5.5 Le problème du film c’est qu’il s’inscrit dans la veine du polar aux cahiers des charges par oppositions bien définies. Deux flics mènent une enquête sur un serial killer qui décapite les jeunes femmes blondes. L’un est jeune et fougueux, il ne laisse rien passer et semble habité par ce quotidien de la recherche dans lequel il s’investit corps et âmes, même pas au détriment de sa relation amoureuse, quasi intouchable alors qu’un enfant est en route. L’autre est bien entendu moins jeune, sans doute proche de la retraite, moins efficace, plus en dilettante, c’est surtout un homme meurtri – entièrement seul depuis que sa femme l’a quitté – qui noie chacune de ses soirées dans l’alcool, inexorablement. Tout est bien dessiné. La nomenclature du duo attendu. Et c’est dommage car ce qu’il y a de réussi dans Scènes de crime ce sont justement ces scènes de crimes, enfin ce qui en découle, la recherche, la précision quasi documentaire offerte par la mise en scène. Très peu d’effets de style et un climat automnal inquiétant. Quelques scènes fortes : La marche dans un sous-bois ou sur un chantier pour aller découvrir des corps enterrés ou noyés ; Une autopsie longue et crue qui provoque un certain malaise ; Une scène au luminol, procédé qui permet de voir les traces de sang dans le noir complet. J’aime la démarche, le temps que prend le cinéaste pour filmer ces séquences qui n’apportent finalement pas grand chose à son histoire, sinon de saisir à la fois les sensations de ses deux personnages centraux et la puissance éprouvante des découvertes. Reste à savoir vers quoi le cinéaste basculera. Naturalisme documenté et poésie de la solitude ou grandiloquence binaire à l’Américaine ? En gros, plutôt Beauvois, tendance Le petit lieutenant ou Marchal, tendance Mr73 ? Je n’ai pas vu ses deux derniers films (Truands et Switch) mais au vu d’Agents secrets, la merde avec Cassel et Bellucci, je crains qu’il ait malheureusement penché du mauvais côté… Par ailleurs, Scènes de crime ne fonctionne pas bien dès qu’il perd son personnage, celui joué par André Dussolier. C’est une très belle scène au passage et ça l’inscrit tout à fait dans le schéma proposé par le film, assez radical. Problème est qu’ensuite il n’y a plus grand chose. On ne piétine plus, chaque séquence succède à une autre et se doit d’être utile. La résolution de l’enquête n’est pas loin du ridicule (la scène plus tôt avec le voyant ne marche pas, on s’attend à voir cette fameuse plaque 17 sur un mur jaune) et l’on sent que Schoendoerffer veut finir son film à tout prix. Néanmoins je retiens quelques scènes et une ambiance qui me plaisent beaucoup dans ce premier film.
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