5.0 Avec plus d’inventivité, de radicalisme, moins d’effets de style inutiles et un travail d’écriture plus poussé ce film aurait été une merveille. L’espace d’un moment je retrouvais cet état si malaisant ressenti devant Le village des damnés de Carpenter. Les enfants c’est la grande idée des films de genre. Ce sont les symboles de l’innocence alors quand il est question d’en faire des êtres cruels, diaboliques, il y a quelque chose de très gênant à l’écran, d’imperceptible. L’expérience peut très vite être traumatisante, c’est le cas d’un Eden lake par exemple, même si l’esquisse est moins poussée puisqu’il s’agit d’adolescents. C’est aussi le cas avec les débiles mais flippants films de la saga Chucky. Poupées tueuses que l’on associe directement au corps de l’enfant, immobiles quand on les regarde, psychopathes par derrière – On verra que le procédé est similaire ici. C’est donc le cas dans le film de John Carpenter, où une force surnaturelle vient occuper les petites têtes blondes d’un village. Un virus, une contamination, une intervention surnaturelle, c’est aussi ce qui se passe dans The children. Effet de surprise amoindri dès l’instant que l’on sait, et cela au bout de deux minutes, qu’il y a quelque chose d’étrange autour de ces enfants. C’est d’abord le plus petit qui est touché, par on ne sait quoi, une force autre, qui le fait tousser, vomir une sorte de glaire jaunâtre, perdre progressivement de son teint pour carrément très vite répéter des gestes très étranges. La contamination procèdera petit à petit. Ils seront tous touchés. Tous les enfants. Comme si le virus inconnu avait en premier lieu choisi de s’installer dans ces petits corps, justement peut-être parce qu’ils sont les plus sensibles. Que rien ne soit dit durant le film ne me dérange pas, au contraire cela permet de vivre le drame de l’intérieur, dans le mystère le plus total. Problème est que cette ambiance mystérieuse et glaçante ne fonctionne pas très bien. En cause, l’interprétation, d’une part. Autant les enfants, surtout lorsqu’ils fixent un truc, ne bougent plus, construisent leur machination diabolique, sont assez flippants. Autant les parents adoptent un jeu limité, probablement parce qu’ils ne sont pas très bien filmés. Montage saccadé, déluge de couleurs (sûrement pour contrer le blanc de la neige qui a recouvert le paysage) et vitesse des enchaînements sont nombre des lacunes du film. Donc, l’installation ne fonctionne pas. Je ne sais pas s’il s’agit d’une famille, s’il s’agit d’amis, si c’est la maison de l’un d’eux ou simplement une maison de campagne. Je n’arrive pas non plus à attribuer les enfants aux parents. Tout est trop rapide, comme s’il fallait bâcler pou s’intéresser en priorité au futur carnage, qui paradoxalement, se fait attendre. Malgré tout, voilà, dès que les premiers signes dangereux s’intensifient, le film ne quittera alors plus jamais cette dynamique. C’est dans un premier temps un repas complètement avorté où des yeux d’enfants n’ont jamais été aussi menaçants. Scène très réussie. C’est plus tard un piège tendu à un adulte, embroché dans un outil de jardin, qui précipite l’inquiétude et le carnage général. Enfin, qui aurait dû précipiter. C’est le second gros souci de The children. Comment les personnages adultes ne peuvent-ils pas voir que leurs enfants sont devenus des tueurs sanguinaires, ou tout du moins qu’ils sont habités par une pulsion démoniaque ? Je veux bien croire à un aveuglement, c’est vrai il s’agit d’enfants, comment peut-on craindre un enfant… Mais cet aveuglement est général, ça ne marche pas. Enfin si mais beaucoup trop tard. Et puis ce père de famille qui accuse sa femme avant de se prendre à sa belle-fille, là c’est un peu du foutage de gueule quand même. De toute façon l’acteur qui joue ce personnage est mauvais, complètement. Le film tente aussi par instants de dire des choses sur l’entente hypocrite entre les deux couples, c’est intéressant, mais finalement peu travaillé. De la même manière, tout ce qui se dit sur l’avortement, par-ci par-là, est d’un goût douteux, mais tout autant vite oublié. Je n’aime pas non plus les espèces de flashs récurrents dans les yeux des enfants, je trouve ça kitch au possible, et tentant d’installer un trouble qui n’a pas lieu d’être. Je préfère voir les enfants de l’extérieur, c’est bien plus angoissant, comme vers la fin, lorsque deux d’entre eux montent les escaliers, de façon étrange, habités, presque désarticulés. J’aime les plans redondants sur le poste de radio, qui probablement en raison de la neige, continue de chercher une station en vain. Et encore une fois, malgré des tonnes de défauts, la tension du film est tout de même très soutenue, alors je suis sans doute trop indulgent, mais dès l’instant qu’il y a un effet sur la durée, aussi léger soit-il (une fois terminé, il est vite oublié) je suis comblé. Pas un must du genre mais à voir, pour la férocité avec laquelle les crimes, d’un côté comme de l’autre, sont commis, et pour ces regards si déstabilisants des gosses, sauf si vous en avez chez vous, auquel cas vous ne les verrez plus pareil… Encore un film de genre correct qui nous vient d’Angleterre.
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