Noir c’est noir.
7.0 Béla Tarr fait le cinéma qu’il aime, et qui l’aime le suive. Comme chez d’autres cinéastes (Mais il en existe trop peu) ses films sont une succession de plans. Impossible alors de dire à quelle minute se produit telle séquence puisque la durée nous est incroyablement inconnue. On avance sans savoir temporellement où nous sommes. Par conséquent pas facile de deviner à quel moment la fin va surgir. Impossible aussi de deviner à quel moment cette porte de cabane va s’ouvrir à nouveau, si l’on va entendre un coup de feu et sursauter, si l’on va voir le personnage entré en sortir… Béla Tarr capte un temps réel. Suspendu et réel.
Et qu’il fasse une histoire pas forcément passionnante (c’est le cas ici à la différence des Harmonies Werckmeister qui est d’une puissance sans équivalence) son film reste lui passionnant, puisque mystérieux, anxiogène. La sidération procurée par chaque plan, sa lenteur, la singularité de son décor imposent un abandon absolu. C’est l’adéquation entre la musique, les sons, les plans-séquences qu’ils soient circulaires, mobiles ou presque fixes qui restent en mémoire comme des surgissements magiques qui font qu’en finalité le film n’est absolument pas comparable au reste de la production cinématographique . Comme si c’était un cinéma qui venait d’un autre temps, ancien ou futuriste, un cinéma intemporel, unique, qui trône de loin, de très loin au sommet d’un cinéma contemporain qui ne peut esthétiquement l’atteindre.
Selon moi l’œuvre de Béla Tarr est cinématographiquement indétrônable. Seule sur son île. Maintenant, à l’affect, je garde certaines préférences cette année pour des films qui m’ont davantage touchés, comme ceux de Bonnello, Zviaguintsev ou Gray ou Desplechin. Mais, mauvaise nouvelle : Béla Tarr a dit qu’il préparait son dernier film. Après il se range. Tristesse.
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