Chronicle – Josh Trank – 2012

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   6.5   D’un effet de mode qui pourrait définitivement tourner en rond, Chronicle y débusque de belles idées et si le film n’est pas entièrement satisfaisant, s’il tombe dans l’excès et la facilité il faut reconnaître qu’avant son basculement c’est aussi le film de super-héros – à l’insu des personnages – que je rêvais de voir.

     Le film se découpe en trois parties. Une première, plutôt brève, qui s’attache au mal aise adolescent, se concentrant essentiellement sur l’un d’entre eux qui pour contrer ce rejet social permanent se réfugie dans un rapport fusionnel avec sa caméra qui lui permet, décide t-il, de filmer sa vie, de tout filmer, de ne rien laisser au hasard. C’est sa protection, son bouclier contre tout le reste : une mère mourante, un père violent et des amis qui n’en sont pas vraiment. Le procédé est le même que celui de Blair Witch ou de Cloverfield dans un premier temps, à savoir que tout ce que l’on voit sur l’écran de cinéma, correspond à ce que filme le garçon, avant que la référence s’accouple avec un Redacted, dès l’instant que l’on comprend que toute reproduction à l’écran provient de sources filmiques, quelle qu’elles soient, entre deuxième caméra d’une blogeuse chevronnée, caméras de surveillance ou même dans le meilleur moment de la dernière partie du film, vidéos issues de toutes caméras témoin possibles.

     La suite du film, post découverte d’un trou vaginal (la métaphore n’est pas des plus fines) dans une forêt et rencontre avec une force surnaturelle, permet de faire un saut dans le genre. Il est d’ailleurs culotté, dans le montage, de faire suivre une scène incompréhensible avec cette espèce de créature des abysses qui semble aussi bien les faire saigner du nez que dérégler la caméra, par une séquence complètement détachée où les trois amis s’envoient une balle de base-ball dans la figure chacun leur tour façon Jackass. A cet instant-là, bizarrement, j’ai repensé à Cloverfield, à cette idée géniale que le film avait de glisser entre différentes séquences du présent correspondant à celui de l’action du film, des séquences d’avant, sans rapport, où deux amoureux semblaient filmer leur journée, vidéo effacée par la nouvelle, dont il restait quelques morcellements, parfois d’à peine une seconde, comme si la cassette n’avait pas été bien calée pour chaque réenregistrement. Je me suis dit devant cette scène de Chronicle : peut-être que ce que l’on voit se situe avant, sur la même cassette, puis je me suis rappelé que deux d’entre les personnages ne se connaissaient pas au début du film. C’est seulement quelques secondes plus tard que l’on comprend qu’ils testent leurs nouveaux pouvoirs de télékinésie.

     Outre le fait que le film tient là, dans la découverte progressive de ces pouvoirs (d’un assemblement de légos sans les mains au simple fait même de voler) ses meilleurs instants, dans une dynamique comique carrément jouissive (la partie de football américain dans les nuages, le déplacement d’une voiture sur un parking ainsi que tous ces moments où ils se découvrent sans encore maîtriser) qui suffit à reléguer Kick-ass et consorts au rang de film fade, l’intérêt secondaire réside dans l’autre idée conceptuelle du film, à savoir le faux docu filmé, quant à son devenir, lui aussi progressif. Plus le film avance, plus lui aussi, comme ses personnages, il acquiert des libertés. Le premier plan, entièrement issu de cette petite caméra, qui se filme elle-même dans le miroir d’une chambre, montre la naissance du procédé. Puis, il va très vite élargir son champ de vision, donc le nôtre, pour ensuite finir par se multiplier : tout d’abord, la petite caméra à cassettes est remplacée par une plus évoluée avec une carte mémoire intégrée, avant que le film ne semble découvrir qu’il possède la faculté, comme la force de The Thing, de prendre possession d’un autre objet filmique. L’apothéose se situant bien entendu dans cette deuxième partie, la plus belle idée du film à mon sens, où le jeune homme, en pleine possession de ses pouvoirs, découvre qu’il peut manipuler la caméra à distance tout en la faisant voler autour de lui. Le rêve d’un cinéaste. Imaginez un peu ! Plus de rails, plus de steadycams, plus besoin non plus de l’épaule. Le film en devient alors tellement libre formellement qu’il peut quasiment oublier cette contrainte dont il est affublé à savoir le procédé subjectif, sans que cela ne soit gênant.

     Dommage qu’il s’embourbe ensuite, voulant à tout prix que le récit vire à l’apocalyptique et utilise alors une narration plus classique, caricaturale et excessive. Néanmoins, ça ne gâche absolument pas ses qualités à mes yeux. Avant d’y aller, je me suis dit que j’allais voir un sous Blair Witch/sous Cloverfield. Je suis sorti en disant que j’avais vu Chronicle. Il n’a plus besoin de référents, c’en est devenu un.

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