Amours et turbulences.
6.0 La réussite du cinéma de Rémi Bezançon tient à peu de choses : L’alchimie entre ce qu’il souhaite raconter et le rythme utilisé ainsi que le choix d’une comédie sous forme de chronique évitant le gag facile. Il n’y a pas de temporalité au présent sur laquelle on pourrait se rattraper, toute situation appelle un souvenir, puis un autre avant de reprendre un pseudo présent sans qu’il n’y ait un véritable schéma à suivre. Ce n’est pas quelqu’un qui raconte une histoire avec un but précis – il semble y avoir un point B mais jamais de point A – mais un patchwork d’idées/souvenirs visant à recréer un personnage. Le film aime fonctionner selon des paradoxes ce qui lui permet de systématiquement être dans la surprise. Dans la première séquence, Vincent Elbaz est dans un avion qui est sur le point de se crasher et le pilote lui demande de prendre la place de son co-pilote. On pourrait se dire que c’est une idée de base, une idée comme une autre et que le personnage en question se doit de raconter ce qui l’a mené jusqu’ici. Pour cela, il doit remonter à la rencontre de sa vie, donc forcément à son ami de toujours, à son enfance, voyager dans sa mémoire comme si on lui posait la question sans qu’il ne s’y attende. C’est foutraque sans trop l’être tout simplement parce que c’est superbement écrit. Le film est trépidant, il ne se pose jamais, et j’aime sa manière d’avancer en étapes sans qu’elles ne soient ostensibles. Par exemple, la première apparition de Marion Cotillard, plutôt tardive par ailleurs, est un modèle de rencontre sous forme de coïncidence à l’Américaine. Ça marche très bien puisqu’on ne l’attend pas. C’est une pure comédie populaire dans le bon sens du terme. Tout est dans l’équilibre qu’offrent telles ou telles situations, parfois appuyées, parfois laissées de côté, c’est un film sans règles sur ce principe là, qui ne s’apitoie pas sur le sort de ses personnages mais ne les accable pas non plus. Et encore une fois c’est bourré d’idées qui ne sont jamais là pour faire joli, toujours pour faire avancer le récit. C’est un bien chouette premier film !