L’amour fou.
6.5 Comme bon nombre de films estampillés chef d’œuvre ultime (là j’ai en tête Citizen Kane de Welles ou Métropolis de Lang) L’atalante restera comme une petite déception me concernant, probablement d’une part car j’en attendais énormément, plus que n’importe quel film d’ailleurs, mais aussi car je le pense vraiment, tout n’est pas réussi dans ce film. J’ai un problème avec le personnage qu’interprète Michel Simon. Ce n’est pas tant qu’il prenne une place importante, ou que l’on ne comprenne pas la moitié des mots qui sortent de sa bouche mais surtout qu’il joue, que c’est le seul qui me paraît vraiment jouer, et protéger son jeu dans ce film. Je ne crois donc à rien s’il est à l’écran. Malheureusement il y a toute une partie du film où il devient presque personnage central. Heureusement L’Atalante devient film fabuleux dès l’instant où le couple se délite et que la femme fait une fugue. Il y a un cadrage incroyable déjà quand les personnages se tiennent sur le haut de la péniche. Je reconnais les lieux, l’Oise, les écluses. Et lorsque ce couple est séparé, que l’un déprime sur son bateau en espérant qu’elle reviendra, ne se pardonnant probablement pas sa dureté envers elle, que l’une rêve de son homme qu’elle a quitté sur un coup de folie car elle ressentait un besoin de ville, Vigo opte pour quelque chose d’insensé : Il les fait se coucher dans un lit séparément (en montage alterné) et se toucher mutuellement, comme si de nouveau ils se retrouvaient, ils couchaient ensemble à distance. Je repense encore à cette frénésie amoureuse qui naît essentiellement dans une séquence où un seau d’eau est rempli et que l’homme doit y voir sa bien-aimée à l’intérieur en y ouvrant grands les yeux. Et qu’il répète cela à la fin du film, se jetant de L’Atalante dans l’Oise espérant croiser le regard de sa belle, qui apparaîtra oniriquement en robe de mariée (rappelons qu’il s’agit de leur voyage de noces). Il y a des instants lumineux, incroyables, sortis de nulle part. Si l’Atalante n’est pas la claque que j’imaginais (il n’est rien face à l’Aurore de Murnau à mon sens) il m’en restera des images tout de même, et de grandes images, ce qui n’est déjà pas si mal.
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