I want my son back.
5.5 Ah ce sacré Clint ! Il y a beau y avoir de nombreuses choses que l’on déteste dans ses films que pourtant il est absolument impossible de détester le film en son entier. Clint Eastwood c’est la grâce, l’élégance, le peu de classicisme beau qu’il reste à Hollywood.
Il restait donc sur un diptyque moyen que constituaient Mémoires de nos pères et Lettres d’Iwo Jima, qui sur ses allures de plaidoyer anti-guerre faussement moral révélait quelque chose de très fluide, classique c’est vrai, mais où l’on ne voyait pas le temps passer. Clint fait des films qui durent deux heures, ils pourraient en durer trois que l’on ne voudraient en aucun cas partir. Million Dollar Baby et Mystic River sont des films non exempts d’une certaine abondance lacrymale et pourtant on y trouve du sublime. Un truc que l’on ne voit nulle part ailleurs dans les films ricains. Auparavant, dans les années 90, il avait pondu deux chef-d’œuvres que sont Un Monde Parfait et Sur la route de Madison, le premier brillant pour cette ambiguïté morale et ce personnage mi-figue mi raisin, car méchant mais attachant ; le second par la pureté de cette histoire d’amour impossible, épurée et magnifique.
Le nouveau film du vieux c’est Changeling, L’Echange. En locurence l’échange d’un enfant. Christine Collins (excellente Angelina Jolie) rentre chez elle du boulot et découvre que son fiston de neuf ans a disparu. Probablement kidnappé. Et cinq mois plus tard comme par le plus grand des hasards les autorités ont retrouvés l’enfant et s’empressent de réunir la presse afin de filmer les retrouvailles. Mais Christine est formelle, ce garçon n’est pas le sien. Ce garçon n’est pas Walter Collins. It’s not my son dira t-elle à maintes reprises, en vain. Mais la police ne va pas salir sa réputation, déjà fortement mise en doute, pour cette citoyenne qui fait chier. Voilà où en est le personnage quand le film a à peine commencé.
Clint Eastwood fait le film emphatique et complaisant par excellence. La mère Collins est victime d’une conspiration qui la dépasse, visant à faire croire n’importe quel mensonge à la populace car, comme le dit un flic en début de film : Les gens aiment les histoires qui finissent bien. Les rôles sont distribués : Les internes des HP, les membres de la police ne sont pas des gentils. Le révérend et la victime du kidnapping dans la ligne du bien. Mais Clint l’escroc s’est dit que ça allait être un peu too much quand même donc on a droit à flic gentil – plus tard dans le récit bien entendu, un fois que Miss Collins aura pleuré toutes les larmes de son corps – qui lui se démène pour trouver la vérité et n’hésite pas à bousculer les institutions.
Et donc la grande qualité de ce film c’est son réalisateur. Si on avait eu un Barry Levinson (j’ai pensé à Sleepers parfois) ou un Frank Darabont (j’ai aussi pensé à La Ligne Verte, si si) le film aurait été une purge sans nom. Mais c’est Clint aux commandes. Et on a beau boudé on a envie d’être indulgent car il y a quelque chose de très beau là-dedans, quelque chose qui nous tiens et qui ne nous lâche plus.
bonjour,
J’ai vu ce film dont on peut dire que c’est l’une des merveilles de Clint Estwood qui réussit toujours ces films.Il faut le dire, grâce à son génie et à son tact et à sa finesse qui se fait rare ces derniers temps. Ce qui caractérise « l’échange » surtout c’est sa douceur au fil de tous les événements, renforcée par l’aura de l’actrice Angélina Joly et par le silence révoltant du personnage. Mais si l’histoire est située dans les années 20-30, il n’en demeure qu’elle est d’actualité, d’autant plus elle admet les thèmes chers à Estwood: la femme et son combat contre l’injustice, l’enfance, la dénonciation du système judiciaire ou policier corrompu.
Cependant, l’esthétisme demeure un GRAND SOUCI chez le vieux Clint EStwood.
MUSTAPHA TALEB. MAROC.