6.5 Il y a les films de deuil (Après lui, Shara, La chambre du fils…) qui mêlent lente agonie et espoir enfoui et il y a les films de disparition (L’avventura, A propos d’Elly, Sous le sable…) où il ne peut justement y avoir deuil tant qu’il n’y a pas réalité matérielle. Dans les deux premiers films de ma seconde parenthèse plane, logiquement, la possibilité d’une disparition accidentelle ou planifiée. Une mort injuste ou la volonté de se faire passer pour mort afin de changer de vie. Sous le sable déploie davantage car il y a aussi la possibilité que cet homme se soit suicidé. C’est même ce qui semble peu à peu être le plus plausible (médicaments douteux à l’appui). Il y a au moins une scène formidable dans le film c’est la rencontre avec la belle-mère, soit la mère du disparu. C’est un échange difficile qui en dit long sur l’instabilité – au sens entente fantaisiste – du couple. L’idée d’un départ volontaire n’a pas effleuré l’esprit de cette femme et pourtant c’est bien ce que lui assène sa belle-mère, qui voyait en son fils un être malheureux dans son couple. Auparavant nous observons cette femme qui ne pratique aucun deuil. Les quelques échanges avec des amis laissent penser que la vie a repris son cours. Elle semble aller mieux même si elle continue de parler de son mari au présent. Elle continue de vivre avec, se l’imagine, parle avec lui, n’a rien changé dans sa vie. Jusqu’à ce que le drame tant attendu pointe le bout de son nez : un corps a été repêché et pourrait très bien correspondre au signalement initial de cette femme, qui n’a désormais probablement plus envie de connaître la vérité. Ces larmes finales sur la plage peuvent vouloir dire deux choses : soit ce sont des larmes de joie, le corps retrouvé n’étant vraiment pas celui de son mari elle va continuer de vivre à ses côtés, de l’imaginer. Soit ce sont des larmes de joie mitigée, où pour ne pas sombrer cette femme s’est convaincue d’un mensonge. Son mari serait bien celui retrouvé, mais elle se serait persuadée du contraire afin de préserver l’entente éternelle avec son fantôme. J’aime l’idée d’une manière générale, c’est un film d’Ozon qui me parle, plutôt rare. Malheureusement il y a ça et là des choses plus grossières comme cette scène de visite d’appartement qui donne sur un cimetière. Comme souvent Ozon s’étouffe sous ses symboles, son film en pâtit. Heureusement qu’il a une actrice, superbe Charlotte Rampling. Heureusement qu’il a un lieu, Les Landes, car se faire bercer durant une bonne partie du film par le bruit des vagues c’est un point très positif, en ce qui me concerne.
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