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Archives pour janvier 2009

Lumière Silencieuse (Stellet Licht) – Carlos Reygadas – 2007

Lumière Silencieuse (Stellet Licht) - Carlos Reygadas - 2007 dans * 100 01-lumieresilencieuse-300x194Je vous salue Marie.

     10.0   La nuit. Les constellations. Le chant des oiseaux. Le ciel noir étoilé laisse peu à peu place à l’aube progressive, de fins rayons de soleil, puis très puissants vont envahir arbres et vallées, et laisser apparaîte un village de campagne. Il fait jour. Tout le film est à l’image de ce plan, à savoir le levé du jour en temps réel, il se révèle patient, et effectue une approche très sensuelle, naturelle d’une communauté mennonite du Mexique.

     Carlos Reygadas filme au ras du sol ou à hauteur d’homme, un peu à la manière d’un Malick, se faufilant dans les hautes herbes, dans une coulée d’eau de source, l’objectif toujours frappé par ce soleil éclatant. Jamais fixe, la caméra avance, zigzague, à tel point qu’elle en devient presqu’objet de documentaire, et nous propose de planer, de s’embarquer dans ce voyage aérien.

     Johan semble très contrarié. Après la prière du matin, les enfants s’en vont, probablement à l’école, sa femme s’en va aussi, il s’effondre en pleurs. En réalité Johan a le coeur tiraillé. Deux femmes l’occupent. Et pourtant ici tout se dit, cette famille comme la mise en scène du cinéaste sont d’une incroyable honnêteté. On ne saurait détecter le malheur. Pourtant Johan doit choisir. La mère de ses enfants ou cette  femme de fantasme.

     Il faut évidemment entrer corps et âmes dans le nouveau film de Reygadas, autrement son caractère hypnotique, envoûtant peut lasser. La nature a rarement été aussi bien sonorisée. Les plans s’étirent, encore et encore pour en atteindre le fruit de la contemplation extatique parfaite. C’est sompteux. C’est sidérant de beauté. Peut-être n’avais-je pas vu cela depuis Tarkovski.

     Evidemment on pense aussi beaucoup à Bergman et Dreyer. Le tic-tac des pendules dans Cris et Chuchotements. Et surtout cette magie dans la séquence finale qui est ouvertement liée à celle de Ordet. Pour moi c’est l’un des cinq plus beaux films de ces dix dernières années, si ce n’est le plus beau. Carlos Reygadas aura au moins prouvé, ici, qu’il était le digne successeur des plus grands, alors qu’il continue à nous envoûter ainsi…

Two Lovers – James Gray – 2008

Two Lovers - James Gray - 2008 dans * 2008 : Top 10 2lovers432Nuits blanches.    

   9.0   Quelle mouche a piqué James Gray ? A peine avions-nous digéré son sublime We Own the night que le cinéaste prodige présentait un autre film sur les écrans ! Entre son premier bijou Little Odessa et donc son dernier il s’est écoulé treize ans ! Mais qu’il continue, si tous ces films sont du niveau de Two Lovers, qu’il en fasse tous les ans, ça me va très bien.

     Ses trois premiers films s’inscrivaient dans le registre du polar et de la tragédie familiale. Surpris étions-nous quand on a appris que Two Lovers était un drame romantique. Et pourtant au sorti de la séance on sait évidemment que c’est un James Gray que l’on a regardé. Ses obsessions de la famille sont bien présentes, et ce questionnement sur l’amour (que We Own the night survolait tout de même) occupe ici une place des plus importantes.

     Leonard est un quarantenaire atypique et bipolaire. Il habite chez ses parents. Non pas qu’il soit un éternel adolescent qui n’a jamais quitté le foyer, mais plutôt qu’il travaille dans la boutique de ses vieux qui l’hébergent donc, depuis une aventure amoureuse traumatisante, en attendant qu’il trouve celle qui l’aime un jour ou l’autre. D’un côté il y a Sandra, la fille d’amis de ses parents, qui semble pour eux la partenaire idéale. De l’autre, Michelle, une fille complexe, amourachée d’un homme marié qui peine à quitter sa femme, pour qui il éprouve bien entendu des sentiments plus intenses (enfin c’est ce qu’il croit).

      C’est une grande histoire de passion. La passion d’un homme pour deux femmes. Complètement différentes, opposées. Un homme au passé douloureux (liaison interrompue, tentative de suicide) qui semble dans une impasse avant que ces deux femmes viennent occuper son cœur.

