4.0 Culottée Marina Déak ! Elle est ici réalisatrice et actrice de son film. Et pour ainsi dire présente dans chaque plan. Cela rappelle le malin film de Valérie Donzelli sorti l’an dernier. Mais Poursuite n’a absolument rien à voir avec La reine des pommes. Les deux films ne visent pas les mêmes tableaux. Ils sont tous les deux fait avec rien mais à la drôlerie de l’un répond l’aridité de l’autre. J’étais passé tout près de ne pas aimer du tout le film de Donzelli et puis il m’avait emporté, me surprenait sans cesse. C’est un peu le contraire qui se passe ici. J’aime énormément le principe, à savoir filmer une jeune femme, la filmer en train de rien faire, ou plutôt si, de la filmer dans sa banalité, sans que rien ne surgisse physiquement, à aucun moment du film. Aucune progression dramatique. Mais je ne suis touché par absolument rien. Une pierre. Tout est lourd, cloîtré, approximatif, ennuyant. Tout se passe dans la tête d’Audrey, la trentaine, un enfant (le propre fils de Marina Déak). Elle a quitté son mari, vit une aventure plus ou moins sérieuse avec un jeune homme qui n’habite pas chez elle. Elle vit dans un studio de Paris. Elle laisse la majorité du temps son fils à sa mère, qui a plus de temps à lui consacrer. Marina Déak filme constamment très serré, saisissant chaque grimace, regard de son personnage, d’elle donc. Elle nous prive de respirer, veut nous faire comprendre son personnage. C’est déjà une mauvaise chose. Par moment les plans durent mais ils sont pleins, trop occupés, désagréables. Finalement, on se rend compte que Audrey ne veut rien, ou ne sait pas ce qu’elle veut, ou plutôt que ce qu’elle veut ce n’est pas ce que les autres veulent d’elle. Que son petit ami se prenne la tête sur le choix d’un appartement la débecte. Qu’une vieille ami lui raconte sa vie de couple, avec son enfant, ses réussites professionnelles l’horripile. Voir sa mère au petits soins avec son propre fiston la dégoûte. Audrey ne veut plus être soumise à quoi que ce soit, elle veut vivre, s’occuper d’elle. Son leitmotiv c’est de se demander si son fils serait plus heureux avec ou sans elle, si elle est en mesure de lui offrir une sorte de bonheur. Il y a quelques bonnes idées dans ce film. Les moments de voix-off disséminées ci et là, jamais explicative, presque en distinction totale avec le récit. L’absence totale de musique externe. De mettre en scène une femme que tout rebute et va à l’encontre de tous ces personnages féminins cinématographiques habituellement protecteurs et responsables. J’aime aussi comment Marina Déak s’est décentrée de son personnage quelquefois, à trop peu d’instants à mon goût cependant – reléguant les autres aux statuts de pas mieux qu’elle – de son personnage pour s’attarder sur ceux qu’elle croise, à savoir son ex-mari (avec sa collègue de bureau) et son nouveau petit ami (avec la fille à la botte) démontrant qu’il n’y a pas que ce petit bout de femme qui galère, rêve d’autre chose mais bien tous ceux qui l’entourent, à l’image de cette première et dernière scène, quasi identique dans le métro, où l’on filme à la fois le visage de la jeune femme et ceux qu’elle ne connaît pas autour d’elle, comme un défilé d’âmes errantes, qui n’ont en commun que de se croiser. Il est possible que Marina Déak ait de grande chose à raconter, mais je ne suis pas certain – ni convaincu – pour l’instant que ce soit par le cinéma. En l’état, je me suis senti trop facilement malmené, étouffé, pour que ça me touche un minimum. C’est un peu le film qui aurait pu (car sur le papier totalement pour moi) mais en fait non.
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