8.0 Il y a treize ans que ce petit bijou américain sortait sur nos écrans. A la réalisation James Gray, encore inconnu, allait se frayer d’emblée une place importante dans le monde du cinéma, en nous faisant part de sa mise en scène lente, carrée, au climat très sombre, défiant les grosses productions sur fabriquées.
Little Odessa c’est le nom du quartier où a grandi Joshua, dorénavant tueur à gages, qu’il va retrouver pour une mission criminelle. Il en profitera pour revoir sa famille, plus particulièrement son jeune frère qui l’idolâtre, sa mère qui traverse une maladie incurable, tandis que son père refuse les retrouvailles ne digérant pas ce qu’est devenu son fils. Très peu de personnages donc. Mais chacun y trouve une place importante. Et déjà c’est une histoire de famille, parce que l’on n’a que faire de cette mission, elle sert simplement de prétexte pour que Joshua retrouve son quartier natal.
Reuben n’a pas vu son frère depuis des années probablement. Lui qui a un père assez chiant, très protecteur, voit en Joshua un autre chemin, peut-être le chemin du crime, mais aussi celui de la liberté. Lorsqu’il verra son frangin tuer de sang-froid l’homme pour lequel il revient au pays, Reuben aura ce désir de faire comme les grands, de faire comme le frère, de tenir une arme en se regardant dans la glace, littéralement happé dans cette spirale criminelle, afin d’aller le soutenir dans un scène finale terriblement tragique, haut fait du cinéma de Gray, auquel on commence dorénavant à connaître certains codes.
La mise en scène joue intelligemment sur chaque détail important, que ce soit par l’utilisation de hors champs, d’ombres, de prises de vues lointaines, pour ne jamais quitter ce climat d’angoisse, à l’intense obscurité, où la mort poursuit son chemin. Polar nocturne d’une froide sobriété, cette tragédie familiale fut le premier grand film de ce cinéaste Outre-Atlantique. Et à l’heure où le quatrième opus se trouve sur nos écrans, il est intéressant pour ceux qui ignorent son existence, de se replonger rapidement dans ce drame puissant.
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