4.5 C’est une histoire de voleurs. Un homme tente de collecter des fonds qui lui permettrait de réunir une rançon pour faire sortir son père de prison, de l’argent qu’il vole petit à petit, souvent à l’étalage ou dans des supérettes. Un jour il fait son coup de magicien habituel avec une histoire de monnaie, avec une caissière puis une autre, dans le même magasin, et il se fait prendre. C’est là qu’il rencontre un type qui va le sortir du pétrin en se faisant passer pour flic, alors qu’il est lui aussi un voleur confirmé, mais plus de la grande école. Il l’embarque alors sous son aile, lui montre quelques astuces du métier, mécaniques, sans ratages possibles, quand son acolyte lui montre les siennes, davantage basées sur l’improvisation et la réflexion. Tous deux forment bientôt une petite équipe s’embarquant dans un gros coup à plusieurs zéros où il est question de timbres rares, que l’on appelle les neuf reines. C’est le début des emmerdes. Ce n’est pas le syndrome d’Icare que le cinéaste souhaite peaufiner mais bien s’amuser avec ses personnages façon Sparrow de Johnnie To. Problème est qu’il ne filme que ses personnages et souvent en train de discuter, en gros plans. Il y a bien ci et là des instants sympathiques mais ils concernent l’action, qui se fait rare. Je me prenais à rêver de Pickpocket de Bresson, lui a tout compris. Du coup l’intérêt ici s’effiloche peu à peu, et le twist final mode Usual Suspects mais que l’on sent tout de même venir, n’obtient pas l’effet escompté. C’est plutôt sympathique mais très anecdotique. Déjà oublié.
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Archives pour 2 octobre, 2010
Les neuf reines (Nueve reinas) – Fabian Bielinsky – 2001
Publié 2 octobre 2010 dans Fabian Bielinsky 0 CommentairesYo tambien – Alvaro Pastor & Antonio Naharro – 2010
Publié 2 octobre 2010 dans Alberto Pastor & Antonio Naharro 0 CommentairesUn beau jour.
3.5 Prototype du pur produit Sundance, avec suffisamment de sourires pour que l’on ne le taxe pas de misérabiliste, avec autant de grimaces et de larmes pour qu’on ne dise pas que c’est sans émotion, calibré aussi niveau emballage avec l’enrobage musical en quasi-permanence. Formellement c’est catastrophique, même l’image est moche, et la réalisation optant pour les gros plans insistants ou lointains mais qui tremblotent, et ces flous récurrents, est à la limite du supportable. Au centre un bien joli couple de personnages : Laura et Daniel. La première est complètement dépassée par tous les évènements, elle semble à côté de la plaque, couche avec des hommes dans des relations sans lendemain à répétition, et est un peu la risée de ses collègues. Le second est un homme de 34 ans, trisomique, qui s’ouvre à peine le chemin d’entrée dans la société après avoir obtenu son diplôme, et atterrit dans le centre social dans lequel bosse la jeune femme. C’est leur rencontre qui nous intéresse, cette étrange relation, basée sur le rire et peut-être même sur l’amour, bien que les réalisateurs aient eu la bonne idée de ne pas seulement se cantonner à cela en filmant aussi leurs relations familiales respectives, la vie avec les collègues de bureaux et surtout quelques belles séquences dans une école de danse pour handicapés. Les deux acteurs en font des tonnes, il est donc souvent intéressant de se pencher sur autre chose que leur relation. C’est la bonne idée du film, heureusement qu’elle était là. Cela dit c’est tout de même très dispensable.
La douleur.
3.0 Si l’on connaît Festen, on sait que Vinterberg aime anéantir ses personnages, surligner la douleur de leur passé, son surgissement dans un présent plus nuancé, mais toujours aussi morose. Mais il y avait quelque chose dans Festen qui me plaisait beaucoup sans que je ne puisse dire objectivement qu’il s’agissait d’une idée de génie : le recours formel à la caméra vidéo, accentuant l’esprit de drame familial pris de l’intérieur, comme un film de famille, ce qui en faisait, malgré tous ses défauts (penchant inévitable pour le glauque, plans impossibles, personnages antipathiques…) un objet plutôt étrange, presque jouissif où se dégageait une énergie nouvelle.
