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Archives pour 11 novembre, 2009

The Box – Richard Kelly – 2009

The Box acteursDilemme.    

   7.5   Un couple reçoit une mystérieuse boite. Une boite vide avec un bouton rouge sur le dessus. Ils ont alors vingt-quatre heures pour faire leur choix : soit ils appuient et reçoivent un million de dollars mais une personne dans le monde mourra par leur faute instantanément. Ou alors ils n’appuient pas, n’ont rien, la boite est reprogrammée et atterrira chez quelqu’un d’autre.

     C’est le point de départ, le pitch de The box, le nouveau film du réalisateur de Donnie Darko et Southland Tales. Pour son troisième film il tire cette idée d’une nouvelle de Matheson. C’est alléchant, quoique très enfantin, et c’est comme une évidence que j’ai beaucoup pensé au cinéma de Shyamalan, qui par chacun de ses films attire la curiosité et pour beaucoup ne répond pas aux attentes. Il y donc dans ces deux cinémas quelque chose de très stimulant, de très construit, se situant à la barrière entre réel et fantastique. En cela, ces récits initiatiques provoquent une identification immédiate (en l’occurrence l’intrusion de cette boite dans la vie de ce couple) rappelant quelque part certains films de Spielberg. Mais, là où le travail de Richard Kelly est vraiment intéressant, à l’instar de son compère Shyamalan, c’est qu’il a aussi sa propre singularité. On va le comparer aussi à Cronenberg, Fincher, à Lynch peut-être mais en fin de compte on se dira que Kelly se suffit à lui-même. Il a sûrement, de part sa culture, été piocher un peu partout, il n’y a pas de référence véritablement évidente, mais elles sont tout de même présentes, dans chaque plan. Tout comme dans son précédent film, Southland Tales (que personnellement je n’aime pas mais passons), film malade, qui n’a pas eu les honneurs d’une sortie cinéma après avoir été accueilli froidement à Cannes, qui avait cette richesse, cette espèce de trip hallucinogène, partait dans tous les sens, sorte d’ovni (incompris ?) qui déjà présentait un monde apocalyptique ! The box est plus classique. Déjà, ne serait-ce que par son accroche il renflouera les caisses. Mais pas sûr que les foules soient pour autant convaincues.

     Il y a deux parties très nettes dans The box. Une première assez géniale, où l’on suit ce couple, ce dérèglement enclenché par l’apparition de cette boite, sorte d’essai philosophique sur les choix humains, précipités par le temps et le besoin de confort. C’est passionnant. Ce suspense, cette tension qui tourne autour de ce bouton, et ce doute conjugal tout de même (l’envers du décor Shyamalanien) quant à la véracité des éventuelles conséquences. La deuxième aussi est très intéressante, mais plus foutraque, sur laquelle j’émettrais quelques réserves. D’abord l’utilisation outrancière de l’étrange. J’aime quand les personnages saignent du nez, tout ce mystère, cette peut autour de Mr Stewart, cette paranoïa régressive qui condame le couple peu à peu. Là ça marche à merveille. Kelly se perd un peu ensuite, à vouloir trop en faire. Faire son Lynch (Inland empire) et moins son Kubrick (Shining). Vouloir nous perdre à tout prix. Nous faire peut aussi, alors que c’est déjà plus ou moins réussi. A vouloir chercher le trop farfelu alors que le récit n’en a guère besoin. L’idée des citoyens-cobayes gérés par une conspiration géante remettant l’avenir de l’humanité en question c’est génial, mais on ne peut s’empêcher d’imaginer un traitement différent, meilleur car plus sobre, moins criard – y aurait-il des relents de Southland Tales ? Peut-être qu’il y a plus d’enjeux qu’on ne le voit à l’écran, tout simplement. Un penchant évident vers des questions philosophiques (les choix possibles, la considération d’autrui, les tentations) basiques, voire un soulèvement mythologique (le principe d’Adam et Eve – n’oublions pas que la femme fait la boucle, par trois fois durant le film (à méditer) – et celui de la boite de Pandore).  Il y a beaucoup de choses à en dire mais je vais m’en tenir là, en attendant de le revoir.