     James Gray redonne tout simplement ses lettres de noblesse au mélodrame. A la tragicomédie romantique. Il réalise son L’Aurore moderne. Un film très intimiste, où chacun s’y retrouvera, puisqu’il ne délaisse personne. Enfin personne. Sandra reste le personnage le moins travaillé, même si c’est tout en retenue : Elle c’est la sécurité, elle semble posée, et c’est sans doute cela qui perturbe Léonard, cherchant une relation plus adolescente qu’il trouvera ainsi en Michelle. Léonard c’est l’adulte et l’adolescent. Celui qui a besoin d’aventures mais aussi de sécurité. Les seconds rôles, eux, tiennent une place importante, majeure presque pour certains comme le mari indécis de Michelle ou le père de Leonard, prolongement intéressant du père adoptif dans We Own the night, déjà c’était Moni Moshonov et Joaquin Phoenix, ce qui rend la relation d’autant plus touchante.

     Le plus beau dans tout ça c’est la mise en scène et le rendu de cette mise en scène. La simplicité, la beauté arrive à poings nommés en réponse au film de Clint Eastwood, boursouflé et surchargé au possible. A de nombreuses reprises certains plans et séquences sont somptueux, on pense entre autres à cette dispute entre Michelle et Leonard sur le toit de l’immeuble avec en arrière plan un New York froid, rendu sublime ; ou encore cette relation téléphonique intime à travers les fenêtres d’un immeuble modeste de la ville, clin d’œil hitchcockien ; ou encore la séquence sur la plage ; le tout dernier plan… Tellement de choses se passent, par les images, les regards… James Gray nous offre tout simplement l’un des plus beaux films de l’année.

     Maintenant j’aimerai touché quelques mots sur la fin de ce film, qui permet de multiples interprétations :

     Je pense la percevoir comme ouverte, dans le sens optimiste pour son personnage. La relation que Léonard entretient avec Michelle n’est que passionnelle à mon sens, mais pas si réfléchie que ça. Elle semble occuper son coeur durant le film, d’accord, mais l’on sent qu’au fond c’est elle qui l’empêche de vivre, c’est elle par exemple qui l’empêche de démarrer une relation « stable » avec Sandra, sans cesse lorsque Léonard est avec Sandra, Michelle est là aussi, au téléphone. Michelle c’est l’aventure, la fantaisie selon Léonard, une opposition au cercle familial protecteur en somme. Sandra c’est sans doute trop simple, trop à sa portée, surtout lorsque le type en question souffre de bipolarité. Mais en fin de compte, laquelle aime t-il le plus ? Je pense ce retournement de situation complètement sincère. Michelle est partie. Elle ne lui permet pas de se rabattre sur Sandra. Non, elle lui ouvre les yeux sur Sandra. La plage, le gant, la bague, tout ça c’est finalement Sandra. La plage, l’eau, Léonard revient la vie. Au début du film comme à la fin.

     Disons que ce personnage que Léonard place sur un piédestal, la blonde sulfureuse, m’apparait de plus en plus comme le spectre de la femme idéale qui le ferait grandir notre bon Léonard, une Sandra un peu moins casanière en somme. Mais honnêtement et quasiment de bout en bout je le sens plus proche de Sandra que de personne d’autre, Michelle n’existe que dans sa tête, du moins que dans ses fantasmes. Bien entendu il y a un compromis à la fin mais ce n’est pas un compromis malheureux à mon sens, c’est le compromis d’un homme qui a grandit, tout simplement, qui se rend compte que s’épanouir avec une personne qui vous aime aussi est peut-être la plus belle chose qui puisse arrivé.

    A ce titre cette fin est absolument magnifique, et le regard de la mère l’un des plus beaux qui soient. J’étais en larme…

La Nuit nous appartient (We Own The Night) – James Gray – 2007

Joaquin-Phoenix-dans-la-nuit-nous-appartient-de-James-GrayLet’s dance.    

   9.0   La barre était placée si haute au vu de ses deux précédents long-métrages que l’on craignait une déception quant au dernier opus de James Gray. Bien heureusement, Non! La Nuit nous appartient sonne même comme l’aboutissement d’une oeuvre de perfectionniste entièrement maîtrisée, vouée à la tragédie familiale déchirée entre mafia russe et police new-yorkaise.

     Entre la scène d’ouverture magnifiquement érotique, des séquences oppressantes à couper le souffle, une scène de poursuite automobile flamboyante au rythme des essuie-glaces, notre admiration est forcée, les poils s’hérissent : ces scènes d’anthologie sont d’une perfection rare.

     Ainsi le cinéaste brasse t-il des thèmes comme la reconnaissance familiale (ici représentant la loyauté, l’ordre), en perpétuelle contradiction avec les libertés décadentes des fréquentations de Bobby, les difficultés filiatives, l’amour, la vengeance morale, par l’intermédiaire de Joaquin Phoenix, perdu dans ses retranchements. Une interprétation donc sans fausses notes, une mise en scène intelligente et sobre, un suspense étouffant, une BO tantôt austère tantôt euphorisante, font de ce polar intensément dramatique une belle tragédie Shakespearienne qui apparaît d’ores et déjà comme un classique, plus proche d’un Coppola que d’un Scorsese, ce dernier réalisant des grandes fresques violentes exubérantes, loin de tous classicisme moral.

