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Archives pour 14 décembre, 2011

L’art d’aimer – Emmanuel Mouret – 2011

l-art-d-aimer-l-art-d-aimer-the-art-of-love-23-11-2011-8-gLa traversée de Paris.

   7.0   Six petites histoires (en rapport avec la séduction) pas vraiment liées, c’est la première fois que Emmanuel Mouret, qui se contente habituellement d’un marivaudage central tout en l’extrapolant ensuite, se concentre sur plusieurs récits, plusieurs personnages. A éviter, il y a aussi bien le piège du film choral que l’affiche Klapischienne et le rassemblement de stars laissaient craindre, ou bien celui plus mécanique du film à sketches. Ce n’était pas gagné. Pourtant, L’art d’aimer parvient miraculeusement à trouver non pas un juste milieu mais quelque chose de singulier, qui se rapprocherait davantage, s’il fallait lui effectuer un comparatif (l’unique moment où je le ferais puisque le film s’en détache amplement) des réussites de la série des Comédies et Proverbes de Eric Rohmer.

     Ainsi, avant chaque morceau d’histoire qu’il raconte, Mouret insère une petite phrase ou expression qui représente ce qu’il va raconter. Le procédé pourrait paraître désuet et rébarbatif mais il fonctionne sur deux points : sa façon de les partager (ces histoires peuvent être brèves ou plus longues, se dérouler dans le récit sur quelques minutes ou sur une semaine voire davantage) et d’y revenir, puisqu’il évite l’assemblage d’histoires contées l’une après l’autre. En cela il se rapproche du film choral mais sa seule manie sera d’y faire croiser ses personnages sans pour autant qu’ils interagissent ensemble, simplement dans le but de montrer Paris comme un village. Un peu à l’image de la traversée de cet homme, à qui sa femme vient d’avouer des pulsions nouvelles envers d’autres hommes, longue marche nocturne, racontée en voix off, à travers des lieux de la capitale. Les personnages se touchent sans se toucher. Certains profitent d’une rencontre, d’autres pas. C’est aussi la limite du film qui contrairement à Un baiser s’il vous plait, ne se concentre sans doute pas suffisamment sur un récit pour en faire éclater un miracle.

     Néanmoins l’utopie Mouretienne fonctionne. Car le cinéma de Mouret est utopique. Tout est filmé avec énormément de tendresse, de compassion et c’est la parole qui prime. Le parfait exemple de son cinéma se retrouve dans la rencontre entre les personnages joués par Frédérique Bel et François Cluzet, tous deux merveilleux. Lorsque ce dernier l’embrasse et qu’elle le repousse, elle ne fuit pas, cherche à comprendre le geste, réfléchir sur l’événement. Il y a quelque chose d’à la fois loufoque sans tomber dans le trop, ce qui à pour effet de créer une situation réelle, faire que l’on y croit. Le cinéma de Mouret me donne cette impression là : qu’il est impossible de connaître ces personnages en vrai pourtant miraculeusement je crois à tout ce que je vois. J’aimerais vivre dans les films de Emmanuel Mouret. Cinéma fait de questionnements sur l’amour, la séduction, la pulsion, le rapport à la sexualité, toujours en marge d’un discours moral. C’est revigorant et pourtant ça pose des questions essentiels.

     Autre chose m’a frappé ici c’est la maturité dans la mise en scène, qui n’avait encore jamais chez Mouret été aussi inventive, dans la découpe du plan, les motifs. Et surtout dans le mouvement des personnages (véritable chorégraphie) et cette faculté à mettre en scène le dialogue. Offrir par ce dialogue une telle sensualité et par ces corps une grande légèreté. Il y a deux égéries dans le film qui représentent assez bien le cinéma de Mouret. Une que l’on croisait déjà auparavant, cette fille un peu folle, dans une contradiction permanente, qui se réfugie dans les mots pour comprendre ses états, muse sublime, ange de la parole campée par Frédérique Bel. Et une petite nouvelle, qui transporte sa grâce dans son mouvement, son regard, ses silences, dont l’expérience doit se vivre avant tout physiquement, voluptueuse créature incarnée par Elodie Navarre.

     L’art d’aimer c’est le genre de film qui me fait sortir avec un grand sourire, il me donne envie de chantonner, oui le cinéma de Mouret est une douce musique. Et loin d’être anecdotique en fin de compte puisqu’il s’interroge énormément sur l’enjeu de la séduction, de ces sentiments inénarrables, il ne donne pas forcément de réponse mais offre des pistes. Et puis la beauté c’est sa singularité, ces personnages nous ne les croiseront jamais ailleurs. Ils sont factices, comme je le disais plus tôt, mais ils font vrai. C’est un cinéma d’une grâce folle, drôle et ludique, qui m’enchante.


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silencio


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