La rafle – Roselyne Bosch – 2010

la-rafle_541363« On pleure pendant La Rafle parce que… on ne peut que pleurer. »   

   1.0   La base du projet : raconter les faits tragiques de la rafle du Vel d’Hiv. Il n’existe rien de plus noble. Encore faut-il le faire avec modestie, c’est une première chose. Ce qui n’est pas le cas de Roselyne Bosch qui décide d’asséner son discours didactique sous des pluies de performances et de violons incessants. On voit beaucoup les personnages pleurer, certains ne le font pas très bien. La réalisatrice tente aussi de faire des beaux plans comme celui de grue dans le vélodrome, c’est assez gerbant, d’autant que c’est très vite du numérique c’est flagrant. Et pour accompagner tout cela, une musique ronflante, lancinante qui revient sans cesse lors de sursauts dramatiques, le bouquet final à la toute fin du film en est l’exemple parfait. Parlons de cette fin justement : Pouvait-on faire pire ? Roselyne Bosch détruit l’ampleur tragique de la Shoah ni plus ni moins, en choisissant de faire revenir certains des  personnages, le premier parce qu’on l’a vu s’évader (là ça tient encore la route) le second parce qu’il semble être tombé du train. Tout cela intervient trois ans plus tard, lorsqu’une jeune infirmière qui s’est occupé de ces gosses au vélodrome puis dans le camp de Beaune, réapparaît post Armistice lors des retrouvailles (applaudit par tout le monde, on croit rêver) pendant que d’autres pleurent leurs enfants défunts. En tant que reconstitution ce n’est déjà pas réussi (il faut voir comment elle rend les quartiers pauvres de Montmartre, bien vivants, sympathiques, où il fait bon vivre ; et puis surtout il faut voir les vêtements des juifs tout au long du film, presque propres, simplement noircis au niveau de l’étoile jaune) mais en tant que rappel du drame (au sens où il ne faut pas oublier, jamais) c’est complètement à côté de la plaque.  Non, finalement, Roselyne Bosch invite à oublier cette page de l’histoire. En tout cas c’est comme cela que le verrons les enfants (car c’est à eux que le film se destine ça ne fait aucun doute) à travers les yeux du petit Nono. Quant à l’habillage du film, parce que la réalisatrice ne s’est pas contentée de faire un mélo que l’on vivrait intégralement du côté des victimes, il est d’autant plus atroce dans son traitement extérieur, entre les entrevues Pétain/Laval affligeante de naïveté, les quelques scènes avec Hitler, assez risible, et la présence dans tout ça d’une dichotomie Police/Pompier méchants/gentils carrément navrante. La scène des lances à incendie c’est un peu celle des douches dans La liste de Schindler, et se répercute à la toute fin lorsqu’on prend le parti d’occulter les drames réels de la Shoah en montrant des retrouvailles ou en disant dans un bandeau final que même s’il y a eu 13000 juifs emportés par cette fameuse rafle, la population française a tout de même permis à presque autant d’autres de ne pas partir. Ce n’est tellement plus le propos du film c’est désolant. C’est un film d’idées, d’intentions, parfois bonnes même, mais qui se noie dans le contraire de ce qu’il voudrait vraiment montrer. L’illustration parfaite de tout ça ce sont les acteurs. Comment croire que Gad Elmaleh en ancien combattant, Mélanie Laurent en infirmière protestante et Jean Réno en infirmier juif donnent une certaine idée vraie de cette page tragique de l’histoire. On n’y croit jamais. Et c’est complètement anachronique. Comme tout le reste ! Reste une belle reconstitution du camp de Beaune (enfin tout est relatif) dont on se demande s’il est fait en France, que le générique viendra confirmer notre hypothèse en laissant défiler des noms de lieux de pays de l’est. Même jusque là Roselyne Bosch n’a rien fait comme il fallait.

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