D’amour et d’eau fraîche – Isabelle Czajka – 2010

D'amour et d'eau fraîche - Isabelle Czajka - 2010 dans Isabelle Czajka Anais-Demoustier-Pio-Marmai-D-amour-et-d-eau-fraiche-300x199 Utopia.

   6.5   C’est dans des séquences comme le repas de famille, ou bien les étreintes sexuelles avec des inconnus, ou encore dans les échappées bucoliques de la deuxième partie que le petit film d’Isabelle Czajka devient magnifique. Le fait de suivre ce personnage d’un bout à l’autre, sans entrée en matière ni même sans réelle fin, d’être avec elle dans son intimité ou tout le contraire, permet de plonger véritablement dans ce qu’elle vit, partager ses doutes, ses angoisses, ses coups de gueule, et même par moments ne pas comprendre certains de ses actes.

     Il y a deux parties nettes dans le film. Une première d’installation si l’on peut dire où il s’agit de suivre Julie en train de se battre au quotidien pour trouver un meilleur job que celui dans lequel elle est, galérer pour payer son appartement, se confronter d’une part à un père rabougri qui semble avoir baissé les bras, à une mère radine et à la ramasse, à un frère moralisateur et bien installé lui dans cette société capitaliste. Et puis il y a une rencontre (Ah, Pio Marmaï !) dans cette première partie qui ouvrira les portes d’une seconde, plus mouvementée, plus tendue aussi, mais par la même plus passionnante. Un récit de fuite vers le sud, une vie de galère qui se transforme d’un coup en vie de bohème, malheureusement moins légale aussi.

     Il y a une phrase que dit Julie lors de la scène du repas familial, lors du fameux clash avec le grand frère, que je trouve géniale. Il cherche à lui faire accepter que dans la vie il faut bosser pour y arriver, que tout ne tombe pas tout cuit comme ça, que pour construire une vie de famille il faut probablement avoir passer des week-end à bosser avant, que lui encore aujourd’hui travaille plus qu’il n’en faut et qu’il en est ravi, que sa famille vit bien. Julie lui répond alors quelque chose comme : « Moi aussi j’aimerai bien être heureuse d’aller bosser 60h par semaine, de revenir chez moi le soir, de voir mes enfants, d’être contente, mais ce n’est pas ce que j’ai envie, je n’arrive pas à me dire que je suis heureuse quand je fais ça ! ».

     D’amour et d’eau fraîche m’est apparu tel un écho au mien de quotidien, et même si j’ai sans doute eu plus de chance que Julie dans la recherche et la trouvaille d’un boulot qui me convient, je pense tous les jours à l’idée de me barrer, de quitter cette vie, ce carcan routinier éternel qui fait davantage penser à la mort qu’une simple arrestation pour vol en supermarché. C’est ce qui arrive à la jeune femme à la toute fin du film, avec son compagnon téméraire. Dans le dernier plan on les voit nager paisiblement, et se demander ce qu’ils feront demain. C’est sans doute moins confortable à long-terme mais c’est pourtant beaucoup plus excitant que ce qu’on a vu dans la première moitié du film. Et je ne dis pas que le film est meilleur dans telle ou telle partie, je le trouve très bon de bout en bout.

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