Submarino échoue presque à tous les niveaux. Car dans cet acharnement compulsif dominé par la mort d’un bébé, l’alcool, la drogue, la prostitution, la prison, l’amputation et le suicide, ne naît absolument aucune mise en scène, aucun relief de la société, simplement des personnages sur-écrits, une volonté de les détruire pour aller chercher le pardon dans leurs entrailles, un montage parallèle parfois rance, des rebondissements glauques et insensés. Vinterberg ne filme jamais l’espace, il ne s’occupe que de la souffrance de ses protagonistes. Il ne fait pas bon vivre au Danemark. Surtout si l’on sort d’une enfance douloureuse (drame commun + mère alcoolique et violente) et bien dis-donc quelle bonne nouvelle !
Néanmoins des choses m’ont plu. Même si je ne vois absolument aucune issue là-dedans, un peu à la manière d’un film d’horreur (Vinterberg devrait se mettre à en faire, ce pourrait être monstrueux) je suis emporté par le jeu d’acteurs, et mine de rien ce drame qui les ronge à une intensité qui ressort à l’écran, et dans cette dernière partie de film, qui fonctionne comme une retrouvaille macabre, je suis tout de même touché parce que le cinéaste sait être sobre dans sa mise en scène, plus terre-à-terre, moins abracadabrante. La mère vient de décéder, il y a un héritage, que le plus grand des deux frères offre au plus jeune (drogué) pour recourir à ses manques. Il y a alors un personnage qui prend une place très importante c’est le fils du plus jeune. J’aime la relation qu’ils nouent tous les deux, je n’aime pas spécialement les déroulements, mais j’aime certains regards, certains gestes. J’aime l’amour qui d’une manière unit ces deux frères, à jamais meurtri par ce qu’ils ont fait étant petit. J’aime l’amour qu’ils portent l’un sur l’autre, le même que le plus jeune porte à son fils. Les personnages de Submarino ne prennent jamais soin d’eux, ils prennent soin des autres, même dans les pires situations (le frère de l’ex petite amie) à l’image de cette main ensanglantée, sans cesse recouverte d’un bandage artisanal, qui ne tardera pas à lâcher. C’est sans issue, tous les artifices symboliques y sont présents pour accentuer cela, mais derrière cet acharnement il y a tout de même un truc qui curieusement vient me cueillir, le même genre de truc que dans Dancer in the dark, de Lars Von Trier, même si ce dernier me bouleversait littéralement.
Je suis une légende (I am legend) – Francis Lawrence – 2007
Publié 2 octobre 2010 dans Francis Lawrence 0 CommentairesThe last of us.
6.0 Comme dans mes souvenirs le début du film est nettement meilleur que la fin. Ce qui diffère de mes souvenirs c’est que ce début de film justement est magnifique, je ne m’attendais pas à ça. On est dans un New York entièrement dévasté et le cinéaste filme très bien la ville. Il filme la solitude d’un homme et son chien, à la recherche de nourriture le jour, extrêmement barricadé la nuit. Le jour n’est pas menaçant dans I am legend c’est de la nuit dont on a peur, cette nuit occupée par des cris étranges et répugnants, les restes d’une humanité transformée en créature enragée. Il s’agit pour l’homme et son chien d’éviter tout contact avec l’obscurité, naturelle (La montre de Will Smith retentit chaque jour à une heure précise les prévenant de rebrousser chemin avant la tombée de la nuit) ou provoquée (immeubles, souterrains…). Le jour vient se frotter à la nuit quand le chien et son maître, alors en pleine poursuite d’un daim (leur chasse quotidienne, il faut bien qu’ils mangent !) s’échouent dans un vieil immeuble entièrement sombre, dans lequel le chien s’est jeté à corps perdu. Le film prend alors une autre direction, il ne montre plus le respect mutuel d’une chasse quotidienne entre l’homme et l’animal – il ne s’agit que de ça au départ, un troupeau de daims est poursuivi par l’homme d’un côté, les lions de l’autre – mais une attaque directe entre l’homme et ces créatures que jusqu’ici nous ne connaissions l’existence que par leurs gémissements nocturnes.
