5.5 A l’origine du projet il y a un fait divers, sur lequel le cinéaste s’est beaucoup appuyé, à savoir l’enlèvement du baron Empain, alors PDG du groupe Empain-Schneider en 1978. Dans le film il s’agit de Graff-Peyrac(enfin je crois). Graff comme le nom de cet actionnaire principal du groupe, campé par Yvan Attal, qui n’a rien du baron Empain, et tant mieux.
Belvaux a choisi de montrer un prologue à cet enlèvement. Afin de nous pencher quelques instants et rapidement sur cet homme, sa vie, tenter de le cerner pour ne pas ensuite avoir une fausse image – une image de médias – et n’éprouver du même coup aucun sentiment à son égard. En somme c’est une revanche pour le cinéaste qui, à l’époque du vrai rapt, suivait cette actualité dans la presse et s’était même dit que finalement c’était bien fait pour lui, cet homme plein de pognons, qui faisait du mal autour de lui. Graff est bien un salaud, avec sa famille surtout, mais il n’en demeure pas moins humain, et c’est ce à quoi Belvaux s’intéresse dans ce film, sa meilleure idée ici selon moi. Graff est un homme speed qui navigue entre sa boite, ses rendez-vous importants, sa passion de la chasse et ses parties de poker. Forcément il ne reste plus de place ou presque pour sa famille. Cette intro est une bonne idée, elle permet d’atténuer l’effet salopard dont la presse rendra ensuite l’image. Cet extérieur qui durant ses deux mois de détention, de souffrance physique et mentale, profite de la situation pour rendre publique ses excès aux tables de jeu, ses parties de jambes en l’air extra-conjugales, même exposer sa fortune totale, la fausse, pas la sienne, celle du groupe.
Cette détention est pénible, aucun doute là-dessus (n’oublions pas qu’il a un doigt en moins), les ravisseurs de son premier lieu d’enfermement ne sont pas des rigolos c’est une évidence. Au passage il se passe quelque chose d’étrange dans le second lieu, le nouveau ravisseur, moustache grisonnante, accent de la cannebière, a un côté sympa, il laisse davantage de liberté, donne plus à manger, lui offre de faire sa toilette. Il n’en reste pas moins une enflure qui serait capable de le tuer, mais sans souffrance dit-il. Mais une détention pénible qui se révèlera sûrement moins choquante, moins dure que l’accueil glacial qui est lui est réservé à sa sortie. Ses agissements de salauds, on peut le dire, ont nettement pris le pas sur une quelconque inquiétude à son égard. A se demander si lorsque les ravisseurs lui ont demandé s’il préférait mourir ou être relâché, la solution première n’était pas la plus sensée ?
Yvan Attal est excellent. On nous l’avait vendu comme tel de toute façon mais j’en ai douté disons pendant une heure, où l’on voit pour ainsi dire jamais son visage, ça faisait performance (les cris, les yeux rouges, la perte de poids) mais je me suis rendu à l’évidence. Moyenne en revanche la prestation d’Anne Consigny qui de film en film, a les yeux de plus en plus embués à la Hupert. Quant à l’actrice qui joue la fille aînée, mon dieu, calamité, elle se croit au théâtre ou quoi ?! Autrement dans l’ensemble ça fonctionne assez bien, parfois très bien même, les scènes de violence ou d’action par exemple, un peu moins lorsque l’on rentre dans le cercle familial, voir ci-dessus ! Il y a une sur-utilisation musicale c’est un peu dommage. Mais les dernières minutes sont géniales, elles font éclater la dimension amicale, familiale, professionnelle autour de l’homme meurtri, qui n’aura rien perdu financièrement parlant mais pour le reste…
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