Publié 18 décembre 2008
dans Luis Buñuel
8.0 Un joyau, une référence, un chef-d’oeuvre. Buñuel remet en cause le système moderne dans son incapacité à considérer la misère comme facteur évident de la violence accrue. Pour en témoigner de multiples personnages tiraillés, des vies dont le seul véritable désagrément reste la condition sociale. D’apparence le seul à plaindre véritablement resterait le vieil aveugle que l’on découvre vite en fasho parano, ne souhaitant que la mort imminente de ces jeunes paumés, qui lui causent du souci. Il y a aussi Ojitos, gamin abandonné qui utilise le vieillard pour ne pas avoir le ventre vide. Et les deux personnages centraux : Pedro tiré par El Jaibo dans des affaires louches où il sera bientôt question de meurtre.
Si l’on peut avant tout y entrevoir une certaine complaisance pour le premier, de part sa fragilité, la balance s’équilibre lorsque le cinéaste espagnol s’intéresse au second moins attrayant en le révélant mal gâté par la vie, qu’il étaye majoritairement de vices, seuls échappatoires à son mal-être ambiant. Plus qu’un film sur les problèmes d’éducation, la tolérance, c’est le manifeste des petites classes, des réprouvés, condamnés à vivre et mourir dans la merde.
Publié 18 décembre 2008
dans Luis Buñuel
8.0 Avec ce film je découvre le Bunuel plus récent, français, en couleur. Pourtant rien n’a changé, j’ai tout de suite reconnu la patte du cinéaste. Cette obsession pour les corps, les parties du corps, ici les jambes, les mains, le dos, les cheveux plus particulièrement. La répétition des sons de cloche évoquant la boîte musicale de Ensayo de un crimen, le personnage qui tombe amoureux de Séverine rappelle un côté El Jaibo dans Los Olvidados…etc. Nombreuses sont les évocations, sans oublier évidemment ces images fantasmées, ses métaphores amplifiées comme c’est aussi le cas dans Le journal d’un curé de campagne.
Et l’histoire, celle d’une femme friquée mais paumée qui pour s’échapper de sa vie conjugale qu’elle trouve morne et routinière se voit entrer dans ces maisons où l’on satisfait les hommes. Séverine, devenue Belle de jour entre 2 et 5, vit dans le fantasme masochiste de la découverte de ses actes par son mari. Le fouet, les insultes, le jet de boue, sont autant d’instants effectifs à son infidélité régulière. Mais tout cela se passe évidemment dans sa tête. Une fois de plus avec Buñuel, c’est grand.