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Archives pour 3 novembre, 2009

The Descent : Part 2 – Jon Harris – 2009

the-descent-part-2   3.0   Pour faire court et de mauvais goût, on pourrait dire que la recette est usée, qu’en fin de compte Marshall n’avait laissé aucune miette pour une quelconque suite, que son The Descent était un chef-d’œuvre du genre, donc qu’immanquablement celui-ci n’innove pas, n’éprouve pas, se révèle complètement inutile, donc qu’il n’y a guère besoin qu’on en parle.

     Sauf que cette suite mérite un peu plus que ça. Je pense sincèrement qu’elle est ratée, qu’elle avait un fort potentiel en ayant comme postulat de base de se situer quelques minutes après la fin du premier. Le problème du coup c’est que Jon Harris se perd dans un déluge d’incohérences qui n’a d’égal que sa paresse dans des situations censées être les plus délicates (Sarah face aux monstres, la fille enfermée entre deux éboulements…). La bonne idée est d’avoir fait revenir Sarah, lui faire affronter à nouveau ce qu’elle a vécu – avec une légère amnésie, vouée à disparaître – mais ça ne colle pas, il est impossible que Sarah, dans l’état où elle se trouve, soit contrainte de redescendre. L’autre bonne idée c’est le caméscope – à la mode ces derniers temps au cinéma : Cloverfield, Rec, Diary of the dead… – laissé à l’abandon un peu plus tôt. Et il fonctionne très bien ! Qu’on me trouve des caméras avec une autonomie pareille, qui plus est dans un lieu pareil !

     Il y avait aussi un truc systématique mais important que Neil Marshall avait compris, que Jon Harris délaisse, c’est le temps accordé aux personnages à l’écran. Le montage était prodigieux dans le premier, principalement dans la partie où elles se retrouvent toutes séparées, on voyait chacune d’elles, personne n’était de côté. Harris se plante aussi à ce niveau là, le personnage du shérif en est l’exemple flagrant. C’est monsieur catastrophe, le boulet de la bande mais on le voit que très peu, pourtant il est à l’origine du premier désastre (le coup de feu) et pire encore, il est présent (vivant) durant très longtemps. Il y a donc un problème de gestion temporelle. Aussi la fin est bien amenée, on se retrouve ‘entre nanas’ comme avant, tout se joue sur les silences, mais une fois encore c’est brouillon, c’est bâclé.

     The Descent restera pour moi le film avec des femmes, seulement des femmes, comme The Thing de Carpenter était un film qu’avec des hommes. Ce deuxième volet trahit cette idée lumineuse de filles entre elles, d’amies entre elles, pour une fois nous n’avions pas d’histoires de couples à gogo, avec des flash-back incessants, des engueulades à tire-larigot. Mais malheureusement il a fallu que l’on envoie ce shérif républicain, barbu et répugnant, et ces deux play-boys bodybuildés écervelés. Quoiqu’il en soit certains auront leur lot de sursauts mais pour le reste c’est un peu le point mort. Dommage parce que j’y croyais.

The descent – Neil Marshall – 2005

the-descent-01La grotte des rêves perdus.

   8.5   Qui se demande s’il doit tenter ou non la spéléo ne doit pas regarder The Descent, auquel cas il serait vite fixé! Neil Marshall annihile toute envie ou curiosité, son film est tout simplement l’un des plus éprouvants de ces dernières années, aux côtés de La colline a des yeux remake du Craven par Alexandre Aja, Eden Lake de James Watkins ou encore Martyrs de Pascal Laugier.

     The Descentc’est un sujet en or, pas au sens facile (quoique ?) mais au sens où l’on se demande comment personne n’avait pu y penser plus tôt. Faire un film d’horreur en dessous la surface de la terre. Evident. Le climat est propice au genre, car obscur, inconnu, claustrophobique, et c’est un lieu qui intensifie nos angoisses car on ne le connaît pas, un peu comme si nous étions en pleine mer (Open Water) ou dans l’espace (Alien). D’un point de vue de l’image donc ça fonctionne à merveille, on a les jetons toutes les cinq secondes ! Mais ce qui marche encore davantage, ce qui fera à l’avenir The Descent comme un étalon du genre, c’est le travail sonore. Cette ambiance poisseuse, très humide, caverneuse incroyablement bien rendu, où l’on a cette impression d’être plongé dans les ténèbres (alors que peu avant nous étions dans une forêt en plein jour, bref bien sur la Terre !), un lieu qui prendrait une apparence humaine intérieure, un lieu fait d’organes, de boyaux, d’eau et de sang. Une descente dans les enfers, les entrailles de l’âme. Un ‘désacouchement’.