     A l’arrivée c’est une perle rare, un travail brillant qui mérite les acclamations nécessaires. Alors, on ne peut en vouloir à Gray de tourner peu car il frappe toujours très fort, mais il restait à espérer qu’il n’attendrait pas sept ans pour nous offrir son prochain chef d’œuvre…

The Yards – James Gray – 2000

The Yards - James Gray - 2000 dans * 730 The%20Yards%20pic%201   9.0   Quartier du Queen’s, une famille modeste aux problèmes divers, dont l’oncle Franck règne sur l’Electric Rail Corporation, société de métro… James Gray réalise un film d’une noirceur désespérée ayant pour cadre majeur la corruption dans les transports ferroviaires. Il concentre son récit sur Léo, un taulard sur le retour, près à tirer un trait définitif sur son passé en réintégrant honnêtement la société. Mais comme si son destin avait été écrit pour être malheureux, tragique, il se retrouve vite confronté à une affaire louche, concoctée par son meilleur ami, fiancé de sa cousine, où il sera très bientôt accusé de meurtres et violences sur un policier.

     Dans ce polar sombre, la mort rode sans cesse et si les liens familiaux sont délicats et intenses, les trahisons perdurent surtout lorsque certains secrets refont surface. Echapper à son passé n’est pas une mince affaire selon James Gray, ou alors il faut en accepter les codes du sacrifice et de la trahison.

     Côté mise en scène, les cadrages sont justes impressionnants, la dramaturgie s’intensifie progressivement, les interprétations sont exemplaires (Charlize Theron et Joaquin Phoenix en tête). Avec « Little Odessa » James Gray frappait très fort mais restait confiné dans une approche à l’essentiel, avec « The Yards » réalise quelque chose de très grand, émotionnellement fort, doté d’une musique renversante. Brillant et magistral.

Little Odessa – James Gray – 1995

featured_little-odessa    8.0   Il y a treize ans que ce petit bijou américain sortait sur nos écrans. A la réalisation James Gray, encore inconnu, allait se frayer d’emblée une place importante dans le monde du cinéma, en nous faisant part de sa mise en scène lente, carrée, au climat très sombre, défiant les grosses productions sur fabriquées.

     Little Odessa c’est le nom du quartier où a grandi Joshua, dorénavant tueur à gages, qu’il va retrouver pour une mission criminelle. Il en profitera pour revoir sa famille, plus particulièrement son jeune frère qui l’idolâtre, sa mère qui traverse une maladie incurable, tandis que son père refuse les retrouvailles ne digérant pas ce qu’est devenu son fils. Très peu de personnages donc. Mais chacun y trouve une place importante. Et déjà c’est une histoire de famille, parce que l’on n’a que faire de cette mission, elle sert simplement de prétexte pour que Joshua retrouve son quartier natal.

     Reuben n’a pas vu son frère depuis des années probablement. Lui qui a un père assez chiant, très protecteur, voit en Joshua un autre chemin, peut-être le chemin du crime, mais aussi celui de la liberté. Lorsqu’il verra son frangin tuer de sang-froid l’homme pour lequel il revient au pays, Reuben aura ce désir de faire comme les grands, de faire comme le frère, de tenir une arme en se regardant dans la glace, littéralement happé dans cette spirale criminelle, afin d’aller le soutenir dans un scène finale terriblement tragique, haut fait du cinéma de Gray, auquel on commence dorénavant à connaître certains codes.

     La mise en scène joue intelligemment sur chaque détail important, que ce soit par l’utilisation de hors champs, d’ombres, de prises de vues lointaines, pour ne jamais quitter ce climat d’angoisse, à l’intense obscurité, où la mort poursuit son chemin. Polar nocturne d’une froide sobriété, cette tragédie familiale fut le premier grand film de ce cinéaste Outre-Atlantique. Et à l’heure où le quatrième opus se trouve sur nos écrans, il est intéressant pour ceux qui ignorent son existence, de se replonger rapidement dans ce drame puissant.

Louise Michel – Benoît Delepine & Gustave Kervern – 2008

louise-michel-2-1621x1080Révolution.

   5.5   Pardonnons au nouveau film de Délépine et Kervern ses petits problèmes de rythme, parfois, qui surgissent dans deux trois scènes un poil moins épatantes que les autres. Pardonnons aussi cet esprit montage sketchs qui souvent va à l’encontre du projet . Car bien entendu Louise Michel a d’autres bien belles qualités. D’une part c’est très drôle en quasi-permanence. Ma voisine de salle, bidonnée de bout en bout, a fait bouger mon siège pendant tout le film. Puis bien sur il y a cette belle mise en scène. Très souvent des plans fixes avec gags de situations plutôt redoutables. Un sens du cadre, de l’espace, parfois poseur mais on s’en tape.

