A l’intérieur.
9.0 Second film de Roman Polanski, après le très bon Le couteau dans l’eau, absurde et violent. Mais c’est bien le premier où le cinéaste explore déjà à merveille ses thèmes qui lui seront chers par la suite. La paranoïa et le déséquilibre mental dans un premier temps. Carole ne cherche pas à faire des rencontres, elle semble se complaire dans ce quotidien qui la ronge, tandis que sa sœur vit de passion avec son copain. Les deux sœurs habitent sous le même toit. Bientôt, quand l’une prendra des vacances, l’autre gardera les lieux. Cette confrontation avec une solitude totale réveille les démons intérieurs de Carole, seule désormais face aux miroirs. Bientôt certains détails quotidiens qui l’attaquent lui seront insupportables : un surplus de poussière sur une chaise, la brosse à dent de l’homme qui lui vole sa sœur rangée dans son propre verre. Puis dans un deuxième temps c’est d’hallucinations et de schizophrénie dont est victime la jeune femme. La progression est similaire dans Le locataire, que Polanski tourne quelques années plus tard, jouant lui-même le rôle. Elle comme lui se sent en danger. Si pour lui ce sont des voisins malveillants qui veulent lui faire quitter les lieux, elle, se met à imaginer l’intrusion, puis qu’elle se fait violer. Magnifique et terrifiante scène du miroir pour illustrer la situation. Dans cette folie progressive, Carole quitte son travail, rentre chez elle puis se barricade. Inévitablement elle enferme encore davantage ses pensées. Dans un troisième temps elle est habitée par le crime. Celui, imaginé, d’un homme qui a voulu abuser d’elle. Celui, réel, du gardien d’hôtel, simplement inquiet pour non-paiement de loyer. Les crimes sont atroces et la jeune femme est désemparée, elle est quelqu’un d’autre, littéralement transfigurée par la peur. Si Rosemary’s baby jouait sur deux niveaux à savoir la paranoïa ou non d’un côté, la conspiration ou non de l’autre et le spectateur pouvait à la manière de Soupçons d’Hitchcock avoir la réponse à la toute dernière scène du film, Le locataire et donc Répulsion fonctionnent sans pièges, sans fausses routes, on sait d’emblée que tout se passe dans la tête du personnage. Ce qui ne nous empêche pas d’y croire. Et c’est la force de ces deux films : provoquer cette angoisse, cette émotion de façon chronique alors qu’il s’agit juste d’un cerveau qui déraille. Et Répulsion a quelque chose que Le Locataire n’a pas : Le noir et blanc et le travail sonore immense. Car faire un tel film, d’horreur, d’angoisse tout cela sans hémoglobine, sans jouer sur les couleurs vives il fallait être doté d’un son génialement flippant. En ce sens Répulsion est un film énorme et à l’instar de Shining ce n’est pas tant l’image (choc) qui colle le spectateur à son siège mais bien toutes ces sonorités terrifiantes. Immense film donc. L’un des plus angoissants qu’il m’ait été donné de voir.
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