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Archives pour 11 mai, 2010

Memories of murder (Salinui chueok) – Bong Joon-Ho – 2004

Memories of murder (Salinui chueok) - Bong Joon-Ho - 2004 dans Bong Joon-Ho memories_of_murder_2-300x200Le tueur sans visage.

   7.5   Hollywood semble planer sur tout le film du cinéaste coréen. Intéressant de voir comment il utilise une méthode que l’on appellera occidentale en y injectant sa culture et son sens de la mise en scène qui lui est propre. D’ailleurs les Américains sont évoqués à de nombreuses reprises durant le film. Ils sont la technologie supérieure, le dernier recours, l’espoir avant de ne devenir qu’une simple mauvaise inspiration. Avant de devenir, eux aussi, inefficaces. C’est un film sur l’indépendance. Parfois même on y voit de la compétition. Le modèle occidental donc, toujours en ligne de mire, mais aussi celui, dans le film, de ces deux policiers. L’un, flic du village, qui semble patauger dans une affaire trop grande pour lui. L’autre, qui lui vient en aide, flic de Séoul, qui semble déjà baigner dans ces fameuses méthodes Américaines. C’est un film sur l’impuissance évidemment, et c’est ici que le film puise son intérêt majeur, n’offrant pour ainsi dire jamais d’espoir, de porte de sortie, à l’image de l’inexistence totale d’indices.

     Bong Joon-Ho joue sur la répétition classique du film de serial killer à la Seven. Deux flics enquêtent, cherchent les preuves, sont en désaccord, arrêtent les mauvaises personnes, tentent d’apprivoiser une dynamique du meurtre. Si, dans le film de David Fincher, ils savaient d’emblée qu’ils se frottaient à un tueur qui exécuterait sept personnes selon une rigourosité méthodique, dans Mémories of murder c’est tout l’inverse. Jamais les deux policiers ne sont en avance. Les empruntes et autres indices sont souvent inutilisables, la pluie efface tout. Elle est omiprésent jusqu’à cette fin sublime sur cette voie de chemin de fer. Alors on s’invente des preuves afin de cantonner le tueur à une manière d’agir récurrente. Le haut rouge par exemple. On ne voit plus que ça un moment donné. Puis une nouvelle victime apparaîtra, elle ne sera pas vêtue de rouge. Il y a comme ça une impression de ne jamais y croire pour le spectateur. C’est cette impuissance qui est forte à mon sens, ces visages paumés durant tout le film. Ces corps qui donnent mais à qui l’on offre rien en échange. Ce vertige perpétuel.

L’histoire est tirée d’un fait divers authentique. Celui du premier serial killer de Corée. Il aurait tué dix personnes, dans un rayon de deux kilomètres, chaque fois un soir de pluie et n’aurait jamais été retrouvé. Le cinéaste coréen adapte ça magnifiquement. Il crée une attente, un suspense, espérant faire croire au spectateur que le tueur est là, sous ses yeux. Finalement plus que Seven, c’est de Zodiac, toujours de Fincher, que Memories of murder se rapproche. Et il a été fait avant. Cette façon de suivre l’enquête qui n’avance pas, qui chaque fois se trompe d’aiguillage. Et en parallèle de parfois suivre, en vue subjective, le nouveau meurtre. Ce que j’aime tout particulièrement ici c’est justement ce cachet réel qui transparaît de cette histoire. C’est la première fois dans un film asiatique, de ce genre, que je vois des flics aussi humains. Bien entendu c’est dû en particulier à cette impuissance redondante mais aussi à leurs comportements pulsionnels. On se fou sur la gueule, on casse plein de trucs, on tabasse les suspects. On tourne en rond. C’est un film humide, il pleut c’est vrai mais on transpire beaucoup aussi. Et c’est toujours basé sur « le tout est possible, tout est suspect ». Il y a une économie d’effets, une économie musicale aussi. Les soupçons tombent puis disparaissent.

Finalement je regrette qu’une seule chose. Que l’on ne s’intéresse pas en profondeur, je veux dire vraiment en profondeur, à ces deux flics, surtout celui de Séoul. Lorsque l’assistant du flic local apprend qu’il doit se faire couper la jambe, il y a climat émotionnel très intense à cet instant. En fait il y a une telle proximité entre les policiers que je trouve dommage de ne pas avoir vraiment tiré parti de ce potentiel, un peu comme l’aurait fait un James Gray par exemple. Je suis donc en admiration, principalement durant la dernière demi-heure, mais ça ne me touche que très peu, excepté la toute fin, qui m’a scié.

Nuages de mai (Mayis sikintisi) – Nuri Bilge Ceylan – 2001

Nuages de mai (Mayis sikintisi) - Nuri Bilge Ceylan - 2001 dans Nuri Bilge Ceylan 21

    7.5   J’ai l’impression que tout le cinéma du réalisateur turc est déjà dans Nuages de mai, long-métrage qu’il réalise au tout début des années 2000. En somme c’est un préquel de Uzak. Dans l’un nous voyons un cinéaste qui souhaite filmer la campagne, son frère qui pense à aller à Istambul. Dans l’autre ils sont tous deux à la ville et ont pour ainsi dire les mêmes difficultés. De toute façon le cinéma de Ceylan est parcouru de personnages qui aspirent à quelque chose en particulier, des personnages à rêves. Nuages de mai est encore plus fort que les autres à ce niveau là puisque c’est probablement son unique film avec tant de personnages. Cependant on reste chez Ceylan, il y a très peu de monde. Et ce sont des histoires de famille. Car il est toujours dans cette optique autobiographique même s’il agrémente son vécu de situations entièrement fictionnelles. Ainsi il y a un jeune cinéaste qui souhaiterait faire dire un texte à ses parents dans une campagne isolée. Il sert de métronome puisque c’est lui qu’on suit pendant quasiment tout le film. On les suit dans ses repérages, dans ses errances, dans ses répétitions, dans son travail. Il y a ce frère qui vient de rater une nouvelle fois son concours et se retrouve à l’usine. Grâce au retour de son frère, il croit que certaines portes lui sont ouvertes, il aimerait tant découvrir la ville. Dans une autre mesure il y a le père, ce paysan, qui n’a qu’une idée en tête c’est d’empêcher le cadastre de détruire la forêt qu’il a toujours connu en voulant s’approprier les terres. Et il y a ce petit garçon qui caresse le doux espoir de se voir offrir une montre musicale en échange de laquelle il a promis de garder un œuf dans sa poche quarante jours durant, sans qu’il se casse, défi que sa grand-mère lui a lancé afin qu’il se responsabilise. Tous ont donc des rêves plus ou moins impossibles. Là je ne parle que de fond même s’il est évident que chez Nuri Bilge Ceylan il s’agit aussi beaucoup d’une affaire de forme. C’est la beauté des images qui fait naître la puissance du récit.


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