6.5 Psycho (1998) est l’oeuvre du meilleur cinéaste outre-atlantique actuel. Un film qui fait figure de remake-hommage au chef-d’oeuvre d’Hitchcock. Un exercice de style épatant quand on sait et constate qu’il est identique au matériau original plan par plan. Car hormis deux ou trois idées personnelles ajoutées, on assiste à une copie conforme qui n’a rien perdu de son charme, sauf peut-être ses acteurs et son noir et blanc. Selon moi la réussite du film réside ici. A la différence d’Andrew Davis et son Meurtre parfait, relecture pitoyable de Le crime était presque parfait, Gus Van Sant s’attaque lui à l’oeuvre hitchcockienne de la manière la plus honorable qui soit. Vera Miles est devenue Anne Heche. Antony Perkins est devenu Vince Vaughn. Qu’importe. Tant que le plan initial d’entrée dans l’immeuble par la fenêtre, que les angoisses de Marion au volant de sa voiture, que la scène de douche mythique, que le plan en hauteur de Norman portant sa mère, entre autres, soient restés minutieusement intacts, on est forcément admiratif et comblé.
C’est une façon très classe de se frayer un chemin à Hollywood! En fait le seul bémol que je mettrais, c’est concernant le public visé. Car tout aficionado de l’original sait que celui de Gus n’existe que pour eux. Malheureusement, nombreux sont les gens qui connaissent celui de Van Sant avant celui d’Hitchcock du fait d’un passage télé plus fréquent. C’est bien triste. Encore une fois il ne faut pas voir ce Psycho actuel comme une relecture commerciale de la référence, mais comme un copie paroxysmique d’une oeuvre patrimoine faite par un auteur en passe aujourd’hui de devenir lui aussi un maître.