7.5 Quand je pense à John Hugues j’ai en tête cette merveilleuse journée de colle où il se jouait de tous les clichés possibles et de séquences dansantes hallucinées pour déployer sa fine histoire sur la connaissance, le dialogue. Je parle bien sûr de Breakfast Club. Dans cette journée maudite on a six élèves. Six ados que tout sépare et qui à première vue se détestent tous plus ou moins. Puis, par les circonstances offertes par la punition, ils vont être amenés à se jouer de leur prof surveillant ensemble, à s’engueuler ensemble, à fumer un joint ensemble, à danser ensemble, à discuter ensemble. Car c’est toute la légèreté du film de Hugues : aspect terriblement anodin qui déploie toute sa dimension du sentiment adolescent, de son malaise dans une séquence absolument formidable de discussion en cercle. On retrouve le même style de Hugues dans Sixteen candles, très touchant sur la fin, un peu moins dans l’intensité tout de même. Mais cette fois il y a des adultes. Des adultes au sens souche familial je veux dire. Les enfants ne sont plus abandonnés à eux-mêmes véritablement, ils grandissent d’un coup en présence des grands. Enfin c’est un grand mot car le film s’ouvre sur cette fille qui n’en revient pas que ses parents ne lui souhaitent pas son seizième anniversaire – ils sont bien trop occupés à préparer le mariage de sa sœur qui a lieu le lendemain. On est par ailleurs très surpris de retrouver le petit acteur de Kramer vs Kramer, cinq ans après, dans le rôle beaucoup plus désagréable du petit frère casse-pieds. Quoi qu’il en soit Samantha doit faire avec – ou sans – et partir au lycée. Puis exit l’oubli d’anniversaire, on parle d’une boum ci et là pour ce soir et entre-temps Sam a laissé tomber un quiz sexuel anonyme dans lequel elle écrivait qu’elle voulait coucher avec Jake Ryan, le beau-gosse du lycée, qui bien entendu l’a ramassé derrière elle ! Ensuite il y aura une rencontre avec un petit branleur bien relou. Puis cette fameuse soirée. Les cartes ne sont pas entièrement distribuées, on croit voir se dessiner un semblant d’histoire, où la jeune fille utiliserait l’un pour choper l’autre, avant de finalement reprendre le branleur débile car finalement gentil. Hugues est très fort car ça ne se passera pas du tout comme ça, mais alors pas du tout. Il y aura même l’intervention de la copine de Jake laquelle, cantonnée au statut de simple poupée du lycée au départ, se révèlera plutôt déroutante. C’est ce que j’aime ici, cette faculté à ne pas suivre un chemin tracé. Cette capacité à abattre les cartes avant de les ramasser et de les redistribuer. La kyrielle de personnages que nous offre Hugues est géniale, il y a un intérêt pour chacun d’entre eux, parfois antipathiques au départ, qui finalement se révèlent être passionnant. Hugues les fait entrer en scène de façon banale, comme dans un teen-movie banal on va dire, mais arrive à faire d’eux quelque chose d’extraordinaire, qu’en fin de compte seul la bande Apatow aujourd’hui, dans un genre similaire, a su égaler.
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