     Un matin les ouvrières d’une entreprise de cintres sont surprises de voir leur entrepôt vide. Un petit groupe cherche un moyen de faire payer le grand patron qui semble parti pour s’en sortir en payant une faible indemnité à chacune. C’est Louise qui a la grande idée. Elle veut faire buter le patron. Entre en scène Bouli Lanners, pro parmi les pros qui semble assez loin de l’efficacité froide du tueur à gage américain classique, qui à coup sur ferait sourire un certain Javier Bardem (redoutable killer du No Country des Coen).

     Certaines séquences (ou sketchs) sont déjà mémorables : l’obsession pour les Twin Towers du barré Benoit Poelvoorde ; Toutes les apparitions du type à la collerette ; La danse sensuelle de Philippe Katerine ; La scène dans la villa évidemment… et cette toute dernière post générique qui passe disons plutôt très bien et que seulement un quart de la salle chez moi est resté pour voir. Je passe sur le discours politique, pourtant c’est bien ici que Louise Michel est incisif. Toujours provocateur, rendant à la politique merdique actuelle sa vraie valeur.

Le prix à payer – Alexandra Leclère – 2007

Le prix à payer - Alexandra Leclère - 2007 dans Alexandra Leclère h_9_ill_891080_prix

Comment est votre daube ?

     0.0   Dans Le prix à payer l’homme est un salaud pour qui Le cul semble être la seule chose qui compte, son unique salut. Dans Le prix à payer la femme ne travaille pas, elle passe ses journées à claquer le fric de son mec. Dans Le prix à payer l’homme a de la thune, plein de thune, parce que quand même il faut faire tourner le foyer. Dans Le prix à payer la femme essaie de créer, d’écrire plus précisément, mais l’homme est là pour lui rappeler que créer c’est nul. Dans Le prix à payer l’homme ronfle quoi qu’il arrive. Dans Le prix à payer la femme n’aime pas faire l’amour, quoi qu’il arrive. Dans Le prix à payer il y a des enfants, inexistants ou débiles. Dans Le prix à payer l’homme a les bras, la femme la tête. Dans Le prix à payer Lanvin soulève un matelas, deux enfants à une main, dépasse un peloton de cycliste, balance une grosse claque à Pailhas parce que Lanvin il est fort. Dans Le prix à payer Baye avale d’un trait son alliance comme on avale un spasfon. Dans Le prix à payer Clavier se tient le coeur à droite quand il fait une attaque. Dans Le prix à payer on entend « Tu fais du bruit quand tu manges, tu fais du bruit quand tu dors, tu rotes, tu pètes… ». Dans Le prix à payer on entend « Ah les femmes! ». Dans Le prix à payer on entend « Les hommes tous les mêmes! ». Mais Le prix à payer ça finit bien parce que hein quand même c’est juste sensé être drôle! C’est affligeant. Mais bon, c’est le prix à payer pour voir une merde.

Les Rendez-vous d’Anna – Chantal Akerman – 1978

les-rendez-vous-dannna-still1-526x284La solitude.

   7.0   Film d’errances, sur la solitude éternelle, un voyage sans but explicite, une jeune réalisatrice, cinq rencontres fortuites de personnes toutes plus seules, plus pessimistes les unes que les autres. Les dialogues semblent avoir un ressort cadavérique, et l’on sent à travers chaque mot qu’il n’y a plus de remparts devant la mort.

     C’est en quelques sortes le reflet de Chantal Akerman, enfin son reflet négatif. Mais quelque chose marche moins bien sur moi que dans ses précédents films. Le jeu de Aurore Clément ne me fascine pas beaucoup. A mille lieux je trouve de celui de Delphine Seyrig par exemple, qui me bouleverse dans chacun de ses regards et mouvements. Et il y a une austérité bloquée qui me gêne un petit peu. Evidemment Akerman ne fait pas de films joyeux d’accord mais disons que celui-ci ne véhicule pas les émotions que les autres véhiculaient. Mais bon c’est Chantal et je l’aime toujours. J’adore tout particulièrement la rencontre dans le train, le silence semble vaincre chaque parole, comme la nuit embrase un paysage que l’on aimerait voir, pour respirer.

     Quant à Haneke, il a dû s’inspirer pas mal de Chantal. La fin m’a rappelé un peu son cinéma, avec la présence de cette télé allumée, pour rien. La même froideur aussi. Mais une ambition plus forte chez la réalisatrice tout de même qui semble accorder davantage d’attachement au paysage, à la ville, à l’espace en fait.


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