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Archives pour 27 octobre, 2010

Captifs – Yann Gozlan – 2010

captifs2     6.0   Au-delà du simple survival de séquestration il y a tout de même tout un truc intéressant sur les sens. Le cinéaste doit avoir une obsession pour les yeux, comment s’en sortir sans ? Comment s’en sortir qu’avec ? Cette image d’enfance qui traverse la mémoire de la jeune femme est principalement accompagnée par des aboiements de chien. Lorsque l’un des ravisseurs prend le pou du blessé, on entend seulement ce qu’il entend, donc son cœur. A la toute fin du film, le même schéma se reproduit avec la jeune femme en évasion qui évitant une mine se retrouve quasi-sourde pendant quelques minutes durant lesquelles le spectateur comme elle n’entend rien non plus. Il y a donc quelque chose qui chercherait à saisir ce genre d’état extrême, quelque chose d’organique aussi, il y a à de nombreuses reprises une obsession pour les organes du corps. Rien n’est dit par rapport à un quelconque trafic d’organes, mais tout passe sous nos yeux, à l’image de ce corps vidés que l’on accompagne de deux glacières. Comme souvent dans ce genre de films il y a un traumatisme d’enfance qui refait surface. Gozlan choisit de commencer Captifs par ce traumatisme, à savoir une partie de cache-cache tragique. Une jeune fille compte d’un côté, l’autre court se cacher. La première la cherche mais la découvre inerte gisant dans une marre de sang après avoir été mortellement mordu par un chien. Les aboiements de la bête mélangés au silence de son amie d’enfance c’est cela qui hante aujourd’hui – vingt ans plus tard – la mémoire de Zoé Félix, désormais infirmière dans l’humanitaire. Elle se raccroche à une image de liesse, le visage de son amie capté par les rayons du soleil. C’est aussi comme cela que le film se terminera, bien ou non on n’en sait trop rien. Pour le reste rien de bien nouveau, mais justement tous les ingrédients sont là. On est copieusement servi. Je dirais même que l’on est bizarrement servi. Habituellement ce genre de film retombe dès l’instant qu’il change de cap (transfiguration du personnage) alors qu’ici c’est tout le contraire : il devient meilleur. Et il suffirait de simplement parler de mise en scène. Plus sobre, plus épurée. J’y allais en espérant rien du tout, et ça m’a bien tenu tout du long.

La proposition (The proposal) – Anne Fletcher – 2009

19126747.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxxNe pas partir.  

   5.5   Une femme sans âme, éditrice en chef d’une grande société, improvise une idée de mariage avec son assistant qui la déteste, elle et sa méchanceté et son indifférence incessantes, afin de se sauver d’une situation qui lui ferait et perdre sa place et se voir raccompagner au Canada, son pays d’origine.

     On navigue entre situations cocasses hilarantes (Margaret prétextant un mariage imminent avec son assistant – à côté d’elle les yeux ahuris – afin qu’elle évite l’expulsion ou encore un chassé/croisé entièrement nus plutôt jouissif), dialogues à deux savoureux (les attaques à répétition dont on gardera principalement en mémoire l’explication de leur rencontre) et moments beaucoup plus tendres (quand ils doivent apprendre à se connaître l’un et l’autre pour surmonter le questionnaire qui, s’il coïncide bien entendu, empêcherait la jeune femme de plier bagages). C’est avec un grand plaisir que l’on peut assister aux jeux réussis de Sandra Bullock, entre boss démoniaque sans émotion, femme de la ville coincée qui trimballe des sacs Vuitton sur les ports de l’Alaska, puis en femme meurtrie, au passé qui laisse des traces, pour qui c’est tout nouveau de réapprendre à vivre en famille. A celui aussi de Ryan Reynolds, en assistant bonne poire, regard paumé, un peu à côté de la plaque, un peu arriviste, qui se révèle très drôle dans l’intimité, très joueur et finalement assez beau en amoureux surpris.

     C’est fait avec une simplicité, une finesse, une pudeur qui rappelle ces comédies américaines des années 50/60. On y parle d’immigration, d’expulsion, l’Amérique en prend pour son grade, mais on reste tout de même dans un cadre principalement comique. Il y a un rythme incroyable, le film ne fléchit absolument jamais. Après certains diront que c’est un film prévisible, bien sûr qu’il l’est, puisqu’il a cinquante ans de retard. Car franchement on croirait une comédie avec Doris Day et Rock Hudson. Et j’en n’espérais pas tant.

