Je veux du silence.
5.0 Bresson disait « Sois sûr d’avoir épuisé tout ce qui se communique par l’immobilité et le silence ». Alexandra n’est jamais immobile, il est en mouvement en permanence et il ne résonne non pas comme l’errance d’une vieille femme dans le camp de guerre de son petit-fils mais comme la mise en scène de cette errance. C’est une mise en scène visible. Un parcours prédéterminé, c’est l’impression qu’il m’a laissé. De plus il est agrémenté d’un déluge de mots, parfois inutiles voire faux, souvent maladroits et généralement sous une voix off assez mal post-synchronisée. L’idée du film de mémoire m’intéresse d’autant qu’il est probablement autobiographique, donc ce décalage image/parole aussi, mais il ne ressort rien de judicieux de ce qui apparaît comme une contrainte, pire une impression de bâclé plutôt qu’un parti pris. Je repense à Hamaca Paraguaya, sorti un an avant le film de Sokurov, cette parole était là-aussi très présente, très souvent désynchronisée de l’image, mais qui à l’instar de chez Godard tentait de créer comme une double source d’information. J’aime cette sensation de choix, cette distance étrange qui pousse à revoir chacun de ces films et y découvrir chaque fois de nouvelles émotions. Je ne vois aucun intérêt à l’existence de cette distance dans Alexandra. Rien n’est immobile, rien n’est silence. Alors que tout s’y prête. Une fois de plus donc, après la déception relative qu’était Le soleil, je reste piteusement sur la touche face au récent cinéma de Sokurov. Puisque j’y pense maintenant, Alexandra m’est apparu en écho à Je veux voir (titre qui conviendrait tout aussi bien au film de Sokurov) le film de Joanna Hadjithomas et Khalil Joreige, sorti lui un an plus tard. Et je me suis rappelé combien c’était un film magnifique et combien cette alchimie de l’errance et des mots en faisait un film bouleversant.
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