8.0 J’aime beaucoup le regard que porte le cinéaste sur cette relation amoureuse atypique dans une Allemagne sclérosée par des principes moraux gerbants et les restes du fascisme. C’est un très beau film, une belle histoire d’amour avec des moments vraiment violents. Je l’ai découvert au cinéma et j’ai ressenti comme un mal aise durant de nombreuses séquences surtout dans les regards, des postures davantage que dans les mots. La dame du dessous ne m’effraie pas par exemple, elle ne fait qu’aboyer. Mais comme Ali le dira aussi, c’est cette autre femme qui me fait froid dans le dos, celle dans laquelle il voit passer la mort dans le regard. J’aime beaucoup l’aiguillage que prend le film par la suite. Lorsque l’on découvre un entourage qui peut passer outre son dégoût quand il est dans le besoin. C’est assez immonde je trouve. Pourtant cette fin est magnifique, alors que jusqu’à l’intervention du médecin on semble naviguer en plein mélodrame sans issue, je ne vois dans ce dernier plan qu’espoir.
- Accueil
- > Archives pour le Mardi 18 mai 2010
Archives pour 18 mai, 2010
Tous les autres s’appellent Ali (Angst essen Seele auf) – Rainer Werner Fassbinder – 1974
Publié 18 mai 2010 dans Rainer Werner Fassbinder 0 CommentairesCréature des temps modernes.
7.0 La première chose à laquelle j’ai pensé en regardant The Host c’est au chemin parcouru depuis Memories of murder, en terme de flamboyance. Attention je ne suis pas en train de dire que celui-ci est meilleur que le précédent, il est même fort possible que je garde un léger faible pour Memories of murder, et surtout pour Mother qui me touche beaucoup plus que les deux autres mais ce qui frappe ici c’est la vitesse avec laquelle on est plongé dans l’intrigue. Trois minutes dans un laboratoire suffisent pour introduire ce qui suivra. Un américain (Bong Joon-Ho n’aime pas trop les Américains) donne l’ordre à son collègue de vider des produits toxiques dans l’évier, tout se déversera dans le Han. Six ans plus tard un monstre marin hybride aura investit les lieux et s’apprêtera à se délecter de la population humaine locale.
Plus qu’un simple film de monstre, The Host est une tragédie de famille. C’est un film de relais. Où lorsque les uns meurent, d’autres prennent la suite, lorsque certains sont arrêtés ou enfermés, d’autres, de la même famille, les remplacent. On craint autant les autorités que la bête dans The Host. Les premiers se révèlent même peu à peu beaucoup plus dangereux, Bong Joon-Ho ne leur offrant pas la poésie qu’il donne à son monstre. Lorsqu’il y a un uniforme à l’écran, il fait peur. Le monstre n’effraie pas, lui, on l’admire plus qu’autre chose. Dans sa singulière façon de se déplacer. Les plus beaux instants du film se situent au tout début lors de son apparition, et le chaos général qu’il procure, sur les berges du Han. La photo est sublime. Puis dans un registre plus fermé, plus glauque, caverneux dans les égouts de la ville, où la bête emporte ses victimes humaines, qu’elle dépose ou dégurgite.
Il y a des choses que j’aime moins. Je n’aime pas trop l’idée de distribution de rôles. Où chaque personnage aurait une importance conséquente, pour ce qu’il sait faire, comme souvent dans les films de Shyamalan par exemple. L’attardé de la famille, narcoleptique chez qui l’anesthésie ne fait pas son effet. Le frère un peu ninja too much sur les bords. La sœur championne de tir à l’arc, très importante dans la séquence finale. Chez Shyamalan ça me plait car il y a tout un dispositif construit autour de ça. On jouit de l’instant. Comme c’est le cas dans La jeune fille de l’eau. Dans The Host ça n’existe pas pour nous faire jouir, c’est là mais un peu inutile, ça pourrait être autrement, plus harmonieux, plus fin. Sans compter que par moment je trouve les jeux un peu limite, caricaturaux. Lors de la séquence cérémoniale avec les photos des victimes j’ai un mal fou à y croire, l’emphase me sort complètement du film. Après je pense que le cinéaste a voulu jouer sur ces deux niveaux : la grande tragédie et un côté burlesque. Enfin c’est évident, il y a de nombreux moments qui prêtent à sourire. Mother fonctionne de la même manière. Mais ça se fond dans un ensemble. Pourtant j’ai déjà envie de le revoir. Pour sa photo et son organisation de l’espace hors du commun. Par moment j’ai pensé à de l’opéra. Spectacle et poésie.