6.0 Au-delà du simple survival de séquestration il y a tout de même tout un truc intéressant sur les sens. Le cinéaste doit avoir une obsession pour les yeux, comment s’en sortir sans ? Comment s’en sortir qu’avec ? Cette image d’enfance qui traverse la mémoire de la jeune femme est principalement accompagnée par des aboiements de chien. Lorsque l’un des ravisseurs prend le pou du blessé, on entend seulement ce qu’il entend, donc son cœur. A la toute fin du film, le même schéma se reproduit avec la jeune femme en évasion qui évitant une mine se retrouve quasi-sourde pendant quelques minutes durant lesquelles le spectateur comme elle n’entend rien non plus. Il y a donc quelque chose qui chercherait à saisir ce genre d’état extrême, quelque chose d’organique aussi, il y a à de nombreuses reprises une obsession pour les organes du corps. Rien n’est dit par rapport à un quelconque trafic d’organes, mais tout passe sous nos yeux, à l’image de ce corps vidés que l’on accompagne de deux glacières. Comme souvent dans ce genre de films il y a un traumatisme d’enfance qui refait surface. Gozlan choisit de commencer Captifs par ce traumatisme, à savoir une partie de cache-cache tragique. Une jeune fille compte d’un côté, l’autre court se cacher. La première la cherche mais la découvre inerte gisant dans une marre de sang après avoir été mortellement mordu par un chien. Les aboiements de la bête mélangés au silence de son amie d’enfance c’est cela qui hante aujourd’hui – vingt ans plus tard – la mémoire de Zoé Félix, désormais infirmière dans l’humanitaire. Elle se raccroche à une image de liesse, le visage de son amie capté par les rayons du soleil. C’est aussi comme cela que le film se terminera, bien ou non on n’en sait trop rien. Pour le reste rien de bien nouveau, mais justement tous les ingrédients sont là. On est copieusement servi. Je dirais même que l’on est bizarrement servi. Habituellement ce genre de film retombe dès l’instant qu’il change de cap (transfiguration du personnage) alors qu’ici c’est tout le contraire : il devient meilleur. Et il suffirait de simplement parler de mise en scène. Plus sobre, plus épurée. J’y allais en espérant rien du tout, et ça m’a bien tenu tout du long.
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