7.0 Je ne suis pas un admirateur de Mendes. Je n’aime pas Les sentiers de la perdition que je trouve molassons et conventionnels, Je n’aime pas Jarhead, film de guerre à deux balles en roue libre, quant à American Beauty, même si je l’aime moins aujourd’hui qu’avant, la faute à sa surenchère permanente et son cynisme ambiant, c’est le seul que je pourrais très facilement réessayer un de ces jours. Mais il est évident, mais carrément évident que Revolutionary Road est son meilleur film. Et de très loin. Tout ce qui me bloque chez lui est ici évacué. Son utilisation musicale est très réduite. Ses montages alternés ont laissé place à une mise en scène très sobre, rappelant celle de Clint Eastwood. L’histoire surtout est palpitante, cette idée du couple qui désire changer de vie, mais se retrouve confronter aux doutes, me fascine parce qu’elle est traitée avec maîtrise. On a pu récemment apprécier ce que faisait James Gray de la pression familiale et son influence sur les esprits tourmentés, on est dans le même système ici. Sauf que les parents ne sont plus. Il s’agit davantage de fierté, de reconnaissance. Et il y a la question de l’argent. Même si dans le fond, n’est ce pas autre chose qui peut ronger ? Cette idée du confort par exemple. Changer de vie n’a rien d’anodin. Et lorsque l’on s’y refuse on peut le payer au prix fort. Dans la dernière partie Mendes refait le Mendes d’American beauty. Mais en plus réussi. Son cynisme est toujours là et bien là, il est juste beaucoup plus travaillé, plus sobre, plus en retenue. Revolutionary Road aurait lui aussi pu s’appeler Les Trois Singes. La fin du film en est clairement l’illustration. Pour survivre à la morosité, mieux vaut ne rien dire, ne rien entendre, ne rien voir. Et surtout éviter la demi-mesure. Le film le plus triste de Mendes.
- Accueil
- > Archives pour le Mercredi 9 juin 2010
Archives pour 9 juin, 2010
Les noces rebelles (Revolutionnary road) – Sam Mendes – 2009
Publié 9 juin 2010 dans Sam Mendes 0 CommentairesMoscow, Belgium (Aanrijding in Moscou) – Christophe Van Rompaey – 2009
Publié 9 juin 2010 dans Christophe Van Rompaey 0 Commentaires4.5 Une femme délaissée (provisoirement, car elle espère qu’il va revenir) par son mari qui est partie avec une minette, est en pleine déprime. Un jour elle se fait défoncer le pare-chocs par un viking baraqué en camion jaune et là on la sent à deux doigts du meurtre! Plus tard, le bonhomme que l’on sent amouraché de la quarantenaire déprimée se propose de lui réparer son coffre de voiture. Réticente au départ, elle accepte ensuite, puis il l’invite à boire un verre, puis elle l’invite à déjeuner, une amitié se créée, avant que ce ne soit davantage! Mais il y a son mari qui dit qu’il va revenir. Il y a ses trois enfants aussi. Attention c’est marrant : le plus jeune aime les avions. Du coup pendant tout le film il lit un livre sur les avions. Le scénariste est pénard en ce qui concerne le premier gosse. La plus jeune des deux filles, elle, aime voir l’avenir dans les cartes. Et elle ne fait que ça. Encore un personnage d’écrit. Et il y a l’ado un peu plus travaillée, mais là on rigole davantage : elle pose des questions déplacées, semble être dans une phase de chieuse, et aussi elle fait un peu garçon manqué. Et donc forcément, dans une séquence où sa mère l’autorise à inviter son petit ami, du moins la personne que sa fille voit tous les soirs, vous avez deviné… c’est une fille aussi. Et la mise en scène fait en sorte que le public se marre. Parfois les nuages sont en accéléré, on a droit à des musiques genre Ti Amo quand le viking lui avoue son amour. Mais, car il y a un mais, je trouve certains moments agréables ce qui le sauve in-extrémis de la purge. Quand nos deux personnages qu’un accident a réunis sont ensemble, quelque chose de vrai ressort. Mais bon l’amour semble condamné à la fin du film (à la différence du Gray) et je me dis que le réalisateur a dû subir pas mal de vestes dans sa vie! Bref, ça se laisse voir quoi. Pas pour découvrir du cinéma, mais pour se détendre. Une sorte de Little Miss Sunshine russo/belge.