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Archives pour 8 septembre, 2010

Body snatchers – Abel Ferrara – 1993

Body snatchers - Abel Ferrara - 1993 dans Abel Ferrara Carol+screams+(Ferrara,+1993)

Le village des damnés.    

     6.0   Il me manque un petit quelque chose pour être convaincu, probablement émotionnel d’une part mais aussi ce qui permettrait au film de sortir d’une mécanique que je perçois un peu trop bien. Ferrara restera selon moi un cinéaste de l’ambiance comme avait pu l’être avant lui un cinéaste comme Carpenter auquel on pense beaucoup ici. Le climat, qu’il soit lourd ou complètement envoûtant, a du sens chez Ferrara et il est très souvent supérieur à ses récits. Là instantanément je mettrais Body snatchers dans le même panier que New rose hotel. Films ambiants avec mise en scène soignée, sensuelle, mais pas forcément passionnants. L’un de ses films que je préfère, Bad lieutenant, n’est d’ailleurs pas celui qui en terme de mise en scène m’a le plus marqué. Il y a pourtant de la puissance ci et là mais ce doit être davantage le destin unique qui me fascine, et ce personnage indiscernable et pathétique, il y a quelque chose de fort dans la manière d’appréhender cette histoire simple. Tout le contraire des films précédemment cités, où les personnages peinent à incarner véritablement l’histoire. Néanmoins je vais donc un peu parler de la mise en scène de Body snatchers, que je trouve absolument remarquable. Ces lents travellings sont à l’image du reste, dans la capacité du film à nous perdre, ne dévoilant que progressivement ce que l’on doit voir, bien après les personnages très souvent. Tout cela accentue bien entendu le climat de paranoïa qui règne dans chaque séquence, de l’une des premières dans des toilettes paumées où la fille rencontre un homme plutôt étrange, à la toute dernière dans l’hélicoptère. Qu’il cadre sur les visages ou non on se pose sans cesse la même question. Et le mouvement de la caméra ne fait que confirmer cet état. J’adore les mouvements de caméra chez ce cinéaste, ce sont eux qui rendent ses films puissants par instant, naviguant entre réalisation académique et plus talentueuse. Et c’est la vitesse avec laquelle le film s’embrase aussi à de nombreux instants, à la mi-film par exemple, lorsque Marti est avec le militaire (le jeu des mains), scène très sensuelle mais très mystérieuse aussi, suivie par une scène où l’on voit des militaires qui sortent des espèces de cocons d’un marais, suivie d’une scène chair de poule où l’enfant s’approche de sa mère endormie, et la voit se désintégrer sur le lit avant que son double n’entrouvre la porte derrière lui. Ferrara joue sur les mécanismes de la peur, de la parano, tout en dévoilant son film de séquences en séquences, se répondant parfaitement les unes aux autres. C’est là qu’il est fort, c’est dans sa capacité à tout mélanger avant de tout remettre en ordre. On comprend tout dans Body snatchers, c’est un film hyper lisible. Malheureusement il est très peu touchant et s’il est envoûtant il n’embarque pas vraiment. Je suis resté admiratif mais c’est tout – Et il faut bien reconnaitre qu’il est en dessous des précédents « Body snatchers » de Siegel et Kaufman.

Blissfully yours (Sud sanaeha) – Apichatpong Weerasethakul – 2002

blissfullyyours34Summer samba.   

   9.0   Un film incroyable, au-delà des mes espérances. Jusqu’ici il y avait toujours un petit quelque chose qui m’empêchait d’y trouver le grand film du cinéaste thaïlandais. L’immersion n’était jamais vraiment totale. Blissfully yours est absolument immense. J’adore sa construction. Il aurait pu durer encore des heures, jamais je ne voulais quitter cette forêt.

     Il y a deux parties assez distinctes. Une première d’installation. Le quotidien en Thaïlande. Le combat d’une jeune femme pour faire entrer ce garçon immigré Birman dans son pays. Et une seconde magnifique, très détachée du monde. Entre ces deux parties il y a une transition. Très contemplative, rappelant Mysterious object at noon. On est sur la route et on admire, lentement, ce que l’on a autour de nous. Et l’on s’engouffre dans la jungle. Le bonheur s’approche. Et le générique commence. Après 45 minutes de film c’en est un autre qui démarre.

     Il y a comme une rupture, le film devient hyper naturaliste, la caméra se faufile entre les feuilles, filme des instants de silence sur un rocher surplombant la forêt, des petits dialogues le long de la rivière, des scènes de sexe en pleine nature. Il y a comme un bonheur immense, ce genre de bonheur que l’on obtient sans le rechercher, celui qui ne se reproduira sans doute jamais. Pas de retour à la vie, un simple plan très long, sur un visage rempli de sérénité. Pas d’images, simplement quelques mots pré-générique final pour évoquer cet après-bonheur, car ce n’est plus le même film évidemment. Le cinéaste thaïlandais parle de son pays, comme toujours, mais il le filme dans l’intimité. Et il filme le détachement, la fuite plus que l’enlisement. C’est somptueux. 


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