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Archives pour 20 juillet, 2011

Chloe – Atom Egoyan – 2010

Chloe - Atom Egoyan - 2010 dans Atom Egoyan 602508147

We were never young.    

   7.0   Etant donné que je n’avais pas trop accroché à Adoration, le précédent film d’Atom Egoyan, je n’attendais rien de celui-là. Alors qu’il a tout de même fait précédemment deux films que j’aime beaucoup que sont De beaux lendemains et Une vérité nue. Chloe, avec Liam Neeson, tellement étiqueté productions Besson dorénavant, et film doté d’un pitch convenu, à savoir l’histoire d’une femme qui engage une prostituée pour piéger son mari qu’elle soupçonne d’adultère. Rien de bien excitant à première vue.

     Mais Egoyan a le chic pour transcender du convenu. Dans un premier temps j’ai eu l’impression de me replonger dans un de ces thriller américains qui se faisaient en nombre dans les années 90, comme La main sur le berceau, Fenêtre sur pacifique, pour ne citer que ceux que j’apprécie. Ces films qui s’appuient sur l’intrusion d’un élément étranger dangereux dans le cercle familial à moitié en crise, ou absolument sans histoire. Avec une sorte de mystère inquiétant façon JF partagerait appartement ou Fautes de preuve, déjà avec Neeson le dernier. Et du même coup je vois tout venir. Je savais au bout de vingt minutes quelle allait être la fin du film. Car je n’ai jamais cru un seul instant à la véracité des entrevues entre Chloe et cet homme, dont elle raconte le déroulement à cette femme, de plus en plus meurtrie, anéantie par la découverte quotidienne de la deuxième vie de son homme qu’elle n’avait jamais imaginée.

     En fait, je me suis rendu compte que je me fichais assez de ce qu’il advenait et adviendrait par l’intermédiaire de cette jeune fille qui disparaîtra d’ailleurs comme elle est apparue, comme si elle n’avait jamais existé ou uniquement pour matérialiser le doute au sein du couple, les inquiétudes face au passé sans douleur qui s’éloigne puis face à cet après qui fait peur. Je trouve que c’est un film d’une grande tristesse. Pas misanthrope, au contraire, le couple étant montré comme vulnérables simplement par les doutes quant à de possibles actes, car ceux-ci restent imaginaires. D’ailleurs c’est l’homme qui est systématiquement accusé ici, alors que c’est la femme qui tombera sous le charme de la demoiselle, dans un profond désespoir lié à cette sensation oubliée d’être regardé et d’exciter comme avant. C’est un film à deux niveaux. C’est donc un film sur les rides, celles qui apparaissent lorsque l’on se confronte quotidiennement au miroir et celles qui inéluctablement agrémentent la vie conjugale, comme destructrices de la fantaisie juvénile et cela même si l’on s’aime toujours énormément. C’est là toute l’intelligence du réalisateur de montrer un couple qui, hormis les doutes encrés dans la tête de cette femme et les quelques accès de drague de son compagnon qu’il utilise uniquement pour jouer, semble irréprochable dans l’échange et ce qu’ils s’offrent l’un et l’autre. Ça devient une prise de conscience. Celle d’une femme qui craint de ne plus attirer son homme sexuellement, crainte alimentée qui plus est par le soupçon que son homme, lui, s’entiche de jeunes femmes.

     Et le deuxième niveau que je trouve tout aussi intéressant il concerne le rôle offert à Amanda Seyfried, dit Chloe. Femme fatale ou vengeresse ? Avec notre bagage cinéphilique on peut imaginer aussi bien l’un que l’autre. Cela pourrait tout aussi bien correspondre à une douleur passée liée par exemple au métier de gynécologue exercé par  la femme, comme il était déclencheur du mystère qui s’apparentait à la venue de Rebecca de Mornay au sein du couple dans le film de Curtis Hanson, cité plus haut. Cela pourrait tout aussi bien être l’histoire d’une jeune femme prête à tout pour détruire le couple afin de prendre la place de la femme dans le foyer. L’idée que Chloe ne poursuive ses mensonges n’a d’aboutissement que l’espoir d’être aimer de cette femme, dont elle est tombée follement amoureuse. Alors oui, elle est prête à tout plutôt qu’à la perdre. La séquence où elle lui fait l’amour par procuration, en faisant l’amour au jeune fils, parce que dit-elle, il y a un peu d’elle en lui, est d’une tristesse démesurée je trouve. Et le film a cette faculté de porter, comme symboliquement, toute son idée, ses plans, ses dialogues sur le sexe ou plutôt la sensualité. Ça parle de la mort, la palpable à la fin, mais surtout celle qui vient, qui approche, que l’on ne peut repousser, et c’est paradoxalement un film hyper sensuel. Et ce paradoxe culmine dans une scène où Julianne Moore écoute les propos de Chloe, qu’elle ne supporte plus d’entendre en même temps qu’ils la font jouir. Autant je m’attendais à tous les ressorts scénaristiques basiques du récits dans sa construction, autant je ne m’attendais pas à ce qu’il soit aussi terrible, puissant et osé dans sa représentation du couple et du rapport à la jouissance.


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