Je t’aime, je t’aime.
8.5 Ce pourrait être ça les choses de la vie selon Sautet, un accident de voiture. Une jaguar lancée à pleine vitesse qui tente d’éviter un camion qui a calé et s’en va faire des tonneaux dans le fossé. Six secondes où tout bascule. Piccoli le premier, réduit à l’état de marionnette désarticulée. Mais le cinéaste utilise cet événement pour saisir chaque petits instants qui marquent l’existence. Piccoli est là, allongé dans l’herbe, sur le point de mourir et se souvient. C’est avant tout une double liaison. Ce sont des problèmes professionnels. Des rencontres. Des moments intimes. Tout se mélange, se confond. L’accident s’insère ici ou là. Certaines personnes apparaissent puis réapparaissent. D’autres sont là alors qu’ils ne devraient pas être là. La moitié du temps ce seront des souvenirs qui démarreront en voiture comme si l’accident les reliait inévitablement. Il y a aussi cette histoire de voyage. Cette histoire de lettre. Piccoli doit s’en aller avec une femme, quitter l’autre. C’est une mémoire sélective, presque aussi brève que ces six cruelles secondes. Lorsque l’une trouvera la lettre – qui était ce à quoi il pensait le plus avant la fin – qui ne lui était pas destinée, elle la déchirera, préservant l’amour, la tristesse infinie de sa concurrente. Somptueux. C’est le fait d’avoir opter pour une non-explication des évènements qui rend le film passionnant. Il n’est pas simple de tout remettre en ordre, il n’est pas utile de le faire d’ailleurs. Comme il n’est pas simple de différencier la femme de la maîtresse. Tout simplement car il s’agit d’un film de sentiments, de pulsions retranscrits tel un patchwork mémoriel. Ce sont seulement des bribes d’existence dans la tête d’un homme aussi chamboulé durant ces six secondes fatidiques que pendant toute sa vie.
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