Liverpool – Lisandro Alonso – 2009

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Errance enneigée.

   7.0   Lisandro Alonso est un grand cinéaste moderne et même si son Liverpool est en deçà de ses précédentes réalisations, il n’en reste pas moins un film intéressant, qui embarque son spectateur dans une géographie et qui lui fait partager le destin d’un homme dans ce lieu. Depuis le début Alonso c’est ce cinéma là. Capter les déambulations d’un corps dans une région forestière, dans une jungle, dans un cinéma et cette fois-ci dans les paysages enneigés de la Terre de feu. Sur un cargo en plein Atlantique, un marin demande la permission de descendre un jour ou deux à Ushuaia pour y retourner voir sa mère (dont il ne sait guère si elle est encore vivante) qu’il n’a pas vu depuis longtemps probablement. S’ensuit une longue marche silencieuse à travers les vallées, où l’homme est aidé d’un vieux bus délabré où il peut dormir évitant le froid glacial de la nuit, et d’un camion transportant du bois qui accepte de le déposer dans le lieu qu’il recherche. Le cinéaste argentin filme toujours très bien les lieux, les paysages, ses lignes de fuite sont remarquables, il n’hésite pas à étirer les plans, saisir toute la musicalité de ce qui entoure ses personnages. Le plan séquence du camion où l’homme est assis à l’arrière sur du bois est à ce titre excellent. C’est le corps dans le cadre qu’Alonso filme moins bien dans Liverpool. Est-ce parce que pour une fois son récit relève entièrement de la fiction ? Ou parce que son personnage voyage en terre inconnue ? Les deux suppositions doivent se rejoindre. J’ai le sentiment que ce qui était fulgurant dans La Libertad et Los muertos c’était le choix du personnage. C’était le quotidien véridique de Misael dans le premier. C’était le retour d’un homme dans Los muertos, et cela avait été écrit, mais sur de lieux que ce personnage connaissait. On ne retrouve pas vraiment cela dans Liverpool. Du coup on a le sentiment d’un truc un peu bancal, de quelque chose d’écrit, d’un retour sans vie. Je suis un peu exigeant car j’y ai trouvé des choses sublimes mais c’est la première fois chez Alonso que je m’ennuie par moment, que je n’y crois pas vraiment. En revanche, il y a un truc fabuleux en toute fin de film. On apprend des choses sur le passé de Farrell, ses relations familiales, un passé qu’il a voulu effacer. C’est le seul à d’ailleurs devoir se battre avec sa mémoire et ses remords. Sa mère est très malade et atteinte d’Alzheimer. Son père, même s’il reconnaît son fils, avait tout fait pour l’oublier. Sa sœur (qui semble être aussi sa fille selon les mots durs de son père) est handicapée et ne connaissait guère son existence. Et puis dans un dernier quart du film Farrell est parti. Est-ce qu’il a rejoint son cargo ? S’est-il engouffré à se perdre dans les montagnes ? On n’en saura rien. Alonso choisi de filmer l’absence de Farrell dans le village. Il filme une famille dans ses tâches quotidiennes et sa survie. Et dans un dernier plan, sans doute inutile et lourd on découvre le pourquoi du titre du film. Ce qu’il y a de fabuleux c’est cette cassure, ce choix d’avoir filmer longtemps la présence d’un homme dans un paysage quasiment déserté de vie humaine, puis d’en filmer l’endroit qu’il convoitait par ce long voyage pendant son absence cette fois. Farrell n’existait pas plus avant qu’il n’existe maintenant. Mais il aura laissé un souvenir à sa sœur comme symbole d’une présence éphémère.

1 commentaire à “Liverpool – Lisandro Alonso – 2009”


  1. 0 lactuparetudiant 23 oct 2010 à 19:00

    Il est énorme ce réalisateur!
    Si tu as le temps, passe sur mon blog : http://lactuparetudiant.unblog.fr/

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