Gâchis.
1.0 On ne peut imaginer pire adaptation de bande dessinée. Pourtant, sur le principe, il y a une envie de casser la dimension formelle du matériau original qui attire l’œil – même si je restais plus que sceptique. Persépolis marchait plutôt bien car le duo Satrapi/Paronnaud arrivait à trouver une vitalité qui, bien qu’elle soit calibrée vignettes de bande dessinée, trouvait une juxtaposition cinématographique intéressante dans l’énergie déployée. Et cela en respectant la forme de base. Ça n’apportait rien mais ce n’était pas honteux. Persépolis révèle dorénavant, par l’intermédiaire de cette nouvelle adaptation, la frustration désarmante des auteurs quant aux limites de l’entreprise. Satrapi/Paronnaud ont pensé à leur public. Et ont donc ressenti le besoin irrémédiablement commercial de faire un grand projet baroque et cette fois ci coloré, en prise de vues réelles. L’ambition formelle est telle qu’il faut tout mettre dans ce film, jusqu’à saturation. On dirait Le petit Nicolas meet Amélie Poulain. Au climat gentiment léché et moutardée répond une attirance vers l’ambiance funèbre Burtonien avant d’effectuer un allant vers l’animation miniature qui répond à une vulgaire parodie de sitcom ou à des inserts cartoonesques. Sans compter ce défilé de trognes insupportables plein cadre qu’il faut se farcir comme dans un Jeunet. Tout est tellement surligné que ce qui faisait le charme romanesque, drôle et tragique de la Bd, qui arrivait à trouver un état de sobriété assez beau, n’est ici qu’une grosse boursouflure dégoulinante de politiquement correct et de cinématographiquement désagréable, à l’image de cette dichotomie récurrente de la femme sublime et ange inaccessible face à l’épouse monstrueuse et castratrice, bien plus marqué ici que dans la Bd. A mon sens, la seule réussite de Satrapi, encore que je n’ai pas besoin du film pour la voir, est de s’intéresser à une collision entre la petite histoire (cet homme au târ (devenu violon dans le film) et au cœur brisé) et la grande (Bouleversements politiques dans l’Iran de 1950). Si encore son film avait l’inventivité et la franchise de ses ouvrages, le film aurait pu fonctionner un peu, à la manière du précédent. Mais franchement, nous proposer d’entrer dans un film comme celui-ci avec ce défilé de stars en cabotinage permanent (Les apparitions d’un Jamel Debbouze en délires post mission Cléopâtre sont les moments les plus ridicules que j’aurais vu cette année au cinéma, quant à Edouard Bear en Azraël j’ai juste envie de dire WTF!) – alors que les personnages de cette histoire et cet homme au bord du précipice trouvaient une grâce jamais tape à l’oeil dans la Bd – c’est impardonnable.
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