De la guerre – Bertrand Bonello – 2008

De la guerre - Bertrand Bonello - 2008 dans * 2008 : Top 10 h_4_ill_1046445_delaguerre-bisDe l’extase.

   9.0   Étrange sensation au sortir du film de Bertrand Bonello, dont c’était son premier que je découvrais. Quelque peu sonné surtout. Comme si je venais de vivre deux heures de méditation, deux heures d’images m’embarquant totalement dans des confins personnels que j’ignorais encore. L’autre sentiment singulier concerne l’histoire du film même. Parce qu’étonnamment je ne pense pas en avoir saisi tous les horizons, mais il m’a suffisamment parlé pour que je puisse en éloigner cette interrogation.

     De La Guerre s’ouvre sur une citation de Dylan : « Si je n’étais pas Bob Dylan je penserais moi aussi que Bob Dylan a réponse à tout ! » et ne fait que l’illustrer deux heures durant. Bertrand – l’alter ego du réalisateur ça ne fait aucun doute – va vivre une expérience brève mais intense le temps d’une nuit dans un premier temps. Enfermé par maladresse dans un cercueil, alors qu’il venait simplement faire des repérages pour son prochain film, il va découvrir une aspiration inconnue de lui-même : il va atteindre le sublime, l’extase. Et grâce à Charles, prophète tombé du ciel (génial et regretté Guillaume Depardieu) il va vivre l’expérience de sa vie, la plus fascinante, dans un lieu isolé, loin de tout, sorte d’îlot s’apparentant à une secte, où chacun s’y trouvant est en quête de ce plaisir, de cette liberté que Bertrand convoite tant. Il fera face à son esprit, et à lui seulement.

     De La Guerre est un voyage exaltant, surprenant, drôle et unique. Une œuvre fabuleuse (même si je comprendrais qu’on la trouve hermétique) qui évoque les doutes existentiels, entre beauté céleste et ténèbres infinies. Un œuvre diablement moderne qui parle de choses intelligentes et graves en toute légèreté. Une œuvre citationnelle, devant laquelle on pense à Last Days, Tropical Malady, The Beach et bien évidemment Apocalypse Now. Une œuvre qui oscille entre rêverie poétique et ridicule de situations, qui s’approprie les deux, et touche au sublime. L’état second dans lequel il m’a plongé ne s’est toujours pas atténué ; il est donc difficile de pondre ces lignes.

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