Plus tard, l’homme déposera en terrain obscure une petite fiole contenant un peu de son sang prélevé afin d’attirer la créature dans un piège. On ne sait toujours pas quel est son dessein, toujours est-il que l’opération réussie, une créature mâle viendra menacer notre homme, visage légèrement exposé au soleil, prêt à s’enflammer, lui montrant qu’il n’en a pas terminé avec lui. Ce sont les premiers signes de sentiments que l’on peut voir chez la créature, sa faiblesse quant à sa volonté de manger mais aussi sa force quant à son regard menaçant, comme s’il chercherait à reprendre prochainement l’un des siens. On découvre peu de temps après que l’homme effectue des expériences scientifiques sur ces créatures visant à les guérir de leur agressivité, à leur redonner une apparence humaine. On a vu précédemment que les expériences sur des rats échouaient en majorité, hormis une seule, qu’il souhaite désormais essayer sur cette créature cobaye féminine, que l’on peut imaginer être l’amie de la créature menaçante. Dans ce laboratoire on découvre de multiples photographies de créatures sur les murs, montrant que durant ces trois dernières années (depuis que le fléau a démarré) cet homme a probablement dû effectuer une infinité de tests sans résultats. Encore une fois, dans son approche progressive de la vie de cet homme, de la vie en ville nuit et jour, I am legend est un excellent film de fin du monde, très sobre, silencieux, mystérieux même souvent, ne se dévoilant que progressivement.
Entre la survie de cet homme à l’instant présent et son désir de reproduire une vie humaine occidentale décente (Il va même jusqu’à louer des dvd dans des séquences très réussies où Will Smith se couvre de ridicule au point d’en devenir touchant, lorsqu’il tape la bavette avec des gens qu’il a remplacé par des mannequins, et qu’il appelle par leur petit prénom), nous naviguons aussi dans ses pensées, ses souvenirs plus exactement. Nous verrons uniquement le soir où tout a basculé, lorsque l’homme, alors scientifique reconnu, s’apprête à faire évacuer sa femme et sa fille par hélicoptère parce qu’il sait que le virus est en train de se propager. Finalement tout sera beaucoup plus rapide et cruel que prévu, les créatures prenant d’assaut la ville le soir même, l’hélico de sa famille se crashant dans l’atlantique. Nous allons découvrir ces souvenirs par bribes. Ce n’est pas vraiment le format le plus original, mais c’est à mon sens très réussi, très émouvant aussi. On imagine donc qu’il n’a pas quitté la ville depuis ce soir là, vivant au même endroit que durant cette soirée cauchemardesque. On peut se demander comment l’homme a pu survivre alors qu’il décrit le fléau comme un virus qui se propagerait par le contact, mais aussi dans l’air, mais c’est oublier qu’il est scientifique de base et qu’il contient les produits nécessaires lui permettant de s’immuniser contre l’infection.
Vient alors une partie du film plus qu’intéressante, très bien exploitée à première vue, avant qu’elle ne soit bien trop rapidement abandonnée. On sentait que la créature pouvait prétendre à une certaine intelligence au vu de la scène du piège humain décrite précédemment. Il y a une séquence qui arrive en écho à celle-ci un peu plus tard, où l’homme est à son tard piégé par les créatures, s’aventurant dans un lieu où il est étonné d’y voir l’un de ses amis mannequins du magasin. Cette séquence s’avère très drôle, toujours dans l’esprit de l’homme seul ridicule, mais aura bientôt des répercussions cruelles. Le même piège qu’il avait tendu quelques jours plus tôt lui est tendu à son tour, le laissant inconscient quelques instants dans une ville ensoleillée dont l’extrême silence n’est perturbé que par les aboiements de son chien. A son réveil, l’homme se découvre en mauvaise posture, attaché par les pieds la tête en bas, mais sans avoir bouger. Surtout il est réveillé par le bruit de sa montre, témoignant du couché de soleil. Il y a donc urgence. C’est dans ces moments là, cette faculté de passer du (très) calme à l’angoisse progressive que le film gagne aussi du galon. Cette séquence est énorme. Pendant que l’homme, blessé à la jambe, rampe jusqu’à sa voiture, les chiens des créatures, elles-aussi enragées et hallucinées, s’apprêtent à se précipiter sur lui, attendant simplement que le dernier rayon de soleil disparaisse. La suite se passera moyennement bien pour notre homme qui devra se