3.0 Pour faire court et de mauvais goût, on pourrait dire que la recette est usée, qu’en fin de compte Marshall n’avait laissé aucune miette pour une quelconque suite, que son The Descent était un chef-d’œuvre du genre, donc qu’immanquablement celui-ci n’innove pas, n’éprouve pas, se révèle complètement inutile, donc qu’il n’y a guère besoin qu’on en parle.
Sauf que cette suite mérite un peu plus que ça. Je pense sincèrement qu’elle est ratée, qu’elle avait un fort potentiel en ayant comme postulat de base de se situer quelques minutes après la fin du premier. Le problème du coup c’est que Jon Harris se perd dans un déluge d’incohérences qui n’a d’égal que sa paresse dans des situations censées être les plus délicates (Sarah face aux monstres, la fille enfermée entre deux éboulements…). La bonne idée est d’avoir fait revenir Sarah, lui faire affronter à nouveau ce qu’elle a vécu – avec une légère amnésie, vouée à disparaître – mais ça ne colle pas, il est impossible que Sarah, dans l’état où elle se trouve, soit contrainte de redescendre. L’autre bonne idée c’est le caméscope – à la mode ces derniers temps au cinéma : Cloverfield, Rec, Diary of the dead… – laissé à l’abandon un peu plus tôt. Et il fonctionne très bien ! Qu’on me trouve des caméras avec une autonomie pareille, qui plus est dans un lieu pareil !
Il y avait aussi un truc systématique mais important que Neil Marshall avait compris, que Jon Harris délaisse, c’est le temps accordé aux personnages à l’écran. Le montage était prodigieux dans le premier, principalement dans la partie où elles se retrouvent toutes séparées, on voyait chacune d’elles, personne n’était de côté. Harris se plante aussi à ce niveau là, le personnage du shérif en est l’exemple flagrant. C’est monsieur catastrophe, le boulet de la bande mais on le voit que très peu, pourtant il est à l’origine du premier désastre (le coup de feu) et pire encore, il est présent (vivant) durant très longtemps. Il y a donc un problème de gestion temporelle. Aussi la fin est bien amenée, on se retrouve ‘entre nanas’ comme avant, tout se joue sur les silences, mais une fois encore c’est brouillon, c’est bâclé.
The Descent restera pour moi le film avec des femmes, seulement des femmes, comme The Thing de Carpenter était un film qu’avec des hommes. Ce deuxième volet trahit cette idée lumineuse de filles entre elles, d’amies entre elles, pour une fois nous n’avions pas d’histoires de couples à gogo, avec des flash-back incessants, des engueulades à tire-larigot. Mais malheureusement il a fallu que l’on envoie ce shérif républicain, barbu et répugnant, et ces deux play-boys bodybuildés écervelés. Quoiqu’il en soit certains auront leur lot de sursauts mais pour le reste c’est un peu le point mort. Dommage parce que j’y croyais.