Marseille.
5.0 C’est à la fois très attachant dans le portrait que le film offre de ses personnages, entre balades sentimentales et contexte social acéré, le dialogue n’est jamais creux, il lui arrive même de s’éparpiller (magnifique discussion d’un vieux avec deux gosses évoquant l’intégrisme religieux, surprenants aveux d’un homme sur son passé tragique après une soirée arrosée…) mais c’est aussi d’une tristesse sans borne en terme de mise en scène, d’une platitude impensable, c’est souvent presque digne d’un épisode de Plus belle la vie. Guédiguian tente des choses intéressantes (plans plus longs, plus lointains) sur les chantiers, il y a par moment de très belles profondeurs vers les hauteurs de Marseille. Mais dans l’ensemble, et souvent dès qu’il s’agit de filmer dans les ruelles, il n’y a absolument plus rien, village en carton, plus aucune poésie au-delà de ce que sont les mots. Plans fixes rapides et champ/contrechamp à répétition. Dommage parce que j’aime beaucoup ce que Guédiguian veut nous raconter, la vie de ces Olvidados de Marseille, j’aime bien ce qu’il obtient de l’interprétation en général, et puis il y a une telle envie, une telle énergie qu’il est incroyablement déprimant de voir tout cela gâché par une réalisation aussi dépourvue d’idées, aussi égoïste et fainéante, ne prenant de temps que pour filmer plein cadre des personnages trop écrits.