L’an 01.
10.0 Zabriskie Point est un carrefour, sorte d’aiguillage où deux êtres apparemment dépassés par toute réalité, vont se rencontrer, vivre dans l’intensité quelque chose qui dépasse toute banale relation : la jouissance physique, imaginative, hors du temps, effrénée, décuplée, rêvée. Deux êtres humains, deux vies, que rien si ce n’est le plus pur des hasards, tel un écho au mystère de la création, ne pouvait faire se chevaucher.
Comme souvent chez le cinéaste italien, et ici encore davantage, les personnages ne sont pas véritablement identifiables, comme s’ils étaient les cobayes d’une expérience intime, salvatrice, universelle. Le seul nom qui nous est offert c’est Karl Marx lorsque la police interroge le personnage principal et lui de répondre de son identité sous humour. Elle c’est Dania comme ça aurait pu être Anna le personnage féminin disparue dans l’Avventura, ou la jeune femme errante dans Profession : reporter.
D’abord centré politiquement en pleine révolution étudiante, Zabriskie Point se veut ensuite plus expérimental, road-movie abstrait, fuite sans but suivant cet homme que les théories gonflent ; lui c’est l’action qu’il cherche. En répondant à une AG en début de film il dira « moi aussi je suis prêt à mourir. Mais pas d’ennui ! »
Cette escale désertique en pleine vallée de la mort est le point d’orgue du film. Il apparaît alors comme le cadre de la libération sexuelle poussée à son paroxysme, lieu d’orgie planante où vibrent les corps dans le sable et le vent. Auparavant, nos deux tourtereaux se rencontrent dans une scène façon La Mort aux trousses, pas banale, présentant l’avion sous trois angles différents lorsqu’il survole cette voiture ! Puis il y a cette fameuse scène finale, dopée par Pink Floyd, une scène de destruction de ce qui chaque jour nous détruit encore un peu plus.
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