Z32 – Avi Mograbi – 2009

Z32 - Avi Mograbi - 2009 dans Avi Mograbi mograbi_Z32

Après la guerre.     

   7.0   Commençons par dire que Z32 est une expérience cinématographique fascinante, au départ très exigeante, même destabilisante, mais finalement d’une intelligence hors du commun, qu’il est un ovni, à l’image de son affiche, dans le paysage actuel.

     Car le film de Mograbi a de quoi troubler dans ses premiers plans. On y voit un couple qui explique qu’ils vont se filmer, mais appréhendent de le faire. Ces deux personnages, on s’en doute assez vite, véritables personnages d’une histoire vraie, ont les visages floutés. Mograbi a dû réfléchir à cette technique évidemment puisque le gars qu’il met en scène n’a pas comme dessein premier de se faire filmer, au contraire. Afin de s’affranchir des règles qui régissent les reportages spéciaux, où systématiquement l’on ôte le visage de la personne, nous empêchant quoiqu’il arrive de comprendre, saisir des émotions. Mograbi floute ses visages au départ. Ensuite une partie des visages seulement. Ainsi l’on y verra les bouches et le nez, pas les yeux évidemment. En sorte que l’on identifie le protagoniste en même temps que l’on y découvre son visage. Par la suite l’on verra ce visage à travers un masque, puis ce visage entier, mais pas le sien, un autre, celui d’un acteur. Le dispositif technique est en lui-même déjà passionnant, sur l’évolution de l’histoire comme pour notre attachement à ce fait divers.

     Z32 c’est le nom de code, le matricule de ce soldat, qu’il avait durant la guerre Israël/Palestine. Même le titre semble nous éloigner d’une quelconque prise de vue humaine, pour finalement s’en rapprocher peu à peu. Durant une mission répressive, ce soldat accompagné d’autres, ont vidé leur chargeur sur un palestinien désarmé en pleine banlieue. Ce soldat, rongé par la culpabilité d’avoir tué, et surtout d’y avoir pris du plaisir, recherche le pardon. Celui de sa copine d’abord. Et le nôtre ensuite.

     Le montage adopté par Mograbi est très intéressant. On y voit des discussions intimes entre ce soldat et son amie. On y voit des confidences face caméra. On y voit des retours sur les lieux très ensoleillés du drame, filmé en quasi documentaire comme dans le dernier magnifique Je veux voir. On y voit aussi Mograbi chanter, accompagné d’une troupe de musicien, chanter une hymne au pardon, à la tolérance, dans une voix monotone exprimant tout le mécontentement possible face au conditionnement des soldats, devenus machine à tuer, les sentiments s’y mêlant. Car dans de nombreux films on nous dit que le soldat en guerre ne pense pas. Mais bien sur que si il pense. Il pense tout simplement différemment, il pense en guerrier. Et rien que pour avoir tenté et réussi à mettre cela en scène, je tire mon chapeau à Avi Mograbi.

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