7.0 Catherine Deneuve dit quelque chose d’important dans le film : que c’est une fête, comme l’était le film en 1966, qu’il faut le revivre ainsi et tenter de ne pas se laisser gagner par la mélancolie, mais que plus que tout autre chose il s’agit d’un film sur la mémoire, le souvenir d’un film vieux de 25 ans. Elle a bien résumé le travail d’Agnès Varda. On pourrait même ajouter un intérêt supplémentaire, celui de s’intéresser et de produire les images du travail de Jacques Demy, qui s’était totalement investit dans ce projet, mais aussi le plaisir de faire la rencontre au présent d’acteurs, figurants ou techniciens, pas forcément ceux que l’on se souvient en repensant ni même en revoyant Les demoiselles de Rochefort. C’est donc, avant tout, une ode à Rochefort et à l’influence des Demoiselles de Demy sur Rochefort. C’est à la fois un making off un peu spécial puisqu’il est cinématographique (dans le sens où il intègre parfaitement la filmographie d’Agnès Varda), mais aussi un reportage ou la parole est donnée. On y découvre le travail sur certaines séquences, notamment des discussions entre le cinéaste et Gene Kelly, ou encore des répétitions avec Deneuve et Dorléac. Et puis à côté de cela, entre de nombreuses images de Rochefort aujourd’hui (le plaisir de Varda est, nous dira t-elle, de filmer les habitants, ce qu’elle préfère) quelques personnages qui se souviennent, des quatre motards de la place Colbert aux deux enfants qui effectuent de brefs pas de danse avec Gene Kelly. Et puis aussi quelques mots de Jacques Perrin, Michel Piccoli voire même Agnès Varda elle-même. L’ambiance est à la fête même si celle-ci est entrecoupée de moments mélancoliques et forts, lorsque sont évoquées les inaugurations de noms de place ou d’avenue, Jacques Demy ou Françoise Dorléac. C’était cela dont parlait Catherine Deneuve. Parce que sa sœur a disparu dans un accident de voiture peu après le tournage du film et que Jacques Demy est décédé tout récemment. Il fallait l’évoquer, Varda le fait avec la manière, en s’intéressant davantage aux images qu’ils nous laissent d’eux. Et puis il y a encore d’autres instants fabuleux comme cette scène entièrement filmée, où Demy enfile un pull-over, dans un rythme qui n’appartient qu’à lui, dit Agnès Varda. S’intéresser à ces petits riens qui nourrissent la mémoire de chacun, s’intéresser aux détails de la vie. N’était-ce déjà pas le principe et sujet même des Demoiselles de Rochefort, toujours finement écrit et passionnant ? La proposition d’Agnès Varda fait un peu fouillis, mais c’est un fouillis qui me plait, j’aime chaque seconde de son film, même quand elle reprend certaines séquences du film de son mari. Il y a une sensation très intense, mais ce n’est pas une mauvaise émotion, c’est vraiment pour la mémoire, pour agrémenter le chef d’œuvre de Jacques Demy pas tant pour le compléter mais plutôt pour donner immédiatement envie de s’y replonger. Et c’est magnifique.
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Les demoiselles ont eu 25 ans – Agnès Varda – 1993
Publié 12 janvier 2011 dans Agnès Varda 0 CommentairesLaisser un commentaire
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