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Un condamné à mort s’est échappé – Robert Bresson – 1956

Un_condamne_a_mort_s_est_echappeLe vent souffle où il veut.   

   10.0   C’est le récit d’une évasion. Une évasion qui fonctionne. Dans le premier plan du film, trois lignes sont écrites à la main avec comme fond les murs d’une prison : « Cette histoire est véritable, je la donne comme elle est, sans ornements » Les mots du cinéaste sont limpides, ce n’est pas lui qui fera le spectacle, mais il ne se contentera pas seulement de rapporter les faits, il les fera vivre à l’écran, travaillera les moindres gestes à défaut de vraiment travailler l’espace. Projeter l’attente de façon juste, en fractionnant l’espace (les plans les plus récurrents dans la première partie du film sont des barreaux de cellule, une porte, des lettres sur un mur) et en travaillant avec toutes les sonorités possibles. Le son prend donc une place primordiale puisque c’est lui qui guide l’inquiétude, c’est lui qui accroît le temps d’attente. 

     Fontaine est un membre de la résistance, sous l’occupation. C’est par l’arrestation du jeune homme que le film commence. On sera ensuite à ses côtés durant tout le film. Fontaine a toujours eu comme dessein de s’évader, c’est presque en lui, c’est ce qui lui reste de sentiment de liberté, entre les quatre murs de sa cellule. C’est la libération qu’il recherche, pour la résistance, pour son corps, pour son esprit. Tout le film devient alors une expérience fascinante dès lors que l’on partage ses faits et gestes, sa souffrance dans son travail méticuleux, ses réussites, ses échecs. Par moment on partage sa satisfaction et on se dit qu’il dormira mieux le soir, on souffle avec lui. Par moment il est difficile d’admettre que tout est à refaire, exemple même lorsqu’on le change de cellule. Soulager ses poignets en enlevant des menottes à l’aide d’un trombone, se confectionner une bien belle invention lui permettant de passer et recevoir de la cours des informations à travers les barreaux de sa fenêtre, adopter un langage codé en tapotant les murs afin de discuter avec son voisin, puis plus tard gratter la colle qui retient les planches de sa porte à l’aide d’une cuiller aiguisée, tresser des morceaux de vêtements pour en faire des cordes, tordre du métal pour en faire des crochets, tout devient tellement long, fastidieux, car tout cela est renforcé par la retranscription qu’en fait Bresson, employant la durée du plan, ou la répétition de plans similaires, mais aussi par l’emploi parcimonieux de la voix off, celle de notre prisonnier, qui explique certaines manières de s’y prendre.

     Ces temps-ci je suis justement en train de lire les Notes sur le cinématographe que Bresson écrivait en même temps qu’il tournait jusqu’à leur parution en 1975. Il est intéressant de voir comment fonctionne le cinéaste, comment il pense à travers ses films mais aussi à travers un tout autre matériau. Si l’on peut constater l’exigence que le cinématographe doit contenir selon Bresson, ce qu’il en fait dans Un condamné à mort s’est échappé est passionnant puisqu’il s’agit là de son film le plus accessible, au sens le moins exigent. Toujours chez Bresson cette apparente simplicité qui cache une complexité qui ne cesse de grandir. On part d’un simple fait : une arrestation. Puis on observe les moyens de s’échapper. Les questions que l’on soulève dans le dialogue avec les autres prisonniers, avec Jost le garçon avec qui il doit plus tard partager sa cellule, ainsi que dans la relation avec les geôliers. Ces derniers ne sont jamais critiqués ou jugés, ils ne sont qu’obstacles au plan de Fontaine, car avant tout, plus que dans tout autre film d’ailleurs, c’est de morale d’action qu’il s’agit. On entre dans la tête de ce prisonnier qui ne vivra dorénavant plus que pour une chose : s’évader. ‘Sans ornements’ avait prévenu le cinéaste.

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