     En guise d’entrée, le cinéaste nous sert trois séquences intéressantes, quelque peu détachées du film, mais qui ont une importance : Tout d’abord back to The river wild (with Meryl Streep) où l’on découvre six femmes dans un rafting affrontant vagues et courants sans défaillir. Le montage est syncopé mais l’idée de montrer un groupe d’amies soudé et fédérateur est bien présente. Une seconde scène, cette fois on semble s’intéresser tout particulièrement à la jeune femme blonde, Sarah, dans la voiture avec son mari et sa fille. La petite famille est pleine de vie, dynamique, banal retour ? Non, moment d’inattention, accident, que l’on sait d’emblée mortel pour l’homme, un truc en ferraille lui ayant traversé le crâne. Première scène d’horreur, très forte, Marshall donne le ton. Dans la suivante, la jeune femme est à l’hôpital, elle est sonnée, peut-être à moitié folle, et apprend que sa fille ne s’en est pas sortie non plus. Dramatisation poussée avec gros plans sur les yeux, les larmes de ses amies, ce n’est pas génial mais ça fait son effet, et surtout ça a le mérite de ne pas s’éterniser. Un prologue rapide, de cinq minutes, qui pose les bases. Un an plus tard les six jeunes femmes sont reparties, cette fois ci pas pour affronter les courants, mais les grottes souterraines. Voyage dans Les Appalaches qui semble surtout être destiné à guérir les maux de Sarah qui ne s’est apparemment jamais remise des évènements. Certains prendraient du valium, d’autres s’évaderaient sous les cocotiers, nos six casse-cou partent en spéléo !

     Dans la première partie de cette aventure spéléologique exclusivement féminine, le cinéaste installe une tension par certains sursauts classiques et d’autres peurs primaires que le genre connaît. Mais nul besoin d’en faire des caisses car l’endroit suffit à nous rendre nerveux, on sait que ça peut s’ébouler à tout moment pourtant une par une les filles passent dans les endroits les plus étroits, on sait qu’on ne sort pas de là-dessous comme ça, qu’il y a des codes à respecter, qu’il faut beaucoup de patience, de sang-froid. Bref, rien de pire pour stimuler nos nerfs. Voilà nos six amies progressant dans les tréfonds terrestres, qui s’éclatent et s’envoient des vannes. Et Marshall qui fait des plans de dingue. Certes il abuse de la lumière intempestive mais elle n’est pas grandiloquente, on ne s’en rend pas compte la première fois, c’est lors de la seconde vision qu’on se demande parfois d’où proviennent certaines sources lumineuses. Enfin le début, on a l’impression d’y être. Puis Sarah commence à voir quelque chose d’anormal, une présence qui se fond dans les couleurs murales. Est-ce vrai ou bien est-ce son esprit qui lui joue des tours ? Inutile d’avancer que ses camarades ne la croiront pas tout de suite – Sarah reste Sarah, la fille traumatisée – retardant encore davantage leur éventuelle sortie.

     C’est dans la deuxième partie que le tour de force du cinéaste atteint son apogée. Le trouillomètre est alors à son maximum et pourtant il nous a fait flipper pendant 45 minutes avec rien. Je ne préfère pas dévoiler des clés importantes de l’intrigue, diminuant du même coup certains effets émotionnels, mais disons qu’entre trahison, sacrifice, achèvement, accident, violence musclé, perforations, éclats de chair, effusion de sang… on est servis, Neil Marshall s’en est donné à cœur joie. Les effets spéciaux sont d’ailleurs excellents. C’est un film très fort, très tendu jusqu’à son générique, vraiment, très éprouvant – on en sort avec des suées -, extrêmement physique, qui oscille entre situations de gore ultime et longs moments de silence, unique arme pour faire face à des monstres aveugles. Avec en prime cette femme sonnée depuis un an, dont on ne sait si les visions/souvenirs/rêves vont l’aider à s’en tirer ou tout le contraire.


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