute façon (je pourrais revoir Je t’aime je t’aime, de Resnais ou Le caporal épinglé, de Renoir, rien que pour lui). Paola Pitagora, qui venait de jouer dans l’excellent Les Poings dans les poches, de Bellochio, est magnifique. Bref, un grand Mocky, passionnant, malin, drôle, à la durée idéale, pour un Mocky.

Chute libre (Falling down) – Joel Schumacher – 1993

15. Chute libre - Falling down - Joel Schumacher - 1993Défense de rentrer.

   7.0   Un Joel Scumacher qui m’avait, jadis adolescent, beaucoup marqué, sans doute pour ce qu’il faisait de Michael Douglas (pure incarnation mystérieuse et sexy dans Basic Instinct) soit cet anti-héros du quotidien, républicain américain en costard cravate et attaché-case, qui pète un plomb en plein embouteillage sur un périphérique de Los Angeles, au cours d’une chaude matinée ensoleillé. Ça c’est le souvenir que j’en gardais ainsi que ses multiples arrêts mouvementés qui suivront, au cœur d’une cité, dans un fast food, une épicerie ou chez un vendeur d’armes.

     En réalité le film est bien plus complexe et intéressant que ce fulgurant pitch, puisque d’une part il dévoile beaucoup de ce personnage (qui veut simplement rentré chez lui mais qui n’en a pas le droit) au fil des minutes (c’est aussi une façon de créer de l’ambiguïté : on s’attache à lui avant de comprendre la folie qu’il charrie déjà avant) et effectue un portrait en parallèle (j’avais complètement oublié ça) d’un inspecteur (Robert Duvall, génial, comme d’habitude) lors de son dernier jour avant la retraite, qui pourrait être l’autre version de ce mec, son relief bon et nonchalant, qui lui a su préserver son couple malgré un passé délicat et des apparences électriques : un médiocre qui accepte sa médiocrité, en somme.

     D’autre part, Chute libre est un portrait de Los Angeles assez impressionnant, de son melting-pot, son horizontalité, sa violence, sa pauvreté et son mercantilisme. Et une satire de l’Amérique tout entière, post Reagan. Et post Vietnam. Il faut voir comment cette « chute » s’incarne, vectorisée par cet homme qui est persuadé d’être l’américain dont l’Amérique rêve, celui de la réussite, économique et patriotique. Cet homme qui ne comprend pas comment il a pu perdre sa femme, perdre le droit d’approcher sa fille (on suppose qu’il a harcelé son ex-épouse) et son boulot (dans le secteur de la défense) sur le motif qu’il n’était plus économiquement viable.  

     Le film est passionnant dans le portrait croisé qu’il dresse de ces deux personnages, qu’apparemment tout oppose, mais que des échos permanents viennent rapprocher. C’est aussi ce qui fait sa grande portée théorique guidée évidemment par cette cavalcade meurtrière improbable. Une scène importante vient par ailleurs clarifier son irréalisme : quand un gang armé tire sur Douglas au téléphone et le rate alors qu’il ne bouge absolument pas (« I’m the bad guy ? » demandera-t-il à la fin au flic) et que tous les badauds autour se prennent des balles.

     À partir de là on croit à tout le reste car on entre dans un cinéma plus abstrait, dans lequel culmineront deux scènes iconiques : celle du nazi dans son sous-sol de magasin de surplus militaire et celle du bazooka avec le gamin sur la parcelle d’autoroute en construction. On pourrait aussi faire un parallèle avec Taxi driver tant D-Fens (le surnom du personnage, associé à sa plaque d’immatriculation, car il travaillait au ministère de la défense) est un miroir de Travis Bickle, qui plus est à la fin lorsqu’il arbore la tenue militaire.

     Je m’étais juré (encore… décidément, après avoir découvert (et pas détesté) Un homme en colère, de Guy Ritchie, qui était blacklisté depuis belle lurette chez moi) de ne plus voir de Schumacher depuis Le nombre 23 (vu en salle à l’époque) mais j’ai bien fait de revoir Chute libre, c’est vraiment ce qu’il a fait de mieux (de ce que j’ai vu, bien sûr) à savoir un film à son image, à la fois très ambigu (il y a clairement un parfum de vigilante, dedans), très fluide dans sa narration et très théorique en définitive.

Le règne animal – Thomas Cailley – 2023

12. Le règne animal - Thomas Cailley - 2023L’appel de la forêt.

   6.5   Je lui ferai globalement les mêmes reproches qu’aux Combattants (2014) ou à sa série, Ad Vitam (2018) : à trop vouloir faire de l’hybride, du mélange des genres, les tons, être radical mais faire jouer des stars, le film se rate un peu ci et là. Il a tout du beau film populaire, dans le noble sens du terme, à savoir avec une patte d’auteur, une vision, comme on peut aussi en trouver aux Etats-Unis avec Spielberg ou en Corée, chez Bong Joon-ho, pour ratisser large. Il y a l’idée de générosité, de spectacle. Et pourtant il y a aussi une tendance à l’intime, voire en sourdine, à l’expérimentation. La séquence dans la forêt c’est Tropical Malady, d’Apichatpong Weerasethakul. Mais ça ne va jamais si loin. Ça retombe, ça reprend vite les rails. A cet instant, j’ai rêvé d’un glissement pur, du cinéma de scénario vers celui de sensations.

     J’espérais qu’il m’emmènerait plus loin, je crois, qu’il serait au moins aussi fort que sa promesse initiale. J’adore l’idée d’ouvrir le film sur une traditionnelle scène d’irruption fantastique dans le réel – un peu comme dans n’importe quel film de zombies – au sein d’un embouteillage, tout en le détournant brillamment des codes puisque cette irruption a déjà eu lieu, pour les personnages. C’est une scène inaugurale très maline. Du Shyamalan dans le texte. L’astuce c’est d’offrir la surprise au spectateur qu’elle n’est pas une surprise pour les personnages. Et le film en regorge de promesses comme celle-ci : Son glissement vers la forêt (magnifiquement filmée par ailleurs) est superbe.

