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Tout ce que le ciel permet (All that heaven allows) – Douglas Sirk – 1956

Tout ce que le ciel permet (All that heaven allows) - Douglas Sirk - 1956 dans * 730 AllThatHeavenAllowsstillRencontre d’automne.   

   9.0   Selon Sirk, le déclencheur des maux dans la haute société c’est l’obsession du paraître. Se fondre dans la masse, faire illusion et accepter pitié et compassion. Le respect des conventions, plutôt des coutumes comme s’il y avait un cahier des charges à suivre, que l’entraver était punissable. L’idée première de All that Heaven Allows est-celle-ci. Dans un quartier résidentiel bourgeois de la Nouvelle-Angleterre, Alice, récemment veuve et mère de deux enfants à l’université, rencontre Ron, fils du jardinier (du quartier) Kirby, décédé il y a peu, reprenant provisoirement les affaires (les jardins puisque le récit se situe en pleine saison automnale) laissées par son père. L’idée du double deuil n’accentue pas uniquement le mélodrame, elle permet de légitimer cette rencontre, de la rendre lumineuse en l’utilisant comme rempart à une morosité mutuelle. Enfants et amis d’Alice tentent de lui redonner le sourire en la poussant dans de nombreuses soirées (durant lesquelles elle doit essuyer paroles compassionnelles à n’en plus finir et sympathies plutôt maladroites) puis dans les bras du vieux Harvey. On pousse vers l’acceptation du deuil mais sous certaines conditions préalables, qui ne vont bien entendu pas avec la relation qu’elle entretient bientôt avec Ron, bien plus jeune qu’elle qui plus est. Le film de Sirk est une tendre bataille, entre un homme et une femme que tout oppose dans un premier temps, deux éducations bien différentes, deux point de vue et manières de vivre discordantes. Il voudrait l’amener chez lui dans un vieux moulin en pleine campagne, la demander en mariage, vivre parmi la chasse, la neige, les biches et une vieille cheminée. Elle ressent comme l’obligation de rester en ville, de poursuivre le deuil de son mari, de s’occuper de ses enfants. Elle croule sous le poids des traditions que son fils ne s’empêche pas de lui rappeler constamment, lui qui ne comprend absolument pas qu’elle puisse tomber amoureuse d’un jeune tas de muscle, dit-il, et que forcément ça lui passera. Mais il n’y a ni besoin de vendre la maison de famille, ni besoin de remiser la vieille coupe de papa. Chez Sirk la bataille reste tendre. Mais elle est là, elle existe, c’est le même style de bataille contre l’apparence, la convention, le préjugé que l’on verra plus tard dans Mirage de la vie. La dynamique du film et cette musique quasi permanente crée une sorte de tension qui ne décroît pas une seule seconde et ce jusqu’à la dernière scène. C’est presque s’il ne faut pas par instant retenir son souffle tellement l’enchaînement est puissant. Je pense évidemment à la scène de la télévision, cet instant si important qui précède le retour d’Alice. Ce moment où elle se rend compte du gâchis. Avec cette télé qu’elle a toujours refusée (elle disait que cela servait aux gens esseulés) offerte par ses enfants peu avant qu’il ne s’éloigne pour toujours, lui à l’étranger, elle dans son mariage. C’est magnifique, une fois de plus.

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