Rapt – Lucas Belvaux – 2009

19189573Chute libre.

     5.5   A l’origine du projet il y a un fait divers, sur lequel le cinéaste s’est beaucoup appuyé, à savoir l’enlèvement du baron Empain, alors PDG du groupe Empain-Schneider en 1978. Dans le film il s’agit de Graff-Peyrac(enfin je crois). Graff comme le nom de cet actionnaire principal du groupe, campé par Yvan Attal, qui n’a rien du baron Empain, et tant mieux.

     Belvaux a choisi de montrer un prologue à cet enlèvement. Afin de nous pencher quelques instants et rapidement sur cet homme, sa vie, tenter de le cerner pour ne pas ensuite avoir une fausse image – une image de médias – et n’éprouver du même coup aucun sentiment à son égard. En somme c’est une revanche pour le cinéaste qui, à l’époque du vrai rapt, suivait cette actualité dans la presse et s’était même dit que finalement c’était bien fait pour lui, cet homme plein de pognons, qui faisait du mal autour de lui. Graff est bien un salaud, avec sa famille surtout, mais il n’en demeure pas moins humain, et c’est ce à quoi Belvaux s’intéresse dans ce film, sa meilleure idée ici selon moi. Graff est un homme speed qui navigue entre sa boite, ses rendez-vous importants, sa passion de la chasse et ses parties de poker. Forcément il ne reste plus de place ou presque pour sa famille. Cette intro est une bonne idée, elle permet d’atténuer l’effet salopard dont la presse rendra ensuite l’image. Cet extérieur qui durant ses deux mois de détention, de souffrance physique et mentale, profite de la situation pour rendre publique ses excès aux tables de jeu, ses parties de jambes en l’air extra-conjugales, même exposer sa fortune totale, la fausse, pas la sienne, celle du groupe.

     Cette détention est pénible, aucun doute là-dessus (n’oublions pas qu’il a un doigt en moins), les ravisseurs de son premier lieu d’enfermement ne sont pas des rigolos c’est une évidence. Au passage il se passe quelque chose d’étrange dans le second lieu, le nouveau ravisseur, moustache grisonnante, accent de la cannebière, a un côté sympa, il laisse davantage de liberté, donne plus à manger, lui offre de faire sa toilette. Il n’en reste pas moins une enflure qui serait capable de le tuer, mais sans souffrance dit-il. Mais une détention pénible qui se révèlera sûrement moins choquante, moins dure que l’accueil glacial qui est lui est réservé à sa sortie. Ses agissements de salauds, on peut le dire, ont nettement pris le pas sur une quelconque inquiétude à son égard. A se demander si lorsque les ravisseurs lui ont demandé s’il préférait mourir ou être relâché, la solution première n’était pas la plus sensée ?

     Yvan Attal est excellent. On nous l’avait vendu comme tel de toute façon mais j’en ai douté disons pendant une heure, où l’on voit pour ainsi dire jamais son visage, ça faisait performance (les cris, les yeux rouges, la perte de poids) mais je me suis rendu à l’évidence. Moyenne en revanche la prestation d’Anne Consigny qui de film en film, a les yeux de plus en plus embués à la Hupert. Quant à l’actrice qui joue la fille aînée, mon dieu, calamité, elle se croit au théâtre ou quoi ?! Autrement dans l’ensemble ça fonctionne assez bien, parfois très bien même, les scènes de violence ou d’action par exemple, un peu moins lorsque l’on rentre dans le cercle familial, voir ci-dessus ! Il y a une sur-utilisation musicale c’est un peu dommage. Mais les dernières minutes sont géniales, elles font éclater la dimension amicale, familiale, professionnelle autour de l’homme meurtri, qui n’aura rien perdu financièrement parlant mais pour le reste…


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