     Il y a de belles idées. Une vraie humilité dans le projet, loin des boursouflures à l’américaine ou d’un hybride entre organique et naturaliste comme peuvent l’être les très beaux La nuée ou Grave, par exemple. Ce monde qui mute et la cellule familiale décomposée n’est pas sans évoquer La guerre des mondes. La bande originale d’Andrea Lazlo de Simone, qui apporte là aussi une tonalité douce au film, plus légère que son propos, plus flottante aussi. Et malgré la gravité qui l’habite, aussi bien sociétale que familiale, le film est parsemé de touches d’humour assez justes, comme pour le réancrer dans le réel, un peu ce que Thomas Cailley faisait déjà dans Les combattants, dans le peu de (bons) souvenirs que j’en ai gardés.

     Mais il y a aussi beaucoup trop de trous d’air. Un manque d’incarnation, notamment dans la transformation du personnage. On sent que Cailley n’ose clairement pas y aller. Un crescendo un peu trop canalisé, aussi. Sans doute pour ne pas ternir un genre ou un autre, et en préserver le savant mélange. Problème identique au sein des personnage secondaires, qui n’existent pas vraiment non plus. Adèle Exarchopoulos ne sert malheureusement pas à grand-chose, alors que c’est la plus grande actrice française aujourd’hui : récemment il suffit de (re)voir Rien à foutre, ou les meilleurs moments de Je verrai toujours vos visages, pour s’en persuader.

     Quant à la trajectoire du personnage de Paul Kircher, elle évoque énormément celui de River Phoenix, dans A bout de course, le plus beau film de Lumet, et l’un des plus beaux films du monde, ni plus ni moins. Evidemment ça l’écrase beaucoup. Car plus j’y repense plus je me dis que c’est un peu raté, au fond, ce récit, cette transformation, le lien avec la mère. Le film m’a peu ému, en définitive. Or il contient tout – ne serait-ce que dans les références qu’il convoque – de ce qui devrait me terrasser. J’en sors séduit, mais jamais ému, à l’exception d’une scène, très belle mais plus forcée, sur la chanson de Pierre Bachelet. Donc à l’image de ses personnages (le garçon et les humains déjà transformés sont intéressants, les autres nettement moins) il manque une certaine homogénéité à mon goût. Mais je suis toutefois ravi de revoir Thomas Cailley à l’œuvre. Et au cinéma. D’autant que ce fut une belle séance avec ma maman.

Bataille de boules de neige – Louis Lumière – 1896

08. Bataille de boules de neige - Louis Lumière - 1896Le songe de la lumière.

   8.0   L’avantage d’un film de quarante-huit secondes c’est qu’on peut aisément le regarder plusieurs fois « en une fois ». Si j’ai bien en tête certains films / plans des Lumière, oublié d’autres que j’ai pu glanés ici ou là, celui-ci j’en suis certain je ne l’avais jamais vu. Je l’ai donc regardé plusieurs fois pour en apprécier les subtilités que cet unique plan regorge.

     Pour être honnête je l’ai vu après être tombé dessus sur Fb (via un post Sens Critique je crois) dans sa version colorisée, remasterisée en 2020. Alors en couleur c’est beau, impressionnant, émouvant bien sûr mais ça enlève quelque chose. Du réel, peut-être. On sent que c’est trafiqué, que c’est pas l’original, qu’une partie de ce qu’on voit (la couleur) ne date pas de 1896.

     Sans doute aussi parce que les Lumière, en règle générale, c’est aussi ce besoin de capter le réel au moyen d’une savante fabrication, car le mystère demeure : quelles sont les parts de mise en scène et d’improvisation là-dedans ?

     Dans une rue de Lyon, une vingtaine de personnes en redingotes se livrent à une bataille de boules de neige. Un homme sur un vélo approche et se retrouve pris pour cible dans la bataille. Il tombe, renfourche sa bicyclette et repart d’où il est arrivé. La bataille reprend.

     C’est extraordinaire, Bataille de boules de neige. Le cinéma à l’état pur : durée, mouvement, perspective, une captation in media res, un dialogue avec le hors champ, la préciosité du terrain de jeu, les adultes comme des enfants. Et le cinéma naquit, et nous apparaît ici comme tout droit sorti d’un songe.

La Brèche de Roland – Jean-Marie & Arnaud Larrieu – 2000

03. La Brèche de Roland - Jean-Marie & Arnaud Larrieu - 2000A l’origine était la brèche.

   7.0   Comme ce sera souvent le cas ultérieurement chez les Larrieu, il s’agit surtout ici de filmer un lieu, en l’occurrence Gavarnie et le massif du Mont-Perdu dans les Pyrénées (et bien entendu cette fameuse brèche à cheval entre l’Espagne et la France) et surtout la matière, la roche, le vide, la profondeur du paysage, les cascades, les nuages, la silhouette des montagnes. Le film s’ouvre par ailleurs au cœur d’un sentier creusé à même la falaise. S’y greffe une histoire de famille, relativement anecdotique, dont on aurait pu se passer des révélations un peu trop écrites, soubresauts trop dialogués, renforçant le sentiment d’une interprétation inégale, pour ne pas dire très problématique. Mais l’idée de la brèche, du prénom et du pèlerinage offre au film et à son prétexte scénaristique une belle trouée philosophique dans ce beau voyage sensoriel, au sein duquel Mathieu Amalric, immense, se fond naturellement.

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