Buvons un coup !
6.0 Toute la magie des films de Hong Sangsoo vient de leur trivialité. Ce sont des films qui n’ont l’air de rien et qui racontent tout. Des instants pris à la volée. Fluctuations des relations entre amis, en couple. Croisements impromptus. Digressions autour de la destinée de chacun. Moments d’intimité. Petits mensonges. Un brin d’absurdité, beaucoup de candeur. Et un soin apporté à la durée de la séquence. Le cinéma de Hong Sangsoo s’épure de plus en plus, les lieux reviennent fréquemment, le plan est généralement fixe, à peine latéral parfois, à peine zoomé, toujours en train de saisir la singularité de chaque situation. Tout est minutieusement cadré mais rien de cette minutie ne transparaît. Uniquement sa simplicité. Cette fois ci, le film n’est que l’évocation des souvenirs partagés de deux amis autour d’un verre. On boit toujours autant chez le cinéaste coréen, mais c’est la première fois que l’alcool est plus hors qu’en-champ. Chaque mini-histoire racontée – chacun leur tour – qui nous est proposé sans voix off, simplement comme la version intégrale du souvenir en question, est ponctuée de petits commentaires discrets et d’un récurrent ‘A la tienne’,’tchin’,’buvons !’. Et pourquoi pas quelque fois un certain Ha ha ha. Ce petit gadget cheap (noir et blanc, image immobile, voix off) n’est pas désagréable en soit mais n’a pas vraiment raison d’être. On aurait tout aussi bien pu les accompagner au départ et à l’arrivée que c’eut été aussi bien. Au lieu de cela, chaque séquence, même si c’est je pense voulu, répond à la précédente comme les cases d’une Bd et cette répétition lourde rend le film un peu long. Après c’est du Hong Sangsoo. Six personnages. Deux hommes, deux mémoires. Au centre de la même histoire tout en l’ignorant. Croisant les mêmes personnes, tout en l’ignorant. Un cinéaste et un critique de cinéma. La bonne humeur est à l’honneur. Les deux amis décident de se raconter uniquement les bons souvenirs. Même les plus difficiles, mais rétrospectivement bons, qui les ont fait grandir. C’est un film délicieux et une merveille de simplicité de mise en scène. Le délice d’un film friandise, qui se déguste allègrement à l’arrivée du printemps. Et un plaisir de balade géographique dans un petit patelin portuaire que l’on commence à connaître une fois que le film se termine. Je ne suis pas convaincu entièrement, surtout en ce qui concerne le ludisme du film, mais j’aime qu’il se pose là, en témoin de ce qu’il raconte comme d’une époque révolue, cela le rend très aérien, très mélancolique.
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