New York, New York.
9.0 Ceci est le premier film de Jim Jarmusch. Il le réalise avec l’argent qui devait payer ses études. C’est le récit d’une déambulation urbaine. Aloysius Parker, désenchanté, vit ses dernières heures sur le sol américain. Ensuite il partira sur le vieux continent. Il passe un peu de temps avec ce qui semble être sa petite amie, junkie complètement passive puis il rend visite à sa mère en asile. Avant de partir, quelques rencontres imprévues jalonnent encore son chemin dont un John Lurie tellurique qui effectue un solo de saxo ou encore un garçon qui lui raconte une drôle d’histoire. Le dernier plan est le même que le dernier de News From Home de Chantal Akerman, mais ils ne signifient pas la même chose. Chez Akerman il ravive le souvenir, chez Jarmusch c’est l’oubli, la page qui se tourne.
Le dialogue final sur le port est magnifique : le garçon en partance pour Paris croise un garçon sensiblement de son âge qui arrive de Paris, espérant que New York sera sa Babylone. Le premier lui demande s’il pense que Paris peut lui plaire. Le second lui répond que Paris sera sa Babylone. L’itinérant ne se pose pas la question de l’espoir dans le cinéma de Jarmusch, il sait qu’il doit changer de cap, que lorsqu’il n’est plus en symbiose avec un lieu il en change. Permanent vacation suit une multitude de rencontres. Le cinéma de Jarmusch n’aura de cesse de reproduire à l’infini ce procédé, à son paroxysme dans son dernier, The limits of control (son meilleur film à mes yeux avec Permanent vacation justement) puisqu’il s’agissait à un tueur à gages de rencontrer plusieurs personnes afin de le guider jusqu’à sa cible. Jarmusch c’est donc la rencontre. Sans elle, tout s’écroule. La rencontre avec une petite fille dans Ghost dog condamne le personnage autant qu’elle lui permet de s’en aller en toute sérénité. Dead man c’est un voyage dans les bois, semé de rencontres avant la mort. La rencontre ne permet pas au personnage de rester en vie, elle lui permet d’avoir conscience de sa mort. Réelle ou symbolique. Dans Permanent vacation c’est la mort du personnage à New York. Il laisse une partie de son âme dans les vagues, pas étonnant qu’après son départ Jarmusch ne le filme plus, le plan restera fixe sur les tours de Manhattan. La suite c’est un autre film. Idem pour The limits of control. Le contrat est réglé, mais y a t-il un après, un éternel recommencement, nous n’en savons rien. C’est un autre film.
Jarmusch filme l’Amérique moderne, celle que l’on ne voit pas dans les films d’Hollywood, l’Amérique délabrée, abandonnée, traumatisée par la guerre du Vietnam, une Amérique qui n’a pas suivi l’essor de l’autre, celle qu’on a l’habitude de voir. Une séquence dans des ruines est fabuleuse. Le garçon est en contact avec sa mémoire, sans doute veut-il s’imprégner d’images avant de laisser tout cela derrière lui. Il y rencontre un homme qui croit être sous les bombes, qui n’hésite pas à lui sauter dessus pour lui éviter la mort. Permanent vacation atteint une dimension à mon sens chef d’oeuvresque dans son utilisation sonore, une partition absolument démente, ce genre d’ambiance grinçante que l’on retrouvera quelques années plus tard dans un film comme Clean Shaven, qui proposait cette déstructuration sonore comme illustration de ce que le personnage avait à l’intérieur de sa tête. C’est la même chose ici. Pour ce personnage, la musique est devenue insupportable. Et cette musique elle doit changer. Tout Jarmusch était déjà dans ce premier film : l’histoire d’un état que l’on quitte pour en rejoindre un autre, ce déplacement qui sépare le passé du présent, cet au travers. C’est cet au travers là que filme Jarmusch. Qu’il a toujours filmé.
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