Point de fuite.
6.0 Voilà comment faire un film avec trois bouts de ficelles. S’il fallait grossièrement en évoquer d’autres je dirais qu’il est un mix improbable entre Sattouf et Mouret. Il y a la pertinence et l’humour crue de l’un pour l’élégance et l’humour absurde de l’autre. Alors il faut le voir d’une part pour Valérie Donzelli, réalisatrice, mais aussi ici actrice formidable. Il faut le voir pour Jérémie Elkaïm qui embrase littéralement l’écran, interprétant quatre rôles différents, alors qu’il les joue tous dans l’emphase avec une drôlerie hallucinante. Et voir le film pour le bonheur qu’il procure. C’est un film fauché, mais vraiment fauché hein, pas ce genre de film faussement fauché cool, non là c’est vraiment un film complètement barré, parfois moche, plein de non-sens et de faux raccords. C’est d’autant plus formidable que le scénario de base est d’une banalité déconcertante. Mais la réalisatrice dynamite cette légèreté triviale et livre un film ovni. Où il y a de l’inventivité dans chaque plan, à chaque minute. Je n’avais probablement pas autant ri – à gorges déployées, vraiment – depuis, justement, Les beaux gosses de Riad Sattouf. Je n’avais pas reçu une telle brise de légèreté aérienne pleine de charme burlesque depuis Fais-moi plaisir d’Emmanuel Mouret. C’est aussi un film qui donne envie de baiser. Je ne sais pas, moi ça m’a donné envie pendant tout le film, sans doute est-ce dû à la liberté sexuelle ouverte qu’il dégage. C’est un film sur le retour à la vie qui pourrait être une odyssée banale de trentenaire en mal d’amour, avec prise au sérieux ou humour graveleux, au choix. Au contraire, c’est un film très simple et complètement détaché qui file une pêche incroyable.
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