Scream 4 – Wes Craven – 2011

Scream 4 - Wes Craven - 2011 dans Wes Craven scream4_03

     6.0   Le film dans le film dans le film. Il en fallait une d’entrée en matière à hauteur de l’événement, quinze ans après le premier Scream. Wes Craven surprend puisqu’il n’y a rien de vraiment moderne dans cette première séquence – au sens dans l’air du temps – où il se contente à la fois de réutiliser tout en déformant une nouvelle fois les codes habituels. Avant de voir le fameux Scream en guise de titre, toujours précédé d’un coup de couteau d’achèvement, Wes Craven nous offre cette fois-ci un double Stab. Une première scène entre filles qui se font trucider avant qu’un titre nous apprenne qu’il s’agit de Stab 6, que deux autres nanas sont en train de regarder avant que l’une d’elles tue l’autre, suivi du titre Stab 7, que deux filles sont en train de regarder tout en critiquant le procédé, trouvent ça ringard et répétitifs. Quant à nous, on a déjà commencé à prendre notre pied ! Le seul reproche que je pourrais faire à ces deux séquences c’est leur brièveté. J’aurais adoré que Craven les travaille davantage, tout en jouant sur les clichés bien entendu, mais qu’elles s’étirent pour que l’impact du faux (film dans le film par deux fois) soit bien plus fort et jubilatoire.

     Le souci de ce nouveau volet repose moins sur sa volonté de proposer de nouvelles règles que sur sa représentation de l’air du temps. Les meurtres auxquels nous assisterons n’auront rien de neuf, ni l’inventivité ni la cruauté jamais retrouvées du premier volet. Autant cela pouvait être assez gênant dans les deux précédents, même si l’on se délectait aisément du plaisir de mise en abyme, autant on y trouve ici une telle légitimité que cela en devient paradoxalement assez génial. Chaque épisode de Scream tient une idée, qui ne sert pas comme toile de fond contrairement à ce qu’il arrive de lire, mais comme justification première. Après la création d’un scénario diabolique dans le film du premier, le film relatant les faits du premier dans le film du second, le film relatant les faits du troisième avant le même film dans le troisième, voici Scream 4 en tant que remake du premier film. Les têtes qui tombent semblent être semblables à celles de Scream, la manière elle aussi et surtout cette suite contient un nouveau personnage important, à savoir la petite cousine de Sidney – en gros, son prolongement « Tu me rappelles moi lui dira la grande, quand elle verra Trevor sortir par la fenêtre comme Billy avait l’habitude de le faire – dont on sait très vite qu’elle se retrouve au devant de la piste, autant que l’était fut un temps sa cousine.

     Les personnages sont systématiquement en train d’évoquer les nouvelles règles, conformes aux tempéraments actuels, la place de l’image, du média, du net, de l’information, de la peur pourtant Scream 4 ne serait qu’une version moderne de Scream, ou plutôt le carnage de Woodsboro qui s’apprête à prendre place ne serait que la nouvelle version de celui d’il y a quinze ans. Le gadget comme accompagnement n’existe plus, tout n’est que gadget. A l’image de l’instrument vocal habituel remplacé ici par l’application Smart Phone. Ou à l’image de ce nouveau personnage, calqué sur celui de Randy, à savoir le geek déjanté qui ne vit que par les films d’horreur. Randy travaillait dans un vidéo-club et triturait ses vhs en les matant en boucle pendant que Lui tient un ciné-club et vit en permanence avec une caméra autour de la tête reliée à un blog qui rediffuse chacune de ses interviews en direct sur son blog. C’est aussi la nouveauté de ce volet : filmer les meurtres. Filmer l’œuvre. C’est très vite ce que semble vouloir faire ce nouveau meurtrier. Filmer pour ne pas être oublié. Pour que l’on se souvienne. C’est aussi dans l’air du temps, entre les Rec et les Cloverfield : tout filmer. Pour que les gens sachent. Et en prime la volonté de se mettre au devant de la scène, l’attirance de la notoriété, la gloire, entre mégalomanie et jalousie, c’était aussi le sujet de Black Swan.

     J’aime beaucoup moins Scream 4 dès qu’il a tendance à exagérer son statut de suite parodique. Les deux précédents opus allaient aussi par moments dans ce sens, mais ici on n’est pas loin de l’humour d’Aja avec son Piranhas. Que cela reste subtil comme de voir que le nom d’un flic est Antony Perkins, qu’on y abuse gentiment des références ou qu’il y ait une masse de sursauts impossibles d’accord, pourquoi pas, mais les fuck Bruce Willis ou autre I’m gay c’est juste pas possible ! Evidemment que la situation a changé depuis l’époque, désormais les personnages ont conscience qu’ils sont sur une grande scène de crime, certains même en sont attirés. Mais il manque un étirement de la scène, une cruauté, la force que dégageait ce masque qui a disparu, dont les apparitions font désormais bien plus Scary movie que Scream. Le gros point fort en revanche c’est qu’ils sont partis si loin dans leur délire maintenant qu’ils ne sont sans doute pas près de s’arrêter. Bref, on en redemande!

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