Un homme qui crie – Mahamat-Saleh Haroun – 2010

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     1.5   C’est tout de même l’histoire d’un homme qui trahit son fils, par simple peur d’être relégué au rang de vieux, simple peur de perdre, en l’envoyant au front en réponse à la demande d’effort de guerre. C’est quelque chose d’indicible, qui le tiraille et lui commande de faire ce geste courageux, que l’on voit comme une lâcheté, parce qu’il est réalisé après que le fiston ait pris la place de son père, en tant que maître-nageur pendant que ce dernier sera dorénavant garde-barrière. Sur le fond le film pourrait dire des choses très fortes sur l’esprit compétitif (rappelons que le personnage en question est un ancien champion de natation) et la recherche de rédemption. Mais il utilise tout cela de façon si lourde, si insupportable que le film est un véritable calvaire. A commencer par l’utilisation symbolique : la première séquence par exemple voit le père et son fils se défier en apnée. Le fils gagne, ça semble être la première fois, il exulte. Avec le recul du film, c’est d’une lourdeur. Et puis que dire de ce nombre incroyable de plans visages uniquement à dessein de voir des yeux embués, des larmes en couler. C’est affreux. Et puis le cinéaste ne filme absolument rien de son pays. Tout est fade, jusque dans l’utilisation des couleurs. Et quand il a la bonne idée d’étirer les plans, rien, on ne voit rien, les personnages n’existent plus, ils surjouent, à l’image de ce plan fixe et hyper cadré d’une famille en plein repas à l’ambiance pas très joviale. Juste mauvais. C’est un film qui recherche une certaine pitié, qui voudrait que l’on s’apitoie sur le sort de cet homme. En guise d’exemple : la scène où l’on voit la première fois Adam satisfaire les clients qui klaxonnent en leur ouvrant la barrière, chacun leur tour, pour entrer, pour sortir. Il y a comme un va-et-vient incessant qui a vocation comique, quelque chose de Tati dans ce plan fixe répétitif. Mais c’est froid, sans saveur, ça ne demande qu’à être plaint. Et c’est ça tout le temps, jusque dans la scène de fin.

Sans queue ni tête – Jeanne Labrune – 2010

Sans queue ni tête - Jeanne Labrune - 2010 dans Jeanne Labrune isabelle-huppert

     3.5   C’est un film en dent de scie, à défaut d’être un film sans queue ni tête. Il y a des instants passionnants, presque des moments de grâce qui butent sur d’autres, ennuyants voire soporifiques. D’un côté Isabelle Hupert, Alice, prostituée qui gagne bien sa vie (séances d’une demi-heure/une heure entre 100€ pour une pipe simple et 500 pour un coït avec mise en scène) mais qui voudrait tout arrêter, avoir une autre vie. C’est alors qu’elle décide de se payer un lustre, avec son dernier client, qui symbolisera sa fin dans ce métier qui la ronge de plus en plus, avec ses clients attachés et ceux complètement tordus. Ce lustre, car c’est comme ça qu’elle l’appellera auprès de sa meilleure amie, elle aussi prostituée mais plus jeune, n’est autre que Bouli Lanners, Xavier, que l’on suit depuis le départ aussi, dans un montage parallèle plutôt astucieux. Ce dernier est psychanalyste, mais supporte de moins en moins son travail, dans un appartement qu’il partage avec sa femme elle aussi psy, avec laquelle il vit des moments conjugaux plutôt délicats. Ils se séparent rapidement et par un concours de circonstances qui lui fera rencontrer Alice, il souhaite alors la revoir, par curiosité ou fascination. Finalement leur travail quand on y pense est assez proche. C’est de cela qu’il est question dans cette première partie et à mon sens c’est passionnant. La mise en scène l’est moins en revanche, très anecdotique.

     Puis le film s’aventure ailleurs, au moyen d’une vente aux enchères d’apparence anodine qui aura très vite des conséquences lumineuses. Xavier effectue la rencontre d’un confrère, avec qui il échange une sculpture dont ils se sont disputés le prix précédemment. C’est de cette absurdité que le film redémarre. Cette histoire d’ange (la sculpture) qui guidera ces âmes perdues vers une forme de conscience, de sérénité. Un passage de relais assez beau en fin de compte.

     Le film est à la fois très drôle et très triste. Mais c’est dans sa construction, sa narration qu’il devient plombant. Il manque une énergie, un truc qui en ferait un film fort davantage que riche. Car il y a de la richesse ci et là j’en suis certain mais c’est difficile d’accrocher à un trip aussi peu affecté, aussi peu inspiré. L’idée est passionnante mais le film ne l’est pas en gros.


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