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Archives pour 13 avril, 2010

Mysterious object at noon – Apichatpong Weerasethakul – 2000

Mysterious object at noon - Apichatpong Weerasethakul - 2000 dans Apichatpong Weerasethakul Mysterious+Object+At+Noon Liberté !     

   6.5   Le cinéaste thaïlandais filme son pays. Mysterious object at noon est un film sur la route, en mouvement en permanence. Le prétexte pour capter le vrai c’est une histoire de garçon infirme et de son professeur dont le cinéaste demande à ses interprètes amateurs de poursuivre. Face caméra chacun nous en apprendra un peu plus à chaque fois. Il y a une liberté absolue dans ce film, tout le cinéma du cinéaste, aujourd’hui ayant acquis une renommée mondiale, se trouve ici. On embarque une pirogue sur un fleuve comme dans son futur court-métrage Luminous people. On y voit un peu de foot (sorte de tennis-ballon en l’occurrence) comme dans le sublime Phantoms of Nabua, segment de Primitve. On y parle d’un tigre dangereux, Tropical Malady n’est pas loin. Mysterious… s’ouvre de la même manière que la transition mi-film de Blissfully yours. Cette liberté se trouve partout, dans chaque plan. Dans le fait de filmer des enfants par exemple qui se prêtent au jeu, certains sérieusement, en racontant vraiment une histoire et de façon passionnante, d’autres en lorgnant la caméra d’un air dubitatif, d’autres encore avec une banane permanente. Dans le fait de filmer deux filles muettes qui racontent l’histoire avec leurs signes. On a l’impression qu’il n’y a pas de manière de faire prédéfinie. Ce serait peut-être ça le cinéma de Weerasethakul, le cinéma moderne même. S’ils ne connaissent pas l’histoire, la suite de l’histoire, le cinéaste leur demande d’inventer. L’important c’est la parole. A l’économie totale d’effets superflus, Apichatpong Weerasethakul observe aussi très souvent des moments de silence, pour contrer les monologues. Il préfère utiliser le sous-titrage en guise de voix-off. Et à d’autres moments il filme ce qu’il a devant lui. La vie en Thaïlande. Il filme aussi ce garçon infirme et son professeur comme si nous y étions, naviguant entre réalité, récit d’une réalité ou d’une fiction et fiction. Des enfants qui jouent au foot et qui se baignent dans le fleuve. Un type qui tente de vendre ses maquereaux. Le mouvement dans la ville. Puis celui de la campagne. Il y a comme ça quelque chose de très direct, comme si l’on filmait sous le manteau, et pourtant l’esthétique – bien que l’image ne soit pas aussi belle que dans ses films suivants – reste remarquable. 

The limits of control – Jim Jarmusch – 2009

The limits of control - Jim Jarmusch - 2009 dans Jim Jarmusch the-limits-of-control_5     8.0   Le dernier film de Jim Jarmusch n’est pas facile à définir. On est pourtant bien chez Jim pas de doutes possibles. Cinéma de l’errance métaphysique, du dialogue rare et habité, cinéma du vide aussi. The limits of control c’est un peu comme son titre l’indique le film total du cinéaste, celui où il repousse ses propres limites, peut-être celui où on le retrouve le plus depuis Permanent Vacation. Parce qu’on le sent se délester de tout. Filmer, ne rien contrôler. Parcourir son film (comme son œuvre entière d’ailleurs) de moments contemplatifs, de touches humoristiques, de ses runnings gags coutumiers, ses dialogues sans issue. S’il peut faire l’effet d’un film caricatural il n’en est pas moins l’un des plus passionnants que le cinéaste ait eu à nous offrir.

     Passionnant par sa musique d’une part. Et de son utilisation. La musique de Sunn O))) n’aurait jamais pu être si bien utilisée que chez Jarmusch, et ces images ralenties, où il nous envoûte, nous hypnotise. Cet homme rencontre chaque fois une nouvelle personne, généralement à la terrasse d’un café, où il prend systématiquement deux expresso. Chacun a sa personnalité. Chacun lui parlera brièvement ou davantage d’un sujet en particulier. Une opinion sur le cinéma ou la peinture. Ou une sur les molécules, une autre sur les hallucinations. Discret, excentrique, expressif, peu bavard, intéressant, artificiel. La plupart questionneront notre homme (on ne saura jamais son nom) se laissant aller à des opinions et suppositions aussi géniales qu’imperméables. L’une d’entres elles se contentera de lui montrer ses nibards. Mais tous auront cet échange à faire. Une mystérieuse boite d’allumettes. A chaque fois. Chaque mot – depuis la première entrevue – a une importance capitale. Chaque objet aussi. C’est un film qui avance comme on reconstituerait un puzzle. Un puzzle blanc, immaculé, sans issue, sans lendemain. A l’image de cette toile recouverte d’un drap blanc à la fin du film. Tous ces personnages qui interagissent, participent à un échange dans l’unique but d’emmener notre homme à destination.

     Certaines rencontres sont fabuleuses. Ne serait-ce que la première par exemple, où notre homme apprend les paramètres de sa mission par deux types un peu bizarres, joués par Alex Descas et Jean-François Stevenin, le premier débitant tout un tas de dialectes en gerbant des phrases dont on ne comprend pas grand chose, du moins pour le moment, le second se contentant de traduire. La rencontre avec Tilda Swinton et son avis du cinéma aussi. La merveilleuse et bandante rencontre avec Paz de la Huerta. Et la rencontre finale bien entendu.

     The limits of control parle de pas grand chose. Mais il est habité d’une ambiance remarquable. Le genre d’ambiance que l’on garde en tête post visionnage. Comme si l’on avait participé à une séance d’hypnose ! 


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