Rester vertical.
7.5 Premier long métrage à la réalisatrice, la spécificité d’Hôtel Monterey est de n’être doté d’aucune bande-son, d’aucun son. L’espace est lui aussi réduit puisque l’on ne sortira pas de cet hôtel. Au moyen d’un procédé ascensionnel intelligent, puisque l’on commencera par le hall d’entrée pour terminer sur le toit, Chantal Akerman filme les espaces exigus, un hall désert ou non, un ascenseur occupé ou non, un couloir vide, une chambre vide ou non, un toit surplombant New York.
Capter le réel, capter le vide. Réfléchir sur ce vide. Convoquer l’imagination. Tels sont les enjeux du film. Car au-delà du fait que chaque plan soit d’une importance capitale, contenant sa singularité propre, il y a aussi un grand pouvoir de fascination dans toutes ces images que ça en devient surprenant. Comment imaginer le bruit, la vie derrière des murs silencieux ? Ces longs travellings avant/arrière dans un couloir aboutissant sur une fenêtre, elle-même donnant sur les villes, est un fidèle exemple de ce que provoque la mise en scène sur notre ressenti. De jour, de nuit, par beau temps, par mauvais temps, notre perception diffère.
Selon moi, une version sonorisée aurait fait de ce film un chef-d’œuvre. Le panoramique sur le toit du Monterey est l’un des trucs les plus beaux que j’ai vu. Cette façon de rendre sublime un lieu, de capter quelque chose de fort dans le vide. Manquait plus que le bruit des voitures, de la civilisation.