8.0 Le dernier film de Jim Jarmusch n’est pas facile à définir. On est pourtant bien chez Jim pas de doutes possibles. Cinéma de l’errance métaphysique, du dialogue rare et habité, cinéma du vide aussi. The limits of control c’est un peu comme son titre l’indique le film total du cinéaste, celui où il repousse ses propres limites, peut-être celui où on le retrouve le plus depuis Permanent Vacation. Parce qu’on le sent se délester de tout. Filmer, ne rien contrôler. Parcourir son film (comme son œuvre entière d’ailleurs) de moments contemplatifs, de touches humoristiques, de ses runnings gags coutumiers, ses dialogues sans issue. S’il peut faire l’effet d’un film caricatural il n’en est pas moins l’un des plus passionnants que le cinéaste ait eu à nous offrir.
Passionnant par sa musique d’une part. Et de son utilisation. La musique de Sunn O))) n’aurait jamais pu être si bien utilisée que chez Jarmusch, et ces images ralenties, où il nous envoûte, nous hypnotise. Cet homme rencontre chaque fois une nouvelle personne, généralement à la terrasse d’un café, où il prend systématiquement deux expresso. Chacun a sa personnalité. Chacun lui parlera brièvement ou davantage d’un sujet en particulier. Une opinion sur le cinéma ou la peinture. Ou une sur les molécules, une autre sur les hallucinations. Discret, excentrique, expressif, peu bavard, intéressant, artificiel. La plupart questionneront notre homme (on ne saura jamais son nom) se laissant aller à des opinions et suppositions aussi géniales qu’imperméables. L’une d’entres elles se contentera de lui montrer ses nibards. Mais tous auront cet échange à faire. Une mystérieuse boite d’allumettes. A chaque fois. Chaque mot – depuis la première entrevue – a une importance capitale. Chaque objet aussi. C’est un film qui avance comme on reconstituerait un puzzle. Un puzzle blanc, immaculé, sans issue, sans lendemain. A l’image de cette toile recouverte d’un drap blanc à la fin du film. Tous ces personnages qui interagissent, participent à un échange dans l’unique but d’emmener notre homme à destination.
Certaines rencontres sont fabuleuses. Ne serait-ce que la première par exemple, où notre homme apprend les paramètres de sa mission par deux types un peu bizarres, joués par Alex Descas et Jean-François Stevenin, le premier débitant tout un tas de dialectes en gerbant des phrases dont on ne comprend pas grand chose, du moins pour le moment, le second se contentant de traduire. La rencontre avec Tilda Swinton et son avis du cinéma aussi. La merveilleuse et bandante rencontre avec Paz de la Huerta. Et la rencontre finale bien entendu.
The limits of control parle de pas grand chose. Mais il est habité d’une ambiance remarquable. Le genre d’ambiance que l’on garde en tête post visionnage. Comme si l’on avait participé à une séance d’hypnose !
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