séparer de son chien, mordu, sur le point de se transformer lui aussi à son tour. Dans son souvenir, que l’on vit comme un flash-back, nous ne voyons pas sa famille mourir, la scène est largement supposée, mais elle s’arrête avant. Dans celle au présent, avec son chien, la mise à mort est hors-champ là aussi, le cinéaste préférant cadrer sur le visage de Will Smith. C’est dans l’économie de sensationnalisme, de sentimentalisme facile que I am legend tire là aussi son épingle du jeu. Puis il y a une dernière partie de film, qui me gêne beaucoup, suivant de quel côté on la prenne (humain ou infecté) mais aussi suivant la fin choisie aussi, puisque grâce au dvd on peut désormais voir deux fins, qui ne sont toutes deux pas sans qualités, mais insuffisantes. Dans la première fin, celle que l’on a eu au cinéma, l’homme s’enferme dans son labo, entouré de ses nouveaux invités (une femme et son fils qui lui ont sauvé la vie un peu plus tôt) et de la créature de son expérience, endormie par les médicaments. Les créatures qui ont découvert sa résidence – par une négligence de la jeune femme qui l’a reconduit de nuit – assiègent littéralement sa maison puis son labo, avant que celui qui semble le poursuivre et qui semble être revenu pour son amie, se mette à défoncer la vitre en plexiglas, et que Will Smith, témoin d’une intervention divine, décide d’offrir la chance de sauver l’humanité (car l’expérience sur la créature fonctionne, elle est en train de guérir) à son invitée, avant de se sacrifier héroïquement, tuant à la grenade chacune des créatures. La jeune femme et son fils prenaient la route le lendemain pour déboucher dans une colonie d’humains non-infectés, portant avec elle l’antidote leur permettant de se sauver, ce qui fait du Docteur Neville une légende. C’est une belle fin dans un sens, car elle fait triompher la foi (il s’agit bien de foi, aucun signe de religion quelconque) de la jeune femme qui croyait en cette destinée. On se croirait rendu chez Shyamalan avec ces éléments imbriqués qui apportent une sorte de happy-end. Ici, l’élément majeur c’est le papillon. Revendiqué à de nombreuses reprises par sa fille, se trouvant souvent sur des murs, des oreillers avant de se trouver en tatouage sur la jeune créature et sur le plexiglas près à lâcher. C’est bien beau tout ça mais c’est oublier totalement la possible intelligence de la créature. Ou alors c’est qu’elle serait intégralement habitée par la vengeance et plus du tout par le désir ce reprendre son amie. Enfin quoiqu’il en soit il manque quelque chose, une simple subtilité aurait suffi, un signe qui prouverait que la créature aurait des sentiments, mais que l’homme ne serait pas capable de les comprendre. Ce qui en aurait fait un unhappy-end évident, où la société des hommes serait sans doute après cette hécatombe encore plus égoïste qu’elle ne l’est aujourd’hui. Mais voilà, il a fallu qu’il y ait une fin alternative, j’étais tout excité à l’idée d’y trouver peut-être mon compte cette fois. Que dalle ! Disons que Lawrence va beaucoup trop loin avec cette fin. Il nous rend témoin d’une prise de conscience de l’homme face à la véritable identité de ces créatures, et donc d’une entente, on est presque pas loin d’une cohabitation. Faut-il rappeler que sa famille et son chien ont elles-aussi été tuées. Robert Neville a une rage contre eux c’est évident (Pour rappel la scène suicidaire où il est en voiture et tente les écraser en troupeau), alors pourquoi ne pas l’avoir garder ? Et puis la dernière scène en voiture, où la jeune femme parle d’espoir ne m’a pas convaincu non plus. Bref, un mix entre les deux fins aurait été intéressant. Dans l’état, je préfère, nettement la première. Elle est ratée et ne tient pas la route. Mais elle a au moins le mérite de ne pas prendre le spectateur pour un con comme le fait la seconde.
D’une manière générale le film devient moins bon après la mort de la chienne (magnifique moment où l’on découvre que le chien est une chienne, lorsque Neville l’appelle Samantha, dès l’instant qu’elle s’est fait mordre, et non Sam comme il le faisait depuis le début du film), il s’embourbe dans sa propre originalité, fait intervenir de nouveaux personnages et accélère un peu trop sa cadence. Il s’américanise. Pendant une heure, I am legend est un grand film de genre, superbement mis en scène. Pris dans son ensemble, on dira qu’il est correct, mais dont la magie s’essouffle.