Traqué (The Hunted) – William Friedkin – 2003

Traqué (The Hunted) - William Friedkin - 2003 dans William Friedkin p3

En forêt.

   6.7   Rarement un film d’action ne m’avait paru aussi radical. Pourtant, excepté la première séquence, où l’on est plongé en plein Kosovo dévasté, les gun-shot sont utilisés avec parcimonie. Là où Traqué devient l’étalon du genre c’est dans son approche naturelle de l’angoisse, de l’attente, de l’observation. La musique est parfois utilisée pour faire monter la pression mais souvent ce sera le bruit de l’action qui la guidera, qui nous guidera, dans cet univers violent où les sens sont convoqués, trop pour le simple humain. La séquence finale devant la cascade est un monument d’action « face to face » sublime. Donc déjà en terme de film d’action, Traqué est largement réussi puisqu’il est sans temps morts, il s’affranchit entièrement de ce qui fait foirer un film de ce genre 99 fois sur 100, comme les sentiments, la vie personnelle, l’humour décalé (ce n’est pas toujours un mal, Die Hard en est la preuve, mais ici ce n’aurait pas été judicieux), l’abondance d’effets et de coups improbables. Et il y a quelque chose à laquelle je ne m’attendais pas. Le film de Friedkin, outre le fait d’être dotée d’une mise en scène habile, comme c’est souvent le cas chez le bonhomme, parle aussi de la guerre, des méfaits du conditionnement, et replace l’homme à un état animal où l’homme civilisé (représenté ici par les agents, qui tombent comme des mouches) n’est plus rien, où alors simplement réduits à l’état de spectateur. L’histoire se jouera donc entre ces deux hommes, une sorte de combat père/fils (l’un ayant entraîné l’autre à traquer, à tuer), en milieu ouvert, un combat aux poings et au couteau bien entendu. On ne peut même pas qualifier ce retour à l’état animal de réducteur puisqu’il montre l’humain faible, doté d’aucun pouvoir quand il est en jungle. Il y a un retournement des valeurs, ou plutôt de la puissance. L’animal/Le loup/Bénicio del Toro semble intouchable, guidé par ses instincts, commandés par la nature, et dans son milieu, seule une personne pourra l’affronter, l’homme/l’animal qui l’a crée. Tommy Lee Jones, cheveux grisonnants, barbe à la Abraham, a rajeunit de dix ans, il est épatant. Bénicio del Toro, méconnaissable, « louifié » est hallucinant en Rambo meet Colonel Kurtz.

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