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Archives pour 24 novembre, 2008

La Vie Moderne – Raymond Depardon – 2008

La Vie Moderne - Raymond Depardon - 2008 dans * 2008 : Top 10 18404314Les oubliés.

   8.5   La voix de Raymond Depardon nous guide dans ce paysage de campagne que nous sillonnons afin d’en savoir davantage sur le mode de vie, l’état d’esprit des autochtones, de ces agriculteurs condamnés à la solitude éternelle dans ces quatre coins de la France.

     Ces gens de la terre qui apparaissent aussi forts que fragiles, conscients du devenir désastreux de leur métier, de leur passion plutôt puisque comme le dit cet agriculteur « On ne dit pas que l’on aime ce métier, on dit que l’on est passionné. »

     C’est donc un constat très dur, mélancolique d’une culture sans avenir. Puisqu’il n’y a pas de relais. Entre crise de générations, problèmes financiers, problèmes divers liés aux troupeaux, à la terre, aux mauvaises retraites, c’est un peuple touché économiquement mais que la politique a laissé tomber. Réflexion aussi sur la mort, la succession, le désir de faire autre chose, les projets inaboutis… Quant aux personnages, Marcel, Raymond et consorts, même si l’on ne comprend pas toujours ce qu’ils disent, leur regard, leur tristesse, leur joie sont très touchantes et on prend plaisir d’être Depardon le temps d’un film car toutes ces questions nous aurions aussi aimés les poser. On approche tout cela en musique, sous le requiem de Fauré ou tout simplement avec la voix du cinéaste, des paysages magnifiquement filmés ; c’est un vrai caviar pour nos yeux ébahis de spectateur.

     C’est un film sensible, bouleversant par sa simplicité, son honnêteté, et qui évite toute mièvrerie et misérabilisme qui nuiraient à l’œuvre. Un documentaire photographique, parce que les images sont sublimes, les cadrages très travaillés, qui aurait sans doute gagné (je parle pour moi là !) à être vu après les deux premiers, ce qui doit renforcer l’émotion, car les documentaires précédents sont partiellement évoqués. La fin est une des plus belle de l’année : poétique, grave et lumineuse.

     Donc, cette année, après avoir vu les laissés pour compte de la rue dans un quartier du Queen’s dans Chop Shop, les laissés pour compte gitans de Marseille dans Khamsa, voici les laissés pour compte de la campagne oubliée.

De la guerre – Bertrand Bonello – 2008

De la guerre - Bertrand Bonello - 2008 dans * 2008 : Top 10 h_4_ill_1046445_delaguerre-bisDe l’extase.

   9.0   Étrange sensation au sortir du film de Bertrand Bonello, dont c’était son premier que je découvrais. Quelque peu sonné surtout. Comme si je venais de vivre deux heures de méditation, deux heures d’images m’embarquant totalement dans des confins personnels que j’ignorais encore. L’autre sentiment singulier concerne l’histoire du film même. Parce qu’étonnamment je ne pense pas en avoir saisi tous les horizons, mais il m’a suffisamment parlé pour que je puisse en éloigner cette interrogation.

     De La Guerre s’ouvre sur une citation de Dylan : « Si je n’étais pas Bob Dylan je penserais moi aussi que Bob Dylan a réponse à tout ! » et ne fait que l’illustrer deux heures durant. Bertrand – l’alter ego du réalisateur ça ne fait aucun doute – va vivre une expérience brève mais intense le temps d’une nuit dans un premier temps. Enfermé par maladresse dans un cercueil, alors qu’il venait simplement faire des repérages pour son prochain film, il va découvrir une aspiration inconnue de lui-même : il va atteindre le sublime, l’extase. Et grâce à Charles, prophète tombé du ciel (génial et regretté Guillaume Depardieu) il va vivre l’expérience de sa vie, la plus fascinante, dans un lieu isolé, loin de tout, sorte d’îlot s’apparentant à une secte, où chacun s’y trouvant est en quête de ce plaisir, de cette liberté que Bertrand convoite tant. Il fera face à son esprit, et à lui seulement.

     De La Guerre est un voyage exaltant, surprenant, drôle et unique. Une œuvre fabuleuse (même si je comprendrais qu’on la trouve hermétique) qui évoque les doutes existentiels, entre beauté céleste et ténèbres infinies. Un œuvre diablement moderne qui parle de choses intelligentes et graves en toute légèreté. Une œuvre citationnelle, devant laquelle on pense à Last Days, Tropical Malady, The Beach et bien évidemment Apocalypse Now. Une œuvre qui oscille entre rêverie poétique et ridicule de situations, qui s’approprie les deux, et touche au sublime. L’état second dans lequel il m’a plongé ne s’est toujours pas atténué ; il est donc difficile de pondre ces lignes